Le problème des partis qui rejettent la recomposition politique conçue et appliquée par Emmanuel Macron, c’est qu’ils ne peuvent pas l’empêcher et que tous les signes avant-coureurs sont réunis pour confirmer que la machine électorale du président les balaiera.
En effet, un sondage Ipsos-Sopra-Steria pour France Info accorde 29,5 % des suffrages au premier tour des législatives à la République en marche, 22 % à LR-UDI, 18 au FN, 11 à la France insoumise, 9 % au PS. Un sondage Harris Interactive situe REM à 31 % (moins 1 % par rapport au 18 mai), 19 % au FN, 18 % à LR-UDI, 14 % au parti de Jean-Luc Mélenchon et 9 % au PS. Il semble bien que, dans tous les cas de figure, le parti présidentiel soit en mesure d’améliorer son score au second tour et puisse obtenir la majorité absolue. M. Macron lui-même n’a rien fait pour affaiblir son image et sa popularité. Sa prestation à Versailles, où il a parlé à Vladimir Poutine avec une franchise inaccoutumée, l’obligeant à entendre que, en cas de nouveau bombardement chimique en Syrie, la France attaquerait le régime de Bachar Al-Assad, a confirmé qu’il avait une bonne stature présidentielle.
L’affaire Marielle de Sarnez.
Cela ne veut pas dire que son gouvernement ne rencontre pas des difficultés, pas dans l’application de son programme, qui commence à peine, mais à propos de polémiques dont on ne sait trop si elles sont sincères ou fabriquées. M. Macron entend défendre (pour le moment) son ami et bras droit Richard Ferrand, embringué dans un conflit d’intérêts et qui estime que les électeurs jugeront, en renouvelant ou non son mandat de député. Mais on n’a jamais vu le droit de vote exercer le moindre pouvoir judiciaire et cette confusion des genres est de mauvais aloi. A quoi il faut maintenant ajouter les difficultés de Marielle de Sarnez, ministre MoDem des Affaires européennes, accusée par le FN, avec 18 autres députés européens, d’avoir payé des emplois fictifs. « Il s’agit d’un contrefeu ! », s’est exclamée Mme de Sarnez, qui a été polie. Il s’agit plutôt d’une délation qui montre par quels procédés répugnants Marine Le Pen essaie de minimiser les accusations dont elle-même fait l’objet. De ce point de vue, la campagne des législatives n’est pas moins sale que celle de la présidentielle et il faut dire que les partis extrémistes s’y entendent pour accroître la suspicion du public à l’endroit des élus. Mais bien sûr, la lâcheté de la méthode n’empêche pas une vérité éventuelle que des juges n’ont pas tardé à rechercher.
Les excès de Mélenchon.
Ni le cas Ferrand, ni celui de Marielle de Sarnez ne sont pour autant de nature à affaiblir la République en marche. Il ne faut pas être un politologue averti pour sentir le vent qui se lève et porte le parti du président, dans un foisonnement de déclarations et de commentaires frisant parfois l’indigence. Comme ce discours de Jean-Luc Mlénechon dans lequel il a accusé l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve de « s’être occupé de l’assassinat de Rémi Fraisse », ce jeune homme victime d’une grenade lacrymogène mal lancée, à Sivens, où il manifestait contre un projet jugé mauvais pour l’environnement. M. Mélenchon fait partie des rares hommes politiques qui ont compris la direction du vent en 2017 et se sont hâtés de proposer une nouvelle offre politique. Il a fait avec François Fillon score égal au premier tour de la présidentielle, ce qui est remarquable. Mais il a curieusement ressenti ce succès comme une défaite (il se voyait déjà président), ce qui le conduit à prononcer des phrases qui sont autant de mensonges, de propos diffamatoires ou de dangereux raccourcis. Par exemple, il a vu dans le sommet franco-russe de Versailles la rencontre de deux oligarques. Dire que Poutine et Macron sont blanc bonnet et bonnet blanc, ce n’est pas seulement scandaleux, c’est une affirmation qui n’est fondée sur aucun élément probant. M. Poutine est un semi-dictateur, M. Macron a été élu au suffrage universel. Le fait est que la campagne de M. Mélenchon se dégrade beaucoup et que, s’il est encore capable de réunir entre 11 et 14 % des voix, c’est malgré ses mensonges, ses excès de langage, et finalement une vulgarité comparable à celle du FN. Cette séquence électorale aura été interminable et a plus souvent donné aux électeurs des raisons de s’indigner que des occasions de voter, malgré le nombre de tours que primaires et scrutins officiels ont accumulés.
Enfin saisi par la grâce, François Baroin, chef de la campagne de la droite et du centre, annonce que, au second tour des législatives, sa formation se désistera en faveur de la République en marche si le candidat du Front risque d’être élu. On n’en attendait pas moins d’un grand parti républicain, d’autant que les macronistes ont fait hier la même proposition.
RICHARD LISCIA
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