L’homme d’affaires franco-israélien Patrick Drahi se serait récemment positionné pour prendre le contrôle du groupe Yedioth Ahronoth, ce qui mettrait fin à l’une des plus anciennes dynasties des médias d’Israël.
Une prise de contrôle en deux temps
Drahi, qui contrôle la société multinationale de télécommunications basée aux Pays-Bas, Altice, achèterait d’abord les 34% d’actions du groupe Yedioth appartenant à Eliezer Fishman, l’homme d’affaire en faillite , ainsi que celles des petits actionnaires, y compris celles des membres de la famille Mozes.
Dans un second temps, Arnon Mozes, qui possède 24% des actions du groupe les vendrait. Aucune des parties concernées par cette transaction n’a accepté pour le moment de répondre aux questions de la presse.
L’acquisition par Drahi du groupe Yedioth marquerait un changement important dans le paysage médiatique d’Israël. La famille Mozes a contrôlé ce journal, le plus important d’Israël, depuis la fin des années 1930, peu de temps après sa fondation. Arnon (Noni) Mozes dirige le groupe depuis que son père a été tué dans un accident de voiture en 1985, et l’a utilisé pour exercer le pouvoir dans la politique et les affaires.
Bien que le groupe Yedioth reste le plus grand d’Israël, magazine papier et site internet multilangues, le journal a été soumis aux pressions de la baisse de la publicité imprimée et de la concurrence du quotidien Israel Hayom, appartenant à Sheldon Adelson.
Mozes a cherché sans succès un acheteur pendant un certain temps et pour ajouter à ses problèmes, il a été impliqué dans l’enquête de police « Case 2000 ». Les conversations enregistrées auraient montré qu’il cherchait à conclure un accord avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu : une couverture politique plus favorable à Netanyahou en contrepartie de l’adoption d’une loi qui défavoriserait Israël Hayom.
Les conversations ont également montré que Netanyahu a proposé différents repreneurs pour Yedioth, dont Larry Ellison, cofondateur de la société américaine de logiciels Oracle, et James Packer, descendant d’une dynastie des médias australiens et ami de Netanyahu.
Prix de la transaction
Mozes aurait mené des discussions au cours de l’année écoulée avec un investisseur étranger qui s’est finalement retiré mais avait évalué le groupe à 1 milliard de shekels. Les entretiens se sont soldés par un échec parce que l’acheteur considérait que cette évaluation était finalement excessive.
Drahi a depuis longtemps compris le lien stratégique entre l’infrastructure des télécommunications et le contenu des medias. En plus de la télévision par câble et d’autres propriétés qu’Altice possède en Europe, une offre est en cours pour le rachat du diffuseur par câble américain Charte Communications, et Altice contrôle également le quotidien français Libération et l’hebdomadaire L’Express.
En Israël, Altice possède Hot Telecom, qui a le monopole de la télévision par câble. À l’heure actuelle, cela crée un problème pour Drahi parce que la loi israélienne bloque les contrôles de supports multi-médias. La règle n’empêchera pas Drahi de réaliser la première étape de l’acquisition de Yedioth, mais à moins que la loi ne soit modifiée ou que Drahi trouve une façon créative de la contourner, il ne pourra pas s’assurer le contrôle du groupe.
Line Tubiana
Traduite et adapté de Haaretz
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