Pour l’ancien président, le prochain chef de l’État doit allier la conviction, la détermination et l’expérience. Saurez-vous décrypter son choix ?
La France est bien malade. Les Français le savent. Vont-ils faire le nécessaire pour la guérir ? Le problème central est que l’économie française, jadis puissante, n’est plus compétitive. Regardez autour de vous. La plupart des produits ou des objets que vous utilisez sont fabriqués à l’étranger. D’où le déficit extérieur et le chômage.
La présidence sortante, la plus faible de la Ve République, s’est engagée à réduire le chômage : celui-ci reste aujourd’hui le plus élevé de toutes les puissances économiques, États-Unis, Allemagne et Grande-Bretagne, et il pèse lourdement sur le budget en augmentant la dette qui vient d’atteindre un niveau record. Il ne pourra diminuer que si la France retrouve l’expansion.
Certains candidats à la présidence de la République proposent pour cela la sortie de l’Europe et l’abandon de l’euro. C’est une absurdité ! La France n’a connu la croissance qu’avec une monnaie forte. L’abandon de l’euro ramènerait la France dans une spirale de dévaluations, telle qu’elle l’a connue avec trois dévaluations successives dans les années qui ont suivi l’élection de François Mitterrand, et qui ont appauvri d’autant les Français.
Les grandes institutions nécessaires au bon fonctionnement d’une démocratie, qui sont l’éducation et la justice, sont dégradées. L’éducation, qui a été une des premières d’Europe, figure maintenant en queue des classements, et la justice paraît avoir abandonné la règle d’or du secret de l’instruction.
Sur le plan extérieur, la situation n’est guère meilleure. La France est devenue invisible. Elle n’exerce plus en Europe, bien qu’étant un pays fondateur, aucune des quatre présidences jadis confiées à Simone Veil, Jacques Delors et Jean-Claude Trichet. En cinq ans, le président français n’a pris aucune initiative pour faire avancer l’intégration de la zone euro, vitale pour notre avenir, et a laissé se creuser l’écart économique entre la France et l’Allemagne.
Alors, qui choisir comme président ?
Il lui faut trois qualités : la conviction, la détermination et l’expérience.
La conviction que la France peut guérir si le bon diagnostic est posé sur les maux dont elle souffre.
La détermination pour appliquer les remèdes nécessaires, sans se laisser bloquer par les multiples intérêts et lobbys. Mais la société française est une société sensible, et cette détermination doit s’exercer avec compréhension et humanité.
Enfin, l’expérience est indispensable. Il ne faut pas faire payer au pays le coût de ses improvisations personnelles ! L’expérience ne s’acquiert qu’avec une longue présence dans les hautes fonctions gouvernementales pour apprendre la bonne manière de gouverner et de gérer une majorité parlementaire. J’étais jeune lors de mon élection à la présidence de la République, mais j’avais servi sept ans auprès du général de Gaulle et cinq ans auprès du président Georges Pompidou.
Puissent les Françaises et les Français rechercher ces qualités lorsqu’ils feront leur choix. La France est bien malade. Il n’y a que le peuple français qui puisse la guérir.
M. Giscard d’Estaing fut, De Gaulle étant à part, le politique le plus intelligent de la V° République. Les insultes contre lui et son âge sont scandaleuses. Cependant, son exigence d’une plus grande intégration de la zone euro montre une incompréhension dogmatique de notre situation de domination économique par la RFA et des ravages que l’abandon de notre souveraineté monétaire a fait subir à notre économie.
Nous sommes dans la situation des Etats Unis pour la domination des produits étrangers sur notre marché. Cela ne vient pas d’un défaut de compétitivité de nos économies mais du libéralisme incontrôlé qui favorise le produit le moins coûteux, avec le gaspillage et les dommages écologiques considérables du transport
de fret, soumis à une concurrence sauvage dangereuse pour tous.
Par élégance, Giscard d’Estaing a préféré ne pas nommer le candidat qu’il préfère, et je lui donne raison.
Olivier Comte n’est pas d’accord avec l’analyse de Giscard ? c’est son problème.
Quant à mon propre problème, c’est l’espoir que les élections se passeront dans la sérénité.
Vive la République, et Vive la Liberté dans les urnes.