Le Premier ministre, Edouard Philippe, a prononcé son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Il a annoncé de multiples mesures sanitaires, économiques, sociales, politiques et européennes. Le nombre et l’étendue des décisions gouvernementales n’ont pas empêché M. Philippe d’aborder des sujets très concrets qui concernent tous les Français.
VACCINS recommandés rendus obligatoires, prix du paquet de cigarettes porté progressivement à 10 euros, baisse de trois points de PIB de la dépense publique et d’un point de la pression fiscale, réduction de l’impôt sur les sociétés (IS) de 33 % à 25 % d’ici à 2025, transformation du Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) en allègement de charges reporté à 2019, réforme du bac et de la formation professionnelle, Sécurité sociale remise à l’équilibre à l’horizon 2020, convergence diesel-essence d’ici à quelques années, budget de la défense porté à 2 % du PIB d’ici à 2025, Internet à haut débit pour tous d’ici à 2022, voilà l’essentiel des dispositions nombreuses et ambitieuses du chef du gouvernement.
Une addiction française
Il a aussi annoncé que la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers français serait étalée dans le temps. Et même si le Premier ministre a pris de la hauteur au début de son discours, il l’a consacré presque entièrement à la fiscalité. Il a dénoncé « l’addiction française à la dépense publique », en rappelant que, chaque année, la France consacrait 42 milliards, soit presque une fois et demie le budget des armées, au remboursement de la dette. Quand l’Allemagne a une recette fiscale de cent euros, a-t-il expliqué, elle en dépense 98. Quand la France perçoit cent euros, elle en dépense 125. Le commentaire de M. Philippe n’est pas sans rapport avec l’évaluation de la Cour des comptes qui a stigmatisé l’incapacité du précédent gouvernement à tenir ses engagements pour 2017. Manifestement, M. Philippe en a tiré la conclusion qu’il devait différer d’un an l’allègement de l’impôt sur la fortune (ISF) et un certain nombre d’autres dépenses. Il a d’ailleurs pris l’engagement de ne pas dépasser, cette année, les 3 % de PIB de déficit budgétaire.
Trois axes
Le Premier ministre a établi trois axes de travail : 1) Aucun ministère, aucun opérateur, aucune niche fiscale ne sera « sanctuarisé ». 2) La hausse de la masse salariale du secteur public (soit un quart des dépenses de l’Etat en 2017) sera « stoppée ». 3) Les politiques publiques seront repensées car elles pèsent sur nos actifs sans produire assez de résultats.
Dans le droit fil du rapport de la Cour des comptes, le gouvernement a fait du retour à l’équilibre budgétaire une priorité qui a donc différé d’un an des mesures généreuses pour les entreprises et le pouvoir d’achat. Il a confirmé que la CSG serait augmentée, sans donner le pourcentage définitif de la hausse et compensée par une baisse des cotisations, ce qui, pour les salariés au Smic, devrait se traduire par un gain de 250 euros par an.
L’opposition a sévèrement commenté des décisions que la droite juge insuffisantes et que l’extrême gauche estime libérales et injustes. Nombre d’entre elles, pourtant, favorisent les revenus les plus bas. M. Philippe était, à la fin de son discours, assuré d’obtenir la confiance de l’Assemblée, puisqu’il dispose de la majorité absolue. Comme le président Macron, le Premier ministre ne se soucie guère des critiques qui lui sont adressées, sachant qu’elles sont systématiques et qu’elles n’affecteront pas la mise en marche des réformes.
Richard Liscia
Une critique bien réelle et qui n’a rien de systématique est que ce gouvernement a choisi de baisser le pouvoir d’achat de 60% des retraités par le biais de l’augmentation de la CSG, avec toutes les conséquences économiques de cette décision inédite.