La police israélienne a interpellé lundi Beny Steinmetz, un milliardaire franco-israélien, et Tal Silberstein, un conseiller du chancelier autrichien, dans une enquête internationale sur des faits présumés de blanchiment d’argent.
Ils ont été conduits par des policiers à un tribunal de Rishon LeZion (centre) devant lequel se pressaient des journalistes.
Le tribunal a décidé d’accepter de prolonger leur garde à vue jusqu’à jeudi, a indiqué la police israélienne. Leur arrestation lundi matin a causé une onde de choc en Israël, mais aussi en Autriche, où la presse spéculait sur les conséquences politiques de l’affaire.
Quelques semaines avant les législatives anticipées d’octobre, le parti social-démocrate du chancelier Christian Kern a un “problème massif“, écrivait sur internet le quotidien populaire à grand tirage Kronen Zeitung.
Tal Silberstein était un rouage important de la campagne électorale. Le parti social-démocrate a immédiatement annoncé dans un communiqué qu’il cessait de coopérer avec lui “à la suite des accusations judiciaires apparues (lundi) en Israël“.
M. Steinmetz, 61 ans, cofondateur de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), groupe international de sociétés minières, est la 17e plus grosse fortune d’Israël, évaluée à plus d’un milliard de dollars, selon le classement du magazine Forbes.
La police israélienne a indiqué avoir interpellé cinq personnes au total lundi matin.
La compagnie israélienne de télécommunications Bezeq a informé la bourse de Tel-Aviv que son président par intérim, David Granot, avait été interpellé pour être interrogé mais a assuré que les investigations ne concernaient pas Bezeq.
Après la présentation de MM. Steinmetz et Silberstein au tribunal, la police israélienne n’a rien dit sur le sort des trois autres personnes interpellées.
La police a indiqué enquêter sur de fausses transactions, parmi lesquelles des opérations immobilières dans un pays étranger, et sur la fabrication et l’usage de faux documents pour transférer et blanchir de l’argent.
Les interpellations, accompagnées de perquisitions aux domiciles et dans les bureaux de suspects, s’inscrivent dans le cadre d’enquêtes internationales, a-t-elle dit.
M. Steinmetz est inculpé en Roumanie depuis mai 2016 pour “constitution d’un groupe criminel organisé, complicité de trafic d’influence et de blanchiment d’argent” dans une affaire de restitution frauduleuse de propriétés ayant coûté à l’Etat roumain 145 millions d’euros. Le parquet national roumain a ordonné son renvoi devant un tribunal.
Le nom de M. Steinmetz apparaît dans l’enquête sur une autre affaire de corruption et de blanchiment, menée en coopération avec les polices américaine, suisse et guinéenne. Il avait été entendu dans ce cadre en décembre 2016 puis assigné à résidence.
M. Steinmetz et d’autres Israéliens vivant à l’étranger sont soupçonnés d’être mêlés à une affaire portant sur “des pots de vin de plusieurs dizaines de millions de dollars donnés à des hauts fonctionnaires en Guinée en échange d’aide au développement de leurs affaires dans ce pays“, avait à l’époque indiqué la police israélienne.
Le groupe de M. Steinmetz, BSGR, avait qualifié les accusations de pots-de-vin de “dénuées de tout fondement” et avait accusé le gouvernement guinéen de vouloir “priver (le groupe) de ses droits“.
En 2014, un rapport gouvernemental guinéen avait recommandé l’annulation de la concession minière accordée au milliardaire franco-israélien pour la mine de fer géante de Simandou, estimant qu’il l’avait obtenue par “corruption“, ce qu’avait réfuté le groupe de M. Steinmetz.
Après sa prise de fonctions en décembre 2010, le président guinéen Alpha Condé avait lancé des enquêtes anticorruption pour récupérer le contrôle des richesses naturelles de son pays.
Poster un Commentaire