Le juge d’instruction avait abandonné cette qualification au terme de son enquête. Le Parquet conteste cette décision.
Le parquet de Créteil (Val-de-Marne) a annoncé vendredi 26 mai avoir demandé le rétablissement du caractère antisémite de l’agression d’un couple à Créteil le 1er décembre 2014, alors que le juge d’instruction avait abandonné cette qualification au terme de son enquête.
« Le parquet estime après relecture du dossier que les faits sont constitués. (…) Les insultes proférées permettent d’estimer que les victimes ont été ciblées à cause de leur confession », explique le ministère public, confirmant une information du journal Le Parisien.
Le parquet revient ainsi à la lecture initiale du dossier dans ce fait divers très médiatisé. Le 1er décembre 2014, un couple de confession juive avait été séquestré à Créteil, en banlieue parisienne. La jeune femme avait été violée et l’appartement cambriolé par trois hommes. « Vous les juifs, vous avez de l’argent », aurait déclaré l’un des trois auteurs de l’agression, selon l’avocate des victimes, Séverine Benayoun.
L’agression avait provoqué l’émoi en France et avait poussé le gouvernement à ériger la lutte contre le racisme et l’antisémitisme en « cause nationale », en lançant un plan de sensibilisation de 100 millions d’euros. Quatre hommes, les trois agresseurs et un complice soupçonné d’avoir repéré les lieux, avaient initialement été mis en examen. Certains d’entre eux sont également poursuivis pour l’agression un mois plus tôt d’un septuagénaire de confession juive, toujours à Créteil.
« Violences en raison de l’appartenance religieuse »
Leur mise en examen les mettait notamment en cause pour « violences en raison de l’appartenance religieuse ». Mais au terme de l’enquête, le juge d’instruction chargé de l’affaire avait procédé en février à une mise en examen rectificative des quatre hommes, dans laquelle il abandonnait le caractère antisémite des faits.
Dans cette affaire, la défense dénonce depuis le départ une « instrumentalisation politique » du dossier, qui ne tiendrait pas au niveau judiciaire, tandis que les avocats des victimes estiment que l’antisémitisme est « essentiel » pour comprendre l’agression.
La France retombe-t-elle dans l’antisémitisme ? par Europe1fr
Maintenant que les réquisitions du parquet sont prises, le dernier mot revient au juge d’instruction. C’est lui qui décidera des charges à retenir contre les quatre accusés lors de leur futur procès.
Cette reconnaissance du caractère antisémite de l’agression de Créteil intervient alors que les institutions juives de France demandent cette même reconnaissance dans une affaire criminelle récente. Le 4 avril, une femme de confession juive a été défenestrée après avoir été rouée de coups par un voisin récitant des sourates du Coran et la traitant de « sheitan » (« démon », en arabe). L’information judiciaire ouverte, le 14 avril, par le parquet de Paris, mentionne un « homicide volontaire », alors que les parties civiles réclament que l’« assassinat (de Sarah Halimi) soit reconnu avec la circonstance aggravante de l’antisémitisme »
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