Dans la jungle du Moyen-Orient, le plus fort et le plus rusé gagne. On respectera toujours la devise de « la parole de l’homme fort ». On conservera en mémoire des événements durant des siècles, tels les affrontements permanents entre chiites et sunnites.
On n’oubliera jamais l’humiliation, comme celle infligée aux trois armées arabes lors de la guerre des Six Jours. On sera toujours prêt aux sacrifices, à mourir par vengeance et à glorifier le martyr. On est aussi capable de mentir, de réécrire les faits historiques et de déformer la réalité sur le terrain.
Ainsi va le Moyen-Orient depuis la nuit des temps.
Dans ce contexte, les dirigeants israéliens, les médias et la communauté internationale devraient connaître ces contraintes avant de prendre des décisions ou d’adopter des résolutions.
Les derniers incidents sur le Mont du Temple et à l’ambassade israélienne à Amman témoignent bien de la complexité du conflit et des décisions à prendre. Pour les Palestiniens, le véritable enjeu ne concerne pas seulement l’installation de détecteurs ou de caméras, ce n’est que prétexte de la part des fidèles musulmans. Il concerne les questions de souveraineté : qui est au fait le « maître des lieux » à Jérusalem, sur le Mont du Temple ? Qui est chargé de la sécurité des fidèles et de la gestion des Mosquées ? Quand Jérusalem-Est deviendra-t-elle enfin la capitale de la Palestine ?
Dans cette affaire, les valses hésitations du cabinet israélien, les décisions souvent irréfléchies et prises à la hâte, puis la décision de retirer, à la sauvette, toutes les mesures sécuritaires prises, ne prouvent que désarroi et faiblesse. Aux yeux des dirigeants du monde musulman, et en particulier des leaders palestiniens, seules de fortes pressions, des affrontements violents, et des mensonges gagnent toujours sur le terrain et réussissent à faire plier le gouvernement de l’Etat Juif. Rappelons une fois encore que fermeté et détermination sont des gages dans un environnement hostile.
Concernant l’incident à Amman, le gouvernement Nétanyahou a rapidement résolu la crise et évité le pire. Les diplomates israéliens ont agi avec prudence et sagesse et ont empêché, in extremis, d’être pris en otages par une foule déchaînée. Toutefois, dans la précipitation, et pour pouvoir « crier victoire », et surtout pour gagner des « points politiques », le Premier ministre fut malheureusement mal conseillé.
Il ne devait pas accueillir chaleureusement, surtout devant les caméras, l’agent de sécurité israélien, celui qui avait tué deux Jordaniens après avoir été agressé et blessé, et qui est toujours en procédé judiciaire. Les images retransmises par les chaînes de télévision ont mis plus en colère les Jordaniens. Nous devrions voir la situation sur le plan stratégique global, prévoir l’avenir, et se mettre parfois à la place du roi hachémite qui résiste tant bien que mal aux protestations au sein même de son parlement, et aux manifestations dans les rues d’Amman. Nous devrions savoir que la déstabilisation du royaume jordanien, dont plus de la moitié de la population est palestinienne, pourrait avoir des conséquences graves sur tout le front Est et sur la défense d’Israël.
En septembre 1970, ce pays risquait de tomber dans les mains de terroristes palestiniens et Tsahal était prêt à intervenir et à le sauver.
Depuis, la Jordanie a signé un accord de paix avec Israël, mais elle ne peut survivre aujourd’hui sans une coopération sécuritaire constante avec Israël. Ni non plus, sans une aide américaine dans le combat contre les djihadistes, face aux menaces iraniennes et à l’afflux des réfugiés syriens. Les diplomates israéliens devraient aussi retourner à Amman et leur sécurité est toujours mise en danger.
Concernant le rôle de l’Autorité palestinienne, il semble que Mahmoud Abbas joue avec le feu. Ces propos devant ses militants prouvent qu’il souhaite l’escalade, et faire éclater la poudrière religieuse, pour pouvoir obtenir gain de cause et accélérer le processus de négociation entamé avec l’administration américaine.
Cependant, Abbas risque une fois encore de perdre la partie comme l’avait perdue Arafat lors du déclenchement de la Deuxième Intifada.
Rappelons que le président Trump ne suit pas la politique de Clinton ni d’Obama. Ses opinions sur la conduite ambigüe d’Abbas, et sa lutte contre le terrorisme islamiste, sont parfaitement tranchées. Elles sont généralement en faveur du fidèle allié israélien. Dans l’attente de le voir pleurnicher à l’Elysée, Abbas devrait prendre ses responsabilités, reprendre la concertation sécuritaire avec Israël et calmer les esprits.
Freddy Eytan
Abbas peut aller pleurer et surtout mandier a l elysee !
Un bien bel article qui devrait faire réfléchir la diplomatie occidentale dans son manque de compréhension du mental proche-oriental et la velléité de l’AP à s’engouffrer dans la posture du terrorisme dès qu’elle croit à la faiblesse de l’état hébreu.
Mr Eytan nous habitue aux synthèses claires.
Oui, Josaphat, synthèses claires, et imprégnées de sagesse. Aussi,
s’agissant d’un ancien diplomate, les membres du gouvernement seraient bien inspirés de rechercher son avis, entre autres, devant un problème délicat…