Un coiffeur juif qui s’était fait interdire de travailler le samedi en raison du jour du sabbat a gagné sa cause. Le Tribunal des droits de la personne a condamné son ex-patronne à verser plus de 12 500 $ en dommages à son ancien employé, qu’elle avait congédié.
L’affaire remonte à 2012. Selon le jugement rendu public jeudi, Richard Zilberg s’était fait dire de ne pas travailler le samedi comme tous les autres employés juifs du salon Spa Ora Zen – maintenant appelé Spa Liv Zen – dans le quartier Côte-des-Neiges_Notre-Dame-de-Grâce à Montréal. Les employés non juifs couvraient les quarts de travail du samedi, le jour le plus occupé de la semaine.
De plus, la propriétaire de l’établissement, Iris Gressy, avait ordonné à M. Zilberg de ne pas informer les clients de sa politique. Après avoir appris que le coiffeur avait contrevenu à sa consigne en le disant à l’un de ses clients, Mme Gressy l’a accusé d’avoir violé la confidentialité de sa politique.
« J’ai été congédié sur-le-champ et ils ne m’ont pas donné la liste des numéros de téléphone des clients. Alors, en gros, ils m’ont congédié et ils m’ont pris mon gagne-pain. J’ai dû recommencer du début », a raconté l’homme de 54 ans en anglais lors entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.
Le jugement conclut que l’employeur a discriminé M. Zilberg en raison de sa religion. « Il est clair selon la preuve que la religion de M. Zilberg a été, c’est le moins que l’on puisse dire, un facteur dans la décision de Mme Gressy de restreindre son droit à travailler et de le congédier », a écrit le juge en anglais dans son jugement bilingue.
« C’est une bonne leçon pour les gens, de comprendre que, même dans leur propre communauté, même avec des employeurs et des individus qui ont la même foi qu’eux, il y a une possibilité de discrimination », a soutenu M. Zilberg.
Iris Gressy est donc condamnée à payer plus de 12 500 $ en dommages à M. Zilberg _ 6006 $ en dommages matériels, 4000 $ en dommages moraux et 2500 $ en dommages punitifs.
M. Zilberg, qui s’est décrit comme un « juif très fier », s’est réjoui que le jugement fasse avancer la cause de la « discrimination intraconfessionnelle ». Selon lui, une autre employée juive de son ancien lieu de travail qui s’était fait imposer la même restriction a été congédiée.
« C’est un cas de discrimination très simple. Mon mode de vie a été utilisé contre moi, pour ne pas avoir pratiqué de la façon dont j’aurais dû, selon eux », a-t-il soutenu.
M. Zilberg, qui tente de se bâtir une clientèle dans un autre salon, s’est dit aussi soulagé que toute cette histoire soit maintenant derrière lui après plus de cinq ans.
En 2015, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) avait reconnu qu’il avait fait l’objet de discrimination et avait demandé à Mme Gressy de verser 20 000 $ à son ex-employé. Mme Gressy ne s’était toutefois pas manifestée, donc l’affaire avait été portée devant un tribunal pour la forcer à indemniser son ancien coiffeur.
« Je suis vraiment content que ce soit fini. Je suis aussi soulagé que la vérité soit dévoilée et que l’expérience que j’ai vécue soit entièrement comprise par les tribunaux », a-t-il affirmé.
Le Tribunal des droits de la personne a finalement diminué quelque peu le montant qui lui sera versé, mais M. Zilberg ne s’en formalise pas. Il est déjà très satisfait d’avoir eu raison sur « le plus important », le principe.
« J’ai gagné la décision dans le sens que j’ai dit la vérité. La vérité a été dévoilée, il y avait des témoins, il y avait des faits qui étaient évidents. Il y a eu une compréhension de ce qui est arrivé », a-t-il conclu.
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