Chaque élection nous réserve son lot de surprises. Après les primaires et les présidentielles, le leader de la « France Insoumise » a une fois de plus sorti un lapin de son chapeau pour les législatives en venant défier à Marseille, le socialiste Patrick Mennucci, un candidat de gauche comme il se définit. Ce dernier avatar s’inscrit-il dans une ligne politique ou s’agit-il de relancer sa campagne après la déception du premier tour des présidentielles ?
Malgré une campagne présidentielle menée de main de maître par Jean-Luc Mélenchon, le charismatique leader de la « France Insoumise », les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances, ne lui permettant pas de se qualifier pour le second tour. Dépité et à la surprise de tous, il ne donna pas de consignes de vote claires pour faire barrage au Front National, plus menaçant que jamais. Il se retrancha derrière un peu convaincant Ni Ni – Ni Le Pen, Ni Macron – qui stupéfia la classe politique et désarçonna nombre d’électeurs. Malgré des explications gênées, il ne réussit pas à justifier une position qui peut être considérée, à juste titre, comme une faute politique et morale.
N’attendant pas les résultats du second tour, il préféra embrayer directement sur les législatives, convaincu d’obtenir enfin la consécration et devenir le représentant incontournable de l’opposition à Emmanuel Macron, fraîchement élu Président de la République. Position ambitionnée également par Marine Le Pen, la candidate du Front National (FN).
Mélenchon se revendiquant comme fer de lance de la lutte contre le mouvement d’extrême droite, n’avait que l’embarra du choix pour mener ce combat dans un des nombreux fiefs du FN. Il aurait pu, par exemple, défier sur ses terres, Stéphane Ravier le Maire frontiste des 13ème et 14ème arrondissements de Marseille.
Surprise ! Après une savante mise en scène, – en visitant le Maire LR Jean-Claude Gaudin -, Jean-Luc Mélenchon se parachute dans le 4ème secteur de Marseille, où le FN n’a aucune chance de l’emporter. Ce faisant, il affrontera le député sortant, Patrick Mennucci, soutien de Benoît Hamon durant les présidentielles et récipiendaire du prix du député de l’année pour son rapport sur les filières djihadistes.
On peut légitimement s’interroger sur les motivations réelles de l’icône de la « France Insoumise » qui préfère troquer la lutte contre le FN pour une lutte fratricide à gauche !
Se serait-il laissé aveugler par sa performance que d’aucuns qualifient de spectaculaire, lors de son dernier meeting à Marseille, prenant les applaudissements du public pour un soutien politique ?
Ou bien encore, en délicatesse avec ses alliés, tel le parti communiste, essayerait-il de retrouver un second souffle en incarnation de la «seule vraie gauche » face à un héritier du quinquennat de François Hollande ? Autre avantage, en cas d’échec, il serait plus glorieux de perdre face à un symbole socialiste dans sa circonscription que devant un obscur candidat du FN.
Jean-Luc Mélenchon semble piégé dans un jusqu’au-boutisme rejeté par une majorité de français qui l’entraîne dans une lutte mortifère bien éloignée de ses grands principes. Une telle politique est contraire à l’intérêt collectif, l’intérêt de ce peuple qu’il cite à maintes reprises durant ses discours. Car elle ne cible pas les vrais dangers, ceux de l’intolérance, de la division, de l’exclusion et de la haine qui aggraveront encore davantage la situation économique de la France. Par cette attitude, Mélenchon contribue à fragiliser les françaises et les français les plus défavorisés.
Au lieu de renouveler utilement la vie politique, ce dernier combat pourrait bien être non pas la renaissance tant espérée mais un chant du cygne.
Hagay Sobol
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