Il y a tout au long des marchés de Provence… Par André Mamou

A Saint Tropez, entre le quai où s’étale le grand café Sénéquier et la Place des Lices livrée aux concours de pétanque, il y a un petit marché installé sur la Place aux Herbes.

marché

Quelques  commerçants ont le privilège de vendre aux habitants et aux touristes, les légumes et les fruits de la région. Les produits sont très beaux, très frais et savoureux : de la belle marchandise. Il y a aussi deux poissonniers qui proposent les loups de mer, les rougets et toutes les belles prises des pêcheurs locaux.

Quand on me chargeait de faire des achats pour la famille, je rapportais toujours la même chose : des dorades ou un beau loup, une salade frisée, des tomates olivettes, des pêches et des melons. Et le pâtissier le plus connu m’avait déjà mis de côté une belle tarte tropézienne riche et parfumée. Très bon, très cher mais j’aimais parler avec les commerçants, leurs clients, ça sentait bon, les gens étaient souriants sous un beau soleil, la brise marine s’engouffrait sous les parasols et j’étais bien, heureux !

Et j’ai connu aussi le marché d’ Antibes qui est à moitié couvert et qui fonctionne toute l’année et presque tous les jours : une véritable cathédrale avec des dizaines de stands et d’étals et des amoncellements de légumes, de fruits et une foule innombrable que les marchands essayent de retenir en faisant admirer leur marchandises, en proposant des prix pour des quantités plus importantes ou en tendant à la pointe de leur couteau un quart de pêche de vigne ou une tranche de melon « sucré comme du miel ».

prunes

Je me suis aventuré un jour à la ville comme disent les tropéziens : bien sûr il s’agit de Toulon . Dans une petite rue, il y a une boucherie cacher qui doit fonctionner les veilles de shabbat et des fêtes. J’avais demandé où se trouvait le marché et on m’avait dit d’aller au bout de la rue et de tourner à gauche. Et je suis tombé sur une immense avenue de plusieurs centaines de mètres avec un millier de commerçants.

Non, je dois exagérer mais c’est le Midi qui fait çà! Il y avait tout ce qui se mange, tout ce dont on peut avoir envie, tout ce qu’on a un jour souhaité voir, toucher, goûter. Et je regardais les prix sur les ardoises : hallucinant ! Jamais, je n’avais vu des prix aussi bas pour des pro- duits aussi beaux.

Je me souviens d’un chiffre : la salade frisée on la proposait à dix francs comme à Saint Tropez mais on m’en donnait trois !

Dans mon jeune temps, j’ai préparé des examens à la Faculté d’Aix en Provence qui est la plus belle ville de France. Vous pouvez ne pas être d’accord, ce n’est pas important car je ne transigerai pas ! Sur le cours Mirabeau, les fontaines romaines, les grands arbres qui protègent et le soleil qui fait étinceler les feuilles, les gouttes sur les margelles et met en valeur cette capitale de la Provence inscrite au patrimoine de mes souvenirs.

etale

Le marché, c’était tous les jours et c’était beau, il y avait des fleurs avec des hautes notes jaunes, les salades de toutes les nuances du vert, des poivrons et des tomates. Il y avait des fromages, des olives, de l’huile et des fougasses et du pan bagna dont je n’ai jamais oublié le goût.

L’été, le bel été : des couleurs, des senteurs, des parfums, des cris, des rires et des accents « qui se promènent», une sym- phonie où se mêlent mes souvenirs embellis par le temps et la réalité de la France de ma jeunesse, si belle, si fière, si grande. « Tu m’as longtemps nourri du lait de ta mamelle.»

André Mamou

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4 Comments

  1. Très bel article empli de tout ce que l’auteur nous fait sentir et ressentir…à lire et relire, tant la saveur littéraire en fait un produit rare sur les marchés de Provence!!!
    Merci.

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