Quand NKM se fit agresser en faisant campagne, toute la presse en parla. A juste titre. Certains osèrent comparer le tollé médiatique qui fit écho à ces pratiques barbares à l’omerta qui régna et règne encore, concernant l’assassinat en direct de Sarah Halimi, en plein Paris, en présence des 18 policiers la BAC et la BRI.
Je ne dis pas que le parallèle s’imposait.Après tout qu’avait à voir l’odieuse agression dont fut victime une candidate aux législatives et l’assassinat antisémite d’une femme qu’un musulman tortura puis défenestra vivante. Rien. Il fallait parler bien sûr de qui arriva à NKM, mais il fallait aussi, il faut et il faudra parler de la façon dont fut lynchée cette Juive en 2017 : ce n’est pas l’un ou l’autre, et ce n’est même pas l’un plus que l’autre.
Je reviens donc et reviendrai sans répit sur l’affaire Halimi, et m’interrogerai encore, VOUS interrogerai tous sur les raisons qui font que personne n’en parle. Sinon les Juifs. J’y reviendrai d’autant plus que l’un d’entre vous m’a dit ce matin : ne le prends pas mal mais ça nous gave, laissez faire l’enquête.
Or qui a parlé de se substituer à l’enquête, alors justement que nos questions portent sur la lenteur de tout ça. Je sais, le temps judiciaire, me direz-vous. Ben non : ça, on sait, et on l’accepte. Bien forcés. Non, nous, tout ce qu’on veut savoir, c’est justement :
Les raisons du silence, et croyez-moi, je me retiens pour ne pas écrire le prix du silence.
Les raisins de la passivité policière. 18 mecs, 70 minutes. En live. No comment.
Et puis, justement, l’enquête. Pour qu’elle eût lieu, faudrait que des plaintes courageuses fussent portées, et il semblerait que c’est là que le bât blesse.
Sarah Halimi: une histoire française, titre Causeur. Le symptôme d’une profonde crise de civilisation, qu’ils disent tous. Moi je répéterai que la barbarie de sa mort, à Sarah, fut multipliée à l’infini ad libitum par des semaines de déni, médiatique et politique, et par ce refus innommable d’évoquer l’hypothèse antisémite. Comme si tuer un Juif en France n’avait pas plus d’importance que ça. Y a d’abord les voisins. Eux ? La plupart, s’arrangeant avec leur conscience, n’ont rien vu rien entendu. Dans ce quartier de la rue de Vaucouleurs, règne la loi du silence. Ben quoi après tout ? Ne fait-elle pas écho à votre silence à vous, gens des media et politiques? Car qui de vous les niera, ces longues semaines d’omerta, où tous vous avez choisi de vous taire, pour être réveillés malgré vous par la colère de quelques Juifs, cette conférence de presse qui dénonça par la bouche des avocats l’indigne chape de plomb, quand l’un évoquait la chute d’une femme juive et que l’autre moquait presque cette vieille dame assassinée qui paniquait la communauté juive.
Ceux censés nous représenter, frileux au début, drivés mais par qui, tentèrent bien de la minimiser, l’affaire, faisant la chasse aux fausses rumeurs, qu’ils disaient.
Certes le CRIF, depuis, s’est porté partie civile. Mais ça ne bouge pas. Des zones d’ombre alourdissent l’air. L’assassin n’a toujours pas été entendu. Non je n’écrirai pas l’assassin présumé. Et non, je cesserai de me demander si la haine antisémite aura été le moteur de la mort de Sarah. Parce que les faits parlent pour lui, la préméditation sera établie, même un esprit dérangé pouvant faire preuve de discernement, lorsque la haine le guide, et aller vers son funeste projet.
Oui, Yvan Attal, comme toi je pense que l’on peut et doit parler d’un assassin terroriste. Oui, Alain Finkielkraut, tout un faisceau d’éléments montrent bien qu’il s’agit d’un crime antisémite, Oui Michel Boujenah je comprends que ce silence te hante.
Vérité et Justice pour Sarah Halimi
Alors je viens vous rappeler la création du comité de soutien[1] Vérité et justice pour Sarah Halimi. Richard Abitbol, Sammy Ghozlan du BNVCA, Michel Zerbib, Evelyne Gougenheim, je me joins à vous tous pour hurler aux naïfs qu’il est a-normal que malgré tous les éléments en sa possession, le procureur de la République n’ait à ce jour ouvert qu’une information judiciaire pour homicide volontaire et non pour assassinat avec les circonstances aggravantes que constituent les actes de barbarie et le motif antisémite.
Je me joins à vous pour demander des comptes à notre police. Je la somme de nous expliquer la non-assistance à personne en danger. Avec vous, je demande au Ministère de l’Intérieur de saisir l’IGPN.
Je me joins à vous pour demander instamment à nos représentants qu’ils … nous représentent, qu’ils se postent en première ligne, qu’à défaut de nous guider, ils nous représentent : qu’ils le nomment et le dénoncent , l’antisémitisme de l’assassin, qu’ils cessent, nos dits représentants, de se taire devant les appels à la prudence du procureur ou je ne sais qui.
Je me joins à vous pour m’étonner du silence de ceux que nous vîmes monter si souvent et si vite au créneau, journalistes, artistes, étudiants.
Dont acte : la Confédération des Juifs de France et des Amis d’Israël l’a créé, ce comité de soutien, et toi, Lecteur, viens, rejoins-nous. Viens dire haut et fort qu’il y a un problème dans la gestion de l’enquête par les autorités. Exigeons de savoir où se trouve le sieur Traoré. Exigeons qu’on nous dise pourquoi la police a laissé mourir Sarah. Sammy Ghozlan, vous craignez, dites-vous, que les policiers aient craint de déclencher des violences ou toute autre forme de trouble après une altercation avec un suspect musulman, et vous nous rappelez qu’en 2006, un scénario similaire avait déclenché des émeutes dans toute la France ? Vous précisez que vous ne tenez pas le gouvernement Macron pour responsable de la mauvaise gestion de l’affaire Halimi, car, dites-vous, en France, la justice est indépendante, et ce problème n’est donc pas le leur ? Mais vous vous tenez là, avec nous, la vérité vous l’exigez.
Sarah Cattan
[1] 10, Place Vendôme, 75001 Paris, Téléphone : 01.53.45.54.89, Email : presse@cjfai.com
Je suis complètement d’accord avec vous et soutiens entièrement cette analyse et cette démarche, c’est une tache de plus sur notre conscience et une méconnaissance totale de l’antisémitisme qui est enraciné dans notre pays et que ce silence et prudence confirment.
Bien à vous.