Rien, en cette année 2017, n’était prévisible. De coup de théâtre en coup de théâtre, nous en sommes à avoir un président idéologiquement hybride doté d’un Premier ministre issu de la droite. Le plus curieux, peut-être, c’est que les Républicains, qui ont perdu l’élection présidentielle, semblent juger majoritairement que la nomination d’Edouard Philippe à ce poste, est un coup de Jarnac.
Emmanuel Macron poursuit son chemin à un rythme rapide. Il n’oublie personne, il a même accordé des circonscriptions supplémentaires au MoDem pour calmer la colère de François Bayrou. Il s’apprête maintenant à désigner des candidats de la droite à la députation et sans doute des ministres de droite. Il ignore superbement les quolibets de M. Mélenchon ou de Mme Le Pen, la stratégie engagée par François Baroin pour obtenir une majorité à l’Assemblée nationale, les promesses d’échec aux législatives des commentateurs hostiles, les analyses considérées comme pertinentes parce qu’elles prennent leur distance par rapport à une aventure politique hasardeuse, les états d’âme anachroniques du PS, démentis par les éloges adressés par Bernard Cazeneuve à Edouard Philippe, les caresses et embrassades d’un François Hollande qui prétend avoir mis M. Macron au pouvoir, alors qu’il a été plutôt subjugué puis emporté par son blitzkrieg, tout ce cortège négatif des vaincus qui accompagne le vainqueur. La même intuition qui a conduit le nouveau président à croire que la crise nationale ouvrait un boulevard à son propre pragmatisme lui suggère aujourd’hui de foncer sans trop se préoccuper des chausses-trapes et des croche-pieds.
Le voyage à Berlin.
Ce qui ne signifie pas qu’il ne calcule pas au millimètre chacune de ses démarches. Dimanche, il a pris le temps d’aller à l’hôpital militaire Percy pour rendre visite à nos soldats blessés au combat. Il va se rendre au Mali. Et, bien sûr, il a conclu avec son Premier ministre un accord de gouvernement, fondé sur l’indispensable réforme économique, sociale, morale et politique dont le pays a besoin. Hier, il était à Berlin, ce qui permet au Front national de trouver dans ce voyage la preuve de notre dépendance de l’Allemagne, alors que nous sommes tous interdépendants et que le sursaut français s’inscrit principalement dans la relance de l’Union européenne. Il ne faut pas s’y tromper. Il sera ardu de passer des intentions aux actes, mais le simple fait de tracer une voie, de l’exposer avec clarté, de souligner les principes auxquels le pouvoir est attaché a des effets bénéfiques sur le moral des Français, sur celui des Européens, et incite le monde à passer de l’étonnement à l’admiration.
Ce que la droite doit se dire alors qu’elle organise sa défense contre le président de la République, c’est qu’elle a échoué et qu’il a réussi. A elle seule, avec les 20 % de M. Fillon, elle n’aurait terrassé ni le Front, ni la France insoumise qui, tous deux, ont perdu une occasion unique de s’emparer du pouvoir. Aujourd’hui, ils en sont à souhaiter ouvertement l’échec de M. Macron, alors que son échec serait celui du pays qu’ils prétendent aimer de toutes leurs fibres. Tandis que le président nous convie à une fête oecuménique où droite, centre et gauche peuvent communier, la droite reste au dehors en nourrissant un espoir qui n’est pas conforme à l’intérêt national.
Richard Liscia
L’article de Richard Liscia est très intéressant et documenté de façon très objective. Merci.
Viviane Scemama Lesselbaum
Analyse excellente de Richard Liscia: merci !
La démocratie est ainsi faite qu’elle a besoin d’un contrepouvoir….dans l’intérêt national, et il serait judicieux qu’il soit exercé par la droite plutôt que par les extrêmes.
Cordialement