Sibeth Ndiaye, la responsable presse et communication d’Emmanuel Macron, a déclaré devant les caméras de TF1 que les juifs détenaient un « copyright » sur les crimes contre l’humanité. Sans lui faire de mauvais procès, une petite mise au point historique s’impose.
C’est avec un air rigolard qu’on lui connaissait peu qu’Emmanuel Macron écoute ses collaborateurs aux mines graves lui expliquant que ses propos sur la colonisation puis sur les partisans de la Manif pour tous, créent un buzz négatif au déroulement de sa campagne. Dans le langage du trentenaire so hype and connected, l’un d’eux résume le désastre : « on est T.T » (prononcez titi) c’est-à-dire Trending topic on Twitter. Si le téléspectateur n’y comprend rien, c’est parce que c’est trop intelligent pour lui… C’est le but de ces abréviations anglaises sans beaucoup de sens mais maniées avec tellement d’assurance que tout le monde prend un air entendu. Monsieur Homais parle aujourd’hui le business english. Il ne faut pas avoir l’air du has been, voire never been. Vider les mots de leur sens pour construire une novlangue de classe, c’est toujours le signe que l’acculturation de masse nous guette. Et que le projet de vider les cerveaux des citoyens n’est pas loin.
« Oui, il y a un copyright »
Le documentaire embedded de Yann l’Hénoret diffusé sur TF1 le lendemain de son élection, montre un Macron détendu, en pleine réunion briefing + séance de maquillage. Rentabilité, flexibilité. Visiblement il ne comprend rien à la polémique qui le place « en T.T ». Il résume tout cela, goguenard, d’un « ah… les névroses françaises ! C’est fascinant. Ça dit énormément de ce qu’est la société (…) les gens sont à cran ». Oui, « les gens » – comme dit Mélenchon quand ils s’adressent aux Français – qui souffrent, sont à cran, à fleur de peau quand on remet de l’huile sur un feu mal éteint (la colonisation) ou sur un feu bouillonnant (l’antisémitisme). Apparemment ses conseillers en communication, eux, ne trouvent pas cela fun.
Et là, entre deux coups de blush au candidat, Sibeth Ndiaye la responsable presse + maquilleuse occasionnelle – flexibilité, rentabilité – complète les propos de sa collègue Laurence Haïm en utilisant un terme qui a retenu mon attention : le « copyright ». Laurence Haïm parle maladroitement de « monopole dans la communauté juive » pour faire comprendre à Emmanuel Macron pourquoi sa comparaison a pu non seulement choquer les Français rapatriés mais aussi et surtout les juifs de France. Le crime contre l’humanité est lié dans l’opinion générale au génocide des Juifs, tente-t-elle – selon moi – de lui faire comprendre. On entend alors au même moment Sibeth Ndiaye dire : « oui, il y a un copyright ».
En tant qu’enseignante d’histoire ayant dirigé un ouvrage sur l’enseignement comparé des génocides du XXe siècle, mes oreilles ont sifflé en écoutant le raccourci partiel et partial de Laurence Haïm, mais le « copyright », ça je n’y croyais pas. Le crime contre l’humanité serait une marque déposée par et pour les Juifs ? J’avais dû mal entendre. Dès que le documentaire fut disponible en ligne, j’ai vérifié. Oui, le mot « copyright » a bien été utilisé pour lier l’extermination des Juifs et le « contre l’humanité ». Ce mot en dit long sur l’inculture des communicants, sur une certaine vision communautaire de l’histoire, sur la concurrence des mémoires qu’elle a produite, sur le langage mainstream. Les mots n’ont plus aucun sens, tout est interchangeable. Comme les individus dans la grande entreprise finalement. Et on y est : le shoah business ?
Sibeth Ndiaye n’est pas Dieudonné
Les juifs exercent une forme de « copyright » sur le terme de crime contre l’humanité. Voilà ce que synthétise Sibeth Ndiaye quand elle voit que le candidat Macron a dû mal à saisir ce que Laurence Haïm explique. Je n’y vois aucun antisémitisme, que les choses soient claires. Je ne pense pas que Sibeth Ndiaye soit une fan de Dieudonné et Soral qui excellent dans ce genre de comparaison et en ont fait, au sens propre, leur fonds de commerce. Néanmoins, je crois que l’usage de ce terme, dans le flot de la conversation, sans y penser, montre comment les thèmes sont développés dans une campagne électorale.
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Je ne la croyais pas X
Sibeth mai si