Il existe dans le judaïsme une grande richesse musicale, mais l’usage de la musique sacrée reste limité, explique Yeshaya Dalsace, rabbin de la communauté DorVador.
S’il existe de très beaux airs, notamment le Kol Nidré repris par Bruch, le mode de fonctionnement synagogal empêche la composition de grandes œuvres. Tout simplement parce que la synagogue est interactive et que durant les solennités, shabbat et fêtes, l’usage d’instruments de musique n’est pas de mise. Pas d’orchestre donc, ni de chorale, seulement parfois un solo de chantre (Hazan)… Il y a quelque chose de nu, de simple, de direct dans les chants de la synagogue. Le visiteur sera frappé par le joyeux brouhaha et la participation inégale de tout un chacun. C’est convivial, chaleureux, humain, mais l’esthétique en prend un coup.
Pour ce qui est du corps, s’il se balance souvent dans les synagogues au rythme de la concentration personnelle, il participe assez peu. Pas de grandes processions, juste un peu de solennité quand on promène les rouleaux de la torah dans le public, pas de mise en scène compliquée, pas de mystère. Une fois par an, à la fête de Soukot, on fait le tour de la synagogue en chantant avec un bouquet de plantes, le loulav, puis le huitième jour, pour Simhat Torah, avec tous les rouleaux de la torah en dansant sur des airs populaires. C’est joyeusement anarchique… mais point de chorégraphie et point d’orchestration…
À la table familiale du shabbat, on chante parfois de très beaux airs sur des poèmes liturgiques médiévaux. Dans le hassidisme, il existe une tradition de Nigoun : un air lancinant et sans paroles que tout le monde peut reprendre, une sorte de méditation musicale collective. Et puis, chez tous les Juifs, on danse, des danses joyeuses et débridées pour toutes sortes d’occasions, mariages, Bar Mitsva et autres… Mais tout cela n’est jamais très organisé, jamais coordonné, jamais totalement esthétique, même si cela vous prend aux tripes.
Du fait des variétés géographiques du judaïsme, il existe des traditions musicales très différentes dans des styles variés. Il existe également, depuis peu, un zinzin religieux néo-disco très à la mode dans certains milieux et qui n’est nullement à la gloire de l’art musical juif…
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