De Juppé à Macron : Interview d’Aurore Bergé, par Sylvie Bensaïd

Dans le cadre du premier tour de la présidentielle nous avons interviewé Aurore Bergé, membre du comité politique En Marche ! Propos recueillies par Sylvie Bensaid.aurore bergé

Tribune juive : Aurore Bergé, vous êtes élue Les Républicains, vous avez soutenu Alain Juppé pendant la campagne des primaires, à droite, vous pilotiez sa campagne numérique, vous êtes la première tête d’affiche juppéiste à avoir rejoint le mouvement « En Marche ». Pourquoi ce choix ? N’était-il pas plus cohérent de soutenir Francois Fillon qui appartient à votre famille politique et dont le programme se rapproche le plus de celui d’Alain Juppé ?

Aurore Bergé : Dans l’après primaire, j’ai souvent entendu dire «les programmes d’Alain Juppé et de François Fillon se rejoignent sur l’essentiel, ils sont similaires à 90%». Mais tout dépend ce que l’on met dans ce qui serait «accessoire» ou dans ces «10%». Pour moi, il est question de valeurs et elles ne sont pas négociables. Sinon, pourquoi s’engager dans la vie politique et citoyenne de notre pays ?

Quand François Fillon ouvre des ambiguïtés sur la question de l’IVG alors que ma propre mère s’est battue pour la reconnaissance de ce droit, c’est insupportable. Ce sujet ne peut souffrir aucune ambiguïté, sinon elle s’exerce toujours au détriment des femmes. D’ailleurs, ouvrir la voie à une entrée de Sens Commun au sein du gouvernement demain fait clairement courir des risques à nos droits.

Quand François Fillon veut revenir sur l’adoption plénière pour les couples de même sexe créant une discrimination entre les enfants en fonction de leurs parents, où est le projet républicain d’égalité et de fraternité ?

Quand François Fillon, comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, est pris d’une « poutinophilie », où est la voix et d’indépendance de la France ? Je souhaite une France libre dans une Europe forte. C’est le chemin que propose Emmanuel Macron.

Tribune juive : Ne pensez-vous pas que vous trahissez la droite et son état-major que vous avez rejoint depuis l’âge de 16 ans en soutenant Emmanuel Macron ancien ministre de Francois Hollande ?

Aurore Bergé : Je refuse de trahir mes convictions. Vous le rappelez, je me suis engagée à 16 ans. C’était en 2002 et nous étions tous en état de sidération. Aujourd’hui tous les candidats, sauf Emmanuel Macron, ont capitulé face à Marine Le Pen. Leur seul enjeu est d’être qualifiés face à elle au second tour !

Moi, je ne me suis pas engagée dans un clan, dans une caserne mais en fonction de convictions et de valeurs qui non seulement ne se sont pas taries mais se sont renforcées. Je ne me suis pas engagée pour me planquer et attendre que l’élection présidentielle se déroule sans y prendre ma part. 

Quant aux accusations en opportunisme… Vous savez, si le choix que j’ai fait était si simple après tant d’années d’engagement au sein d’un parti, nous aurions été bien plus nombreux à le faire !

Tribune juive :Que préconisez-vous au sein d’En Marche concernant la lutte contre l’antisémitisme, BDS, la reconnaissance de l’état palestinien ?

Aurore Bergé : Je n’aurais pas pu soutenir un candidat qui n’était pas clair sur ces sujets qui sont essentiels pour moi. 

Je reste profondément marquée par les attentats de Toulouse. Cibler des Juifs parce qu’ils sont Juifs est intolérable, insupportable. On ne doit pas fermer les yeux sur la montée de l’antisémitisme dans certains de nos quartiers. Mais la France n’est pas un pays antisémite. Je rejoins les propos de Manuel Valls sur ce sujet essentiel : « la France sans les Juifs ne serait plus la France. »

Je me considère comme une amie d’Israël. C’est un pays que j’aime et au sein duquel nombre de mes amis ont fait le choix de vivre. Personne ne doit remettre en question la légitimité de l’existence de l’Etat d’Israël.

Emmanuel Macron l’a réaffirmé lui-même : nous sommes des amis d’Israël et des partenaires pour la sécurité d’Israël. Nous sommes contre une reconnaissance unilatérale de l’Etat palestinien qui ne permettrait pas de renforcer la paix et de faire émerger une solution à deux Etats vivant en paix et en sécurité. Enfin, concernant BDS, ce mouvement prône des mesures anti sionistes qui cachent mal leur antisémitisme. L’antisionisme conduit irrémédiablement à l’antisémitisme. Le boycott n’est pas acceptable.

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1 Comment

  1. Merci à Sylvie Bensaïd d’avoir posé les questions utiles.
    Je suis heureux de voir que les principes ne sont pas seulement un hochet pour vieux mais qu’ils engagent toujours les jeunes (31 ans). Les jeunes Juppéistes, qui avaient subi courageusement mon goût des longues conservations politiques, m’avaient tous frappé par leur idéalisme généreux, se refusant à l’agressivité des « valeurs » assénées. Nous avons encore une jeunesse enthousiaste. Avec les vieux emmerdeurs tenaces, et tout se qui se tient entre les deux, nous pouvons toujours croire à la France.

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