Wonder Woman sort le 7 juin en France, avec l’actrice israélienne Gal Gadot dans le rôle-titre. Vilipendée dans plusieurs pays arabes, la jeune femme fait la fierté de son pays natal.
“Aucune décision n’a encore été prise sur la sortie de Wonder Woman en Jordanie”, prévient The Jordan Times. La Commission des médias est en train d’examiner le dossier, alors que “dans tout le royaume, des militants ont élevé la voix pour dénoncer le fait que l’actrice principale du film, Gal Gadot, était une citoyenne israélienne qui avait rejoint durant deux ans les rangs de Tsahal, dans le cadre du service militaire obligatoire”, détaille le quotidien d’Amman.
La Jordanie ne serait pas le premier pays arabe à empêcher la sortie de Wonder Woman sur ses écrans. Suivant une recommandation de la Ligue arabe, hostile à la projection de tout film où apparaît Gal Gadot, le Liban a pris une décision en ce sens fin mai, rapporte L’Orient-Le Jour. Et le blockbuster hollywoodien vient d’être déprogrammé des Nuits du cinéma d’Alger, où il devait être projeté le 8 juin. Les organisateurs de l’événement démentent néanmoins tout boycott et mettent en avant “un problème de procédure”, relate le site Tout sur l’Algérie.
Mauvaise presse pour le Liban
Sorti le week-end dernier aux États-Unis, et attendu sur les écrans français ce 7 juin, Wonder Woman est un film de superhéros atypique à plus d’un titre : il a été mis en scène par une réalisatrice, Patty Jenkins, et son personnage principal est une femme. Pour camper le personnage de la princesse Diana, élevée sur une île grecque paradisiaque et destinée à défendre l’humanité contre le sinistre dieu Arès, le studio Warner a choisi une actrice israélienne : Gal Gadot, ancien mannequin et Miss Israël 2004, déjà apparue au cinéma dans la franchise Fast and Furious.
Dans les colonnes du quotidien émirati The National, le journaliste libanais Michael Karam regrette la décision de Beyrouth de boycotter une actrice parce qu’elle est israélienne : “Le Liban est un pays qui se targue volontiers d’être ouvert d’esprit et amateur de divertissements. Mais les médias étrangers ont été prompts à s’emparer de la nouvelle et à nous dépeindre comme vaguement ridicules, ce qui peut nous arriver, et comme déconnectés du reste du monde, ce qui n’est probablement pas le cas.”
Pointant les problèmes plus urgents auxquels Beyrouth devrait s’atteler (chômage, ramassage des déchets, coupures d’électricité), Michael Karam poursuit : “Il serait temps que le gouvernement comprenne qu’une nouvelle génération de Libanais a émergé, ouverte sur l’extérieur et largement capable de décider par elle-même de ce qui est approprié ou non.”
Le journaliste ne se leurre d’ailleurs pas sur l’efficacité d’une telle censure : “Les Libanais trouveront de toute façon un moyen de regarder le film. Ils y arrivent toujours.”
Un succès pour Israël
Dans la presse israélienne anglophone, la nouvelle des tensions suscitées par le film dans certains pays arabes est relayée, mais très peu commentée. Ha’aretz, par exemple, préfère citer les bonnes critiques parues dans la presse américaine et se moquer de la chaîne conservatrice Fox, qui a organisé un débat pour déterminer si Wonder Woman était suffisamment “patriotique”.
Mais dans l’État hébreu, l’enjeu est tout autre. Ainsi que le souligne le Los Angeles Times : “En Israël, la sortie du film est interprétée comme un succès.” Certes, Ayelet Zurer avait bien fait en 2013 une apparition dans Man of Steel, incarnant la mère de Superman. Mais aucun acteur israélien n’avait jamais décroché le premier rôle d’un blockbuster américain, avec la célébrité internationale que cela implique. Le quotidien californien cite le blogueur israélien Efi Triger : “Beaucoup de nos acteurs semblaient promis à une grande carrière. Mais aucun n’est allé aussi loin que Gal Gadot.”
Ce que le magazine juif américain Tablet formule de la sorte : “C’est aujourd’hui au tour de Gal Gadot (et d’Israël) de briller.”
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