Pour Ofer Bronstein, président du Forum de la paix au Proche-Orient et ancien conseiller d’Yitzhak Rabin, la paix passe par « le droit des Palestiniens à un Etat indépendant » et « le droit des Israéliens à être reconnus par le monde arabe et musulman ».
Donald Trump effectue lundi 22 mai une visite symbolique au mur des Lamentations à Jérusalem en Israël, dans le cadre de sa visite au Moyen-Orient. C’est une première pour un président américain en exercice. Il se rendra également mardi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé. Donald Trump est convaincu qu’il peut relancer le processus de paix.
Ofer Bronstein, président du Forum de la paix au Proche-Orient et, ancien conseiller d’Yitzhak Rabin, a estimé, lundi sur franceinfo, que le président américain « peut nous surprendre » car « il est imprévisible« . La paix passe, selon Ofer Bronstein, par « le droit des Palestiniens à un Etat indépendant » et « le droit des Israéliens à être reconnus par le monde arabe et musulman« .
franceinfo : Donald Trump peut-il arriver à imposer la paix aux Israéliens et Palestiniens ?
Ofer Bronstein : Oui parce qu’il est imprévisible. Les Israéliens et les Palestiniens sont habitués à une politique étrangère de la communauté internationale plus ou moins prévisible, de la part des Américains comme des Européens. On a vu hier à Riyad. On a un homme d’affaires qui arrive : ‘Moi je viens parler business. Les Etats-Unis n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts. Donc si vous êtes dans la même ligne que les Etats-Unis, c’est-à-dire faire du business, vous avez un partenaire, sinon vous avez un problème.’ S’il vient avec cet état d’esprit chez les Palestiniens et en Israël, ça peut marcher. Il va leur dire : ‘Je viens de Ryad. J’ai rencontré 50 chefs d’Etat de pays arabes et musulmans. Ils sont prêts à reconnaître Israël. Ils sont prêts à faire du business avec Israël. En échange, Israël doit reconnaitre le droit des Palestiniens à un Etat.’ Ça peut marcher.
Pourtant le processus de paix est au point mort…
Le prospectus de paix est entré dans un coma profond. Ça fait quatre ans que les gens ne se rencontrent pas, les choses ne se font pas, à part les sociétés civiles qui bougent. C’est une bonne chose. Les Israéliens et les Palestiniens d’en bas sont fatigués. 50 ans d’occupation, 50 ans de conflit, ils n’en veulent plus. Avec Donald Trump, la droite et l’extrême droite israélienne risquent d’être surprises.
Pourtant lors de la campagne présidentielle, Donald Trump a semblé proche des positions du gouvernement israélien. Ce n’est plus le cas ?
C’est beaucoup moins vrai. Il a promis que l’ambassade américaine passerait de Tel-Aviv à Jérusalem. Son secrétaire d’Etat et son porte-parole mettent beaucoup d’eau dans leur vin en disant : ‘Chaque chose en son temps’. Il y a même des voix qui ont dit : ‘Oui pourquoi pas à Jérusalem-ouest quand Jérusalem-est sera la capitale du futur Etat palestinien’. La droite et l’extrême droite israélienne, qui étaient ravies de son élection, sont aujourd’hui perplexes voire très inquiètes.
Mais Donald Trump a-t-il vraiment un plan ?
Ce conflit existe depuis 100 ans. C’est les Républicains qui ont fait venir pour la première fois en 1992, après la première guerre en Irak, les Israéliens et le monde arabe autour d’une même table à la conférence de Madrid. On suivit les accords d’Oslo signés à Washington en 1993. Un processus qui date depuis 25 ans. Il n’y a plus rien à inventer. Il faut respecter le droit des Palestiniens à un Etat indépendant, il faut respecter le droit des Israéliens à être reconnus par le monde arabe et musulman. Ces deux choses-là, Trump peut le faire. Il peut nous surprendre.
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