Après plusieurs appels au boycott de son spectacle qui doit avoir lieu à Carthage le 19 juillet, l’accusant d’être «pro-sioniste», Michel Boujenah réplique.
«Mon amour pour la Tunisie est indéfectible et ceux qui me connaissent savent que je ne milite que pour la paix, depuis toujours», a déclaré ce dimanche 9 juillet Michel Boujenah à Nice Matin. Dans cette interview accordée au quotidien régional, Michel Boujenah a tenu à répondre à la polémique autour de son arrivée à Carthage, le 19 juillet prochain. Le comédien et humoriste doit en effet y jouer une partie de son spectacle Ma vie rêvée à l’occasion de la 53e édition du festival international de la ville.
Sa participation à l’événement a suscité plusieurs appels au boycott, notamment de la part du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre l’immunité d’Israël) qui accuse le Français d’origine juive tunisienne de 64 ans d’entretenir des propos complaisants envers Israël. «Nous ne voulons pas de sioniste, quel que soit leur nationalité, sur nos scènes et dans nos festivals! (…) Michel Boujenah est connu comme l’une des plus grandes figures franco-tunisiennes sionistes qui ont toujours défendu Israël, ses guerres et son armée», affirme ainsi le BDS.
D’autre part, la centrale syndicale UGTT (Union générale tunisienne du travail ), récipendiaire du Prix Nobel de la paix en 2015, a publié mardi dernier un communiqué réclamant l’annulation pure et dure du spectacle de Michel Boujenah. Le texte officiel précise ne pas s’en prendre pas à la religion de l’artiste, mais à ses convictions politiques «qui soutiennent le sionisme et l’assassin Ariel Sharon» (Mort en 2014, après plusieurs années de coma……).
Interrogé le 24 juin dernier sur le sujet par la radio Mosaïque FM, le directeur du festival de Carthage, Mokhtar Rassaa, a déclaré que M. Boujenah n’était «ni un grand sioniste, ni un leader du sionisme! C’est un juif, il a un attachement à Israël, comme nous, musulmans, avons un attachement à la Mecque.» À Nice Matin, Michel Boujenah explique quant à lui qu’il n’est «qu’un artiste, (…) qu’un clown, pas un homme politique ni un économiste», et que son métier n’est pas de «parler de tout ça».
«Dans une démocratie naissante, il est normal qu’il y ait débat et contradiction, mais là, ce n’est pas réellement ma personne qui est en jeu, et je trouve qu’on en fait beaucoup trop là dessus. On vit une période historique compliquée, où l’on veut toujours exporter le conflit israélo-palestinien partout», a expliqué l’artiste qui s’est installé en France à l’âge de 11 ans et n’a jamais caché vouloir défendre les intérêts de son pays natal. «Ma position, c’est juste de soutenir le processus encore fragile de la Tunisie, car si une démocratie peut vivre dans un pays musulman , c’est fondamental pour tout le monde», a-t-il encore ajouté.
Le spectacle de l’enfant du pays est en tout cas maintenu, et se jouera à guichets fermés.
Le BDS en est resté à la conception de l’art en vigueur dans les pays totalitaires (staliniens et hitlériens, avec “l’art dégénéré”). Il y a encore beaucoup de travail à faire …