Construite en 1856, la synagogue rue Palaprat à Toulouse est la plus ancienne de la ville. Elle devrait ouvrir pour la première fois cette année durant les Journées du Patrimoine.
C’est un bijou d’architecture du XIXe siècle, où les colonnes soutiennent harmonieusement l’ensemble. La synagogue de la rue Palaprat se découvre avec patience. Cette année elle célèbre ses 160 ans, c’est dire si l’Histoire imprègne ses murs. Pierre Lasry, auteur d’un livre sur ce lieu de culte, sert de guide au visiteur. Ce matin-là, dès 7 heures, le premier office a lieu. «Les lundis et jeudis c’est 6 h45, rappelle un des fidèles, avec la lecture de la Torah, le livre d’enseignement divin transmis par Moïse par le biais de cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Livre des Nombres, le Lévitique et le Deutéronome». Bâtie sur deux étages, avec un espace en bas dédié aux hommes et un autre en hauteur pour les femmes, elle possède aussi des places réservées, prises d’assaut pour Yom Kippour. Au centre la Téba sert à l’office dit par le rabbin. Derrière, les rouleaux de parchemin de la Torah sont déroulés chaque samedi matin pour lecture durant le shabbat, jour de repos dans la religion juive qui démarre dès le vendredi soir. Des rouleaux écrits par un sofer, (scribe).
Pierre Lasry se souvient, «enfant je venais dans cette synagogue. Elle était alors gardée par Régine Lahana qui vivait d’ailleurs là. Durant soixante années, elle fut la gardienne de ce temple et nous accueillait toujours avec le sourire et des bonbons. Son fils, Raphaël, professeur de Talmud, décédé en 1997, officia dans cette synagogue. Baigné d’une douce lumière, ce lieu se souvient de ceux qui ont marqué l’Histoire. «Des plaques mémorielles sont apposées sur les murs, poursuit Pierre Lasry. On trouve ainsi une plaque en hommage au cardinal Saliège, archevêque de Toulouse et auteur de la célèbre lettre du 23 août 1942, à destination des curés du diocèse et lue alors dans toutes les églises, en réaction au sort réservé aux Juifs. Elle sauva de nombreuses vies».
Durant cette sombre époque, la synagogue resta ouverte. Elle était le siège du comité de bienfaisance. «Elle fut aussi un lieu de résistance. Suite à l’attentat de deux miliciens français, elle subit une prise d’otages de fidèles». Ce fut un prêtre, qui, après avoir pris conseil auprès du cardinal Saliège, évita un bain de sang. Aujourd’hui, dix synagogues existent à Toulouse, dont celle, majeure de la rue Riquet. Mais la synagogue de la rue Palaprat reste un lieu symbolique sur la ville. Elle commémore d’ailleurs tous les tristes événements comme celui, cette année, du 75e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv. Le 17 septembre, elle sera certainement ouverte pour la première fois, le dimanche pour les Journées du Patrimoine, «dans cette époque troublée, l’ignorance est la pire des menaces. Il est bon de se connaître. Ces journées en sont l’occasion».
Synagogue a u XIXe siècle
Il y a 160 ans, la synagogue de la rue Palaprat, fut construite par la ville de Toulouse après le décret Napoléon qui imposait de bâtir une synagogue dans les villes de plus de 2000 habitants. Les Juifs ayant été décrétés des citoyens comme les autres. «À l’époque, la ville déjà importante n’a pourtant pas ce chiffre en population. Mais on supposait qu’avec les différentes arrivées (Juifs d’Alsace, de Turquie, d’Égypte), il allait augmenter. En 1962, une partie des Juifs d’Afrique du nord arrive à Toulouse. Pierre Lasry a alors sept ans. Il fera sa bar mitzvah et son mariage rue Palaprat. «Aujourdhui, la communauté juive de Toulouse et de l’agglo est entre 15 000 et 20 000 dont 10 % sont pratiquants».
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