Il y a 75 ans, le 3 septembre, 718 Juifs habitant au cœur de Bruxelles ont été arrêtés par des policiers allemands. Un square portera par ailleurs le nom de Herschel Grynszpan qui tua un diplomate nazi qui lui refusait un visa pour l’Allemagne.
Il est 20 h 30, le 3 septembre 1942, lorsque les Allemands commencent à quadriller le quartier des Marolles, pour procéder à une rafle. En encerclant le quartier, les autorités nazies coupent toute possibilité de fuite, pendant que les autres effectifs sillonnent les rues, s’introduisant dans les immeubles et maisons afin d’y déloger les étrangers juifs, qui y résident. Une fois la fouille des habitations réalisée et les familles amenées au point de rassemblement, les soldats nazis inscrivent sur les portes des bâtiments le mot « Judenrein » : « sans juif ».
Gertrude Grunblatt, âgée de 15 mois à l’époque, ou encore Hélène et Isidoor Domb, de 2 et 5 ans, font partie des 718 personnes qui, cette nuit-là, sont capturées sans distinction d’âge ou de sexe, pour être amenées au camp de rassemblement de Malines, à partir duquel ils seront à nouveau déportés, cette fois, vers Auschwitz, où la plupart trouveront la mort.
C’est à ces personnes que l’Association pour la Mémoire de la Shoah rendra hommage, dimanche, lors du 75e anniversaire de la « Rafle des Marolles ». À cette occasion, de nombreux invités sont attendus, et notamment Joseph Nowak, témoin de la rafle alors qu’il n’avait que 7 ans. « Sa mère l’avait caché dans une armoire après avoir vu les nazis arriver dans la rue. Elle l’a ensuite renversée pour que ceux-ci ne trouvent pas Joseph lorsqu’ils fouilleront la maison. Ce sont finalement des pilleurs, venus le lendemain pour chercher les affaires abandonnées qui trouveront l’enfant encore pétrifié dans l’armoire. Il sera remis à un policier bruxellois qui l’amènera dans une institution religieuse catholique, le sauvant du sort qui lui était réservé par les nazis. » raconte Éric Picard, administrateur délégué de l’association.
À cette occasion, le square qui se situe devant l’Église de la Chapelle sera baptisé « square Grynszpan », en hommage à Herschel Grynszpan, juif allemand d’origine polonaise à l’origine du premier acte de résistance en territoire allemand contre un officiel nazi.
Plus aucune trace de Herschel n’a été retrouvée depuis 1945, mais son histoire débute en 1936, lorsqu’il vit, dans sa ville natale de Hanovre, les persécutions contre les Juifs et les premières lois antisémites. À cette époque, Herschel décide de se réfugier en Palestine. Il ne dépassera même pas Paris. Herschel arrivera d’abord à Bruxelles, dans le quartier des Marolles, et plus précisément rue des Tanneurs, où il vivra et travaillera dans une quincaillerie pendant plusieurs mois, cette même rue qui, quelques années plus tard, verra 43 de ses habitants capturés par les Allemands.
En 1937, Herschel part à Paris, et s’installe dans le 11e arrondissement. Un an plus tard, il reçoit une lettre de sa sœur, Berth, lui racontant les horreurs vécues par la communauté juive de Hanovre. La famille Grynszpan est, elle, déportée au camp de Sbaszyn, à la frontière germano-polonaise. Herschel prend alors la décision de les venger, et souhaite retourner en Allemagne. Pourtant, Ernst vom Rath lui refusera le visa, prétextant qu’il n’est pas allemand, et s’il n’est pas polonais, c’est qu’il est apatride. Une dispute s’ensuit et Herschel tire 5 coups de feu sur le conseiller à l’ambassade d’Allemagne. Cet événement se produit le 7 novembre 1938, le lendemain, vom Rath succombe de ses blessures et est immédiatement promu conseiller de première classe par Hitler, invoquant ce crime pour justifier les Nuits de Cristal des 10 et 11 novembre.
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