La France commémore les 30 ans du procès de l’ancien chef de la Gestapo de Lyon, qui ordonna la rafle des 44 enfants juifs d’Izieu, non loin de la frontière suisse. Souvenirs de celui qui faillit être le 45e sur la liste.
Ces enfants, s’ils avaient vécu, auraient à leur façon participé à la marche du monde. Ils (ou elles) auraient été fermiers, médecins, boulangers, ébénistes, pianistes virtuoses, ornithologues, professeurs des écoles, mères et pères de famille…
Parce qu’il a échappé de justesse à la rafle d’Izieu, Samuel Pintel (80 ans aujourd’hui) est devenu un brillant ingénieur en électronique. Il a travaillé dans le domaine astronomique et a participé à la mission Gaia que mène l’Agence spatiale européenne. «Le satellite Gaia tourne autour de la Terre depuis 2013 et a déjà inventorié et cartographié un milliard d’étoiles de la galaxie» confie-t-il, l’œil pétillant.
Ce dimanche 14 mai, Samuel Pintel est de retour à «la colonie», autrement dit la Maison d’Izieu, dans l’Ain. Site somptueux avec le Rhône en contrebas, la Grande Chartreuse au loin et, plus près, le dernier chaînon du Bugey. On commémore les 30 ans du procès «pour crimes contre l’humanité» de Klaus Barbie, l’ancien chef de la Gestapo de Lyon entre 1942 et 1944. C’est lui qui, le 6 avril 1944, envoya deux camions chercher au petit matin les 44 petits Juifs, des orphelins pour la plupart, que l’Œuvre de secours aux enfants (OSE) avait placés dans ce home, à l’abri des persécutions nazies, croyait-elle. Sept éducateurs furent aussi emmenés.
Tous furent envoyés au camp de Drancy, près de Paris, puis déportés à Auschwitz-Birkenau et gazés dès leur arrivée. La Maison d’Izieu est devenue le Mémorial des enfants juifs exterminés, inauguré le 24 avril 1994 par François Mitterrand, le président français de l’époque. La maison, ouverte au public, est restée dans l’état, avec le réfectoire, la salle de classe, les dortoirs. L’ancienne grange et une extension accueillent un vaste musée dédié à la mémoire de la Shoah et sa construction ainsi qu’aux crimes contre l’humanité.
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