Si vous venez cet été en Israël, vous viendrez à Tel Aviv : sur presque 10 kms de plage de sable blanc, les baraques des maîtres nageurs, les cafés, les parasols, les baigneurs, les grosses dames, les vieux messieurs, les belles filles aux maillots si petits, les grands balézes, tatouages et crâne rasé…
Le tac tac des raquettes rythme la musique techno. Il fait chaud, mais la mer est plutôt tiède, l’eau des douches est froide et le soleil brûlant. C’est l’été à Tel Aviv : c’est jeune, joyeux, ça crie, on s’interpelle, on se retrouve et on s’étreint.
Il y a des personnages que je retrouve tous les ans et je suis content de les savoir fidèles au poste : d’abord la vieille dame russe au bonnet de bain blanc qui nage tout droit vers l’horizon puis revient presqu’au bord et repart et recommence et recommence. Elle a lassé l’attention du maître nageur qui, pourtant, suit toujours le point blanc du bonnet qui se rapproche.
Il y a « Elvis », un vieux chanteur rock qui porte une perruque noire comme la « banane» du King Presley. Vous n’avez pas besoin de beau- coup insister pour qu’il accepte de chanter son répertoire : « Love me tender, love me true..» Puis tout défile. Il a un métier en ville et son évasion c’est d’incarner Elvis au milieu des minettes. Parfois, il accepte de vider quelques bières pour vous tenir compagnie.
Sur la plage qu’il arpente du matin jusqu’à la nuit, il y a mon ami, le marchand de glaces. Il transporte deux grosses glacières pleines de pots de glaces, de cônes, de « Magnum », de sorbets à l’eau colorée et il crie machinalement toutes les cinq minutes « Artic, Artic » qui est le nom d’une marque de glaces disparue. Mais il ne va pas changer, tous le reconnaissent ainsi. La Mairie de Tel Aviv contraint les établissements de plage à vendre à prix réduits un petit sandwich, une bouteille d’eau et un assortiment de glaces. Mais il faut faire la queue au comptoir pour les obtenir. Mon ami « Artic » vous vend votre glace un euro plus cher mais il vous tente, il vous enlève l’emballage et vous fournit une serviette en papier. Le sable est brûlant, ses glacières lui scient les épaules, il arpente toute la plage méthodiquement. Ce n’est vraiment pas un gars avec une mentalité d’assisté!
C’est la plage. Les gens viennent presque tous les jours. Vendredi et Shabbat, c’est simple , je crois qu’il y a tout le monde et que personne n’est ailleurs. Aux pieds de l’ Hôtel Renaissance, le samedi matin, les écoles de danse de la ville alignent leurs meilleurs élèves : tous les âges, toutes les morphologies et des pas compliqués de tango, de valse, de Paso doble et bien sûr, le rap et les pas mécaniques des nouveaux Michael Jackson.
C’est l’été à Tel Aviv .
André MAMOU
Bien écrit, bien décrit, bien senti, cela donne envie.