Les combattants juifs de la seconde guerre mondiale

Le Centre Goldstein-Goren de recherche sur la Diaspora de l’Université de Tel-Aviv, sous la direction du Prof. Simha Goldin, a présenté ce jeudi 20 avril, les travaux en cours d’un important projet d’études sur le 1,5 million de soldats juifs ayant combattu contre les nazis pendant la seconde guerre mondiale, lors d’un colloque qui s’est déroulé sur le campus dans l’auditorium du Centre Cymbalista de l’héritage juif.Jewsinthe_war

Le projet, soutenu en partie par l’Association des Amis français de l’Université, a pour but d’éclairer cet aspect jusque-là quasi-inconnu de la seconde guerre mondiale, et de mieux comprendre la vie et le rôle de ces soldats dans les différentes armées pour lesquelles ils combattaient, ainsi que les problématiques auxquelles ils se trouvaient confrontés.

« Contrairement à la première guerre mondiale, où les Juifs ont combattu essentiellement pour les  pays dont ils étaient citoyens, durant la deuxième ils avaient la conscience de se battre pour la sauvegarde du peuple juif, et pour prouver aux autres que les Juifs étaient capables de combattre » a déclaré le Prof. Simha Goldin, directeur du Centre Goldstein-Goren, relevant l’importance de ce projet qui porte à la conscience du public un aspect du conflit resté dans l’ombre : « Lorsqu’on parle de la seconde guerre mondiale, on évoque à juste titre les victimes de la Shoah. Mais plus de 1,5 million de Juifs ont pris part à la lutte contre les Nazis dans des unités combattantes des armées alliées ».

Les soldats juifs dans les armées française, britannique et américaine

La première session du colloque a été consacrée aux soldats juifs dans les armées française, britannique et américaine. La recherche de Galit Haddad (UTA) porte sur l’expérience des prisonniers de guerre français d’origine juive dans les camps allemands (1940-1945). Environ 86 000 soldats de confession juive ont combattu sous le drapeau français au début de la guerre. Suite à la défaite de juin 40, entre 10 000 et 15 000 se sont retrouvés prisonniers. Grâce à la convention de Genève de 1929 relative aux prisonniers de guerre, ils ont pu échapper au destin tragique des juifs de France sous le régime de Vichy. Comment leur identité juive a-t-elle pu s’exprimer pendant leur captivité ? Se différenciaient-ils des prisonniers non-juifs des camps ? Comment ces derniers les considéraient-ils ? Selon la chercheuse, malgré la relative égalité entre les prisonniers créée par la captivité, les Juifs, « qui avaient eu l’habitude pendant des années de se considérer comme faisant partie de la communauté française ont soudain redécouvert leur identité ‘israélite’ ».

Françoise Ouzan (UTA) s’attache à la rencontre chargée de sens des soldats juifs américains avec les Juifs locaux pendant le débarquement en Afrique du Nord : « Parmi les 16 millions d’Américains ayant servi pendant la Deuxième Guerre mondiale,  plus d’un demi million étaient juifs. Motivés par le patriotisme et une féroce détermination à combattre les nazis et leurs alliés, ils ont servi dans toutes les unités de l’armée américaine » explique la chercheuse, qui analyse les modalités et la spécificité des  interactions qui ont suivi le débarquement allié au cours de l’opération Torch (8 novembre 1942), en particulier dans la ville d’Oran en Algérie. Pour cette recherche, elle a consulté de nombreux fonds d’archives aux États-Unis et en France et conduit des entretiens du côté américain et de celui des Juifs d’Algérie, à une période cruciale de leur histoire.

Maya Guez (TAU), quant a elle, se concentre sur les soldats de l’armée britannique : « On a beaucoup écrit sur les actions des volontaires de la communauté juive de Palestine dans la Brigade juive sous les auspices du gouvernement britannique. Mais  ils ne représentaient que 5000 personnes sur un total de 62 000 juifs venus de toute l’Europe et de la Palestine mandataire qui ont rejoint l’armée anglaise pour combattre l’ennemi nazi. Nombre d’entre eux n’avaient pas la nationalité britannique. Pourtant, ils se sont battus courageusement dans le cadre d’une armée avec laquelle ils n’avaient à priori aucun lien. Se considéraient-ils comme des patriotes juifs ou britanniques ? Par quels moyens exprimaient-ils leur judéité dans le cadre de l’armée anglaise? La chercheuse a présenté les cas particuliers de soldats d’origines différentes ayant combattu dans les rangs de l’armée britannique, dont Haïm Herzog, père du député Itzhak Herzog, citoyen britannique, Stef Werteimer, originaire d’une famille allemande ayant émigré vers la Palestine et Romain Gary, né en Pologne mais citoyen français depuis l’âge de 14 ans.

Deux Musées des combattants juifs

La deuxième session portait sur les musées destinés à pérenniser la mémoire de ces combattants. Le Musée des combattants juifs de la seconde guerre mondiale de Latroun, ouvert au public en 2014, a été présenté par son fondateur et directeur Zvi Kantor. « Pendant la seconde guerre mondiale, alors que le monde se battait pour sa liberté, des territoires, une idéologie ou des frontières, le peuple juif a combattu pour sa survie. Toute personne qui se rend au Yad Vashem devrait compléter sa visite par celle du musée de Latroun » a-t-il déclaré, précisant que l’armée israélienne a été créée grâce à l’expérience acquise par les soldats juifs qui ont combattu dans les armées alliées.

Gregory Reikhman a présenté le Musée de l’énergie du courage, situé à Hedera, créé il y a 22 ans et consacré aux 500 000 combattants juifs de l’armée soviétique. La troisième session toute entière a été consacrée à ces derniers, avec la participation d’Evgeny Krinko (Académie russe des sciences), intervenant sur « l’historiographie moderne soviétique et russe sur la participation des soldats juifs à la seconde guerre mondiale », et  Arkadi Zeltser (Yad Vashem) sur le thème « Soldats juifs et conscience ethnique dans l’Armée rouge ». Leonid Smilovitsky (TAU), se consacre quant à lui à l’étude de la correspondance des soldats juifs avec leur famille ainsi qu’à celle des journaux intimes des combattants comme source historique.

Les chercheurs poursuivront leur recherche cette année, en les élargissant si possible aux juifs dans les armées d’Europe centrale, en Pologne et en Hongrie.

Source ami-universite-telaviv

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