Les archives de la Commission des Nations-unies sur les crimes de guerre mise sur pied après le conflit pour poursuivre les assassins nazis doivent être dévoilées cette semaine. Elles fournissent de plus amples détails sur le génocide perpétré par ces derniers durant la seconde guerre mondiale.
Il s’agit de dizaines de milliers de documents, et tous ont trait aux crimes de guerre commis par les forces de l’Axe durant la seconde guerre mondiale. Ces dossiers avaient été compilés, mis sur pied dès 1943 pour les besoins de la Commission des Nations-unies pour les crimes de guerre, et utilisés lors de l’instruction des procès intentés contre les dignitaires politiques et officiers responsables de massacres, crimes de guerre et génocide durant ce conflit. Jusqu’ici ces archives étaient tenues dans le plus grand secret par l’Organisation des Nations-unies et laissées à la seule lecture d’historiens autorisés par leur pays à faire une demande au secrétaire général de l’ONU. Un exercice qui demeurait très encadré: les chercheurs ne pouvaient pas prendre de notes, encore moins faire des photocopies. Cette semaine, elles seront rendues publiques via un catalogue en ligne et disponibles aux yeux des internautes, signale le Guardian.
Une arme contre le négationnisme
C’est la bibliothèque Wiener, fondée à l’origine à Amsterdam en 1934 pour garder une trace de l’antisémitisme nazi et transportée peu avant l’éclatement de la guerre à Londres, qui doit assurer cette publication en ligne. L’archiviste actuel de la bibliothèque explique: “Les gens pourront venir et regarder dans les archives par eux-mêmes”. L’intérêt historiographique est élevé, selon lui: “Il se pourrait bien que ces gens puissent ensuite réécrire des chapitres cruciaux de l’Histoire grâce à ces nouveaux éléments”. Ces multiples contenus pourraient aussi se révéler efficaces pour lutter contre les thèses négationnistes.
C’est en tout cas ce qu’espère Dan Plesch, un universitaire qui a déjà pu consulter cette mine d’informations pour écrire son livre Les droits de l’Homme après Hitler: l’histoire perdue des poursuites contre les crimes de guerre de l’Axe, qui sort au même moment. Dans certains des documents révélés, Hitler est nominativement désigné: comme dans ces pages, rédigées grâce aux informations collectées par le gouvernement tchécoslovaque en exil évoquant les consignes du tyran à l’origine de massacres commis en Tchécoslovaquie. Beaucoup des éléments ayant servi à l’établissement des dossiers ont été obtenus par les autorités de pays envahis, notamment en Europe centrale et orientale. Durant le conflit, le gouvernement polonais en exil a transmis beaucoup de détails à la Commission des crimes de guerre des Nations-unies sur les camps de Treblinka ou encore d’Auschwitz. Dans une note écrite en avril, on faisait ainsi état de déportés forcés à se déshabiller avant de pénétrer “dans des chambres dont le sol en terracotta devient très glissant lorsqu’il est mouillé”.
Une clôture politique
Si ces archives ont été tenues si éloignées des yeux et des mémoires depuis sept décennies c’est qu’elles ont été closes tout ce temps pour des raisons principalement politiques. A partir de la fin des années 1940, on se montre réticent à prolonger les procès pour ménager l’Allemagne de l’ouest devenue un allié-clé dès les premiers balbutiements de la guerre froide. Aux Etats-Unis, un puissant lobbying mené par le sénateur Joseph McCarthy (initiateur de la campagne anticommuniste, connue sous le nom de Mccarthysme) fait pression pour mettre fin à ces tribunaux jugeant les crimes de guerre. A l’époque, on préfère se concentrer sur la confrontation avec le bloc communiste que se pencher sur ce passé immédiat.
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