Après 37 années d’investigations, l’enquête sur l’attentat qui avait fait quatre morts devant la synagogue de la rue Copernic à Paris est terminée.
Toutefois, des zones d’ombre demeurent: le seul suspect, Hassan Diab, clame son innocence et les juges d’instruction doutent de sa culpabilité.
«La fin des investigations a été notifiée aux parties ce vendredi», selon des sources proches de l’enquête.
Le 3 octobre 1980, à 18h40, alors que le grand rabbin Williams lit la prière des morts, une forte explosion retentit dans la synagogue de la rue Copernic. Dix kilos d’explosif pentrite, dissimulés dans la sacoche d’une moto garée devant l’édifice, viennent d’exploser, tuant quatre personnes et faisant une quarantaine de blessés.
Il s’agit du premier attentat mortel contre la communauté juive de France depuis la Libération.
L’une des plus anciens instructions en cours
L’enquête, l’une des plus anciennes instructions encore en cours à Paris, attribue l’attentat, non revendiqué, au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe né d’une scission du FPLP, et les renseignements français identifient, en 1999, Hassan Diab comme celui qui a confectionné l’engin explosif.
Extradé en novembre 2014 du Canada, où il était devenu professeur universitaire en sociologie, le suspect, né au Liban, est mis en examen et placé en détention provisoire.
Depuis, Hassan Diab, 63 ans, clame son innocence et est au coeur d’une bataille judiciaire entre le parquet de Paris et les juges. Ces derniers ont ordonné à quatre reprises sa remise en liberté, avec assignation à résidence et port d’un bracelet électronique, estimant qu’il existait «des éléments concordants» tendant à établir qu’il se trouvait à Beyrouth au moment des faits. Mais, à chaque fois, le parquet de Paris a fait immédiatement appel et la cour d’appel a décidé de prolonger sa détention.
«Nous avons fait les frais de cette bataille procédurale et espérons toujours un procès, ce qui serait la moindre des choses au vu du temps écoulé et des très nombreuses investigations réalisées en particulier à l’international», a relevé Eric Morain, l’un des avocats des parties civiles.
«Nous attendons un procès pour la vérité et pour l’histoire, mais redoutons que les juges puissent rendre un non-lieu à l’encontre d’Hassan Diab contre qui pèsent des charges sérieuses», a déclaré de son côté David-Olivier Kaminski, avocat de la Licra.
«Sérieux doute»
La clôture de l’enquête ouvre un délai de 40 jours durant lequel les parties peuvent faire de nouvelles demandes d’actes, avant les réquisitions du parquet et la décision finale des juges d’instruction sur un éventuel procès.
Plusieurs éléments à charge ont nourri l’enquête de l’ancien juge d’instruction en charge du dossier, Marc Trévidic: la ressemblance de Diab avec des portraits-robots réalisés à l’époque, la découverte d’un passeport à son nom avec des tampons d’entrée et de sortie d’Espagne, d’où serait parti le commando, des expertises graphologiques ou encore le témoignage d’un couple le mettant en cause comme appartenant aux groupes palestiniens au début des années 1980.
Mais Hassan Diab assure qu’il était à Beyrouth au moment des faits pour passer ses examens à l’université. En janvier 2016, il a donné au nouveau juge en charge du dossier, Jean-Marc Herbaut, les noms de deux femmes ayant révisé les épreuves avec lui, deux témoins entendus depuis par le magistrat et qui ont corroboré sa version.
Son ex-épouse, Nawal Copty, a également affirmé qu’il était au Liban le 28 septembre 1980, cinq jours avant l’attentat. Or, pour l’accusation, il se trouvait déjà en Europe à cette date.
Ces nouveaux témoignages «permettent sérieusement de douter» qu’Hassan Diab «soit le poseur de la bombe», a estimé en octobre 2016 Jean-Marc Herbaut, pour justifier l’une de ses demandes de remise en liberté.
Toutes les investigations réalisées «ont conduit à démontrer qu’il n’était pas en France lors de l’attentat. Nous attendons de la juridiction d’instruction qu’elle rende la seule décision qui s’impose: un non-lieu», ont réagi ses avocats, Me William Bourdon, Apolline Cagnat et Amélie Lefebvre.
37 années d’instruction pour un attentat annonciateur des bouleversements à venir. Combien d’années faudra-t-il attendre pour que l’antisémitisme avéré de l’assassinat de Sarah Halimi cesse d’être nié??
Des témoins cités par la défense 37 ans après les faits sont crûs d’office. C’est beau, la France et sa “justice”.