Technion : gare aux méduses et à leurs brûlures !

Ces animaux marins lancent leur venin à une vitesse cent fois supérieure à celle d’une balle de fusil au moyen d’un surprenant mécanisme très sophistiqué.

Des chercheurs du Technion et de l’université de Haïfa viennent d’identifier les mécanismes mis en jeu par la méduse pour piquer, et leurs découvertes ont vraiment de quoi étonner. Pourtant, sans un système aussi sophistiqué de défense, ces animaux, dépourvus d’yeux, d’oreilles et même de cerveau, n’auraient jamais pu survivre pendant 600 millions d’années pratiquement sans évoluer. Depuis quelque temps, leur nombre ne cesse d’augmenter, ce qui rend toute rencontre avec des nageurs de plus en plus probable… au grand dam des amoureux des bains de mer.

« La méduse attaque sa proie ou son ennemi en injectant une substance toxique au moyen de milliers de seringues microscopiques situées sur chacun de ses tentacules », explique le professeur Uri Shavit de la Faculté de génie civil et environnemental. « La seringue est placée à l’intérieur de cellules urticantes et est enveloppée dans une capsule sphérique d’environ 10 microns de diamètre. En réponse aux changements chimiques dans l’environnement ou à un contact physique, la pression augmente à l’intérieur de la capsule et l’aiguille est éjectée à une vitesse de plus de 50 000 000 mètres par seconde – soit cent fois la vitesse d’une balle de fusil ». Impossible donc d’échapper à ces flèches empoisonnées.

Il faut de la chaleur pour inactiver les venins des animaux marins

De nombreux chercheurs étudient le mécanisme de tir de l’aiguille, qui la fait passer d’une position pliée dans sa capsule à sa pleine longueur. « L’explication classique est que l’aiguille déployée injecte la substance toxique via la création d’une force mécanique appelée potentiel osmotique », précisent les auteurs de ce travail. « La pression déployée sur l’aiguille libère un liquide agissant comme une pompe, poussant l’eau vers le haut dans un bâtiment. La pression exercée dans ce processus atteint jusqu’à 150 atmosphères. À titre de comparaison, il s’agit de la pression nécessaire pour pomper de l’eau au sommet d’un bâtiment de 1 500 mètres de hauteur. » Et l’étude publiée récemment dans le Journal of the Royal Society Interface a révélé que la force motrice n’est pas seulement limitée à la capsule. En effet, un puissant mécanisme osmotique se développe à la pointe de l’aiguille. Il a été déchiffré par les professeurs Shavit et Gilad Yossifon de la Faculté de génie mécanique du Technion et par le docteur Tamar Lotan de l’École des sciences de la mer de l’université de Haïfa. Selon eux, « il libère l’aiguille et la tire, comme une locomotive tirant des wagons ».

Tout cela est passionnant, mais le nageur piqué a surtout envie de savoir comment faire pour soulager ses brûlures. La solution a été publiée dans le journal Toxins , l’an dernier, par des chercheurs de l’université de Hawaii (États-Unis). Ils ont analysé les résultats de plus de 2 000 études sur le sujet et leur verdict est sans appel : il faut de la chaleur pour inactiver les venins des animaux marins. Après avoir retiré les filaments restants (éventuellement avec un peu de sable), les spécialistes recommandent de rincer la partie concernée à l’eau chaude (40 à 50 °C). Contrairement à une idée reçue, la glace – si utile pour combattre les douleurs – ne sert à rien contre les venins.

Source lepoint

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