Lettre à Marine Le Pen, par Hagay Sobol

Pourquoi la présidente du FN a tenu ses propos sur le Vel d’Hiv au seuil du premier tour des élections présidentielles.
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Madame Marine Le Pen, 

Si l’on m’avait dit qu’un jour je vous écrirais, je n’aurais pu le croire, tant nous sommes éloignés sur le plan des valeurs.

Mais vos derniers propos affirmant que « la France n’est pas responsable [de la rafle] du Vel d’Hiv » ou ceux de votre nièce Marion Maréchal – Le Pen claironnant que « Nous ne serons pas la génération qui s’excuse » me poussent à prendre la plume, par média interposé.

Je pense pouvoir dire que j’incarne, ainsi que la famille dont je suis issu, tout ce que vous voulez nier et effacer de vos livres d’histoire mais qui illustre pourtant parfaitement la fière devise de la France : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Aussi permettez-moi de me présenter. Je suis Professeur de Médecine exerçant dans un Centre de Lutte Contre le Cancer à Marseille et appartenant à la troisième génération de l’immigration russo-polonaise. Pour rester en vie, mes grands-parents durent fuir la terrible dictature qui avait trahi les espoirs de la révolution de 1917. Pour destination, ils choisirent le pays des libertés et phare des nations. La France les accueillit et ils devinrent français. S’ils durent tout recommencer, apprendre la langue et un nouveau métier, ils se sont parfaitement intégrés.

Puis vint un  terrible jour, où  un gouvernement français décida de déchoir ma famille de sa nationalité française. Certains furent parqués dans des camps de transit, Pithiviers, Baume la Rolande ou le Vel d’Hiv par des policiers français. Ceux-là disparurent dans les cendres d’Auschwitz.  D’autres qui furent sauvés par de simples citoyens, devaient rejoindre par la suite la résistance et la Deuxième DB du Général Leclerc.

Je suis issus de ces survivants qui ayant tout perdu, prirent un nouveau départ, l’espoir chevillé au corps.

Issu de cette histoire, ce n’est pas la haine ou la rancœur qui me furent enseignées mais l’amour et le service de son prochain. Après deux Doctorats, j’intégrais le service public et j’œuvrais dans le monde associatif pour le dialogue interculturel. Je devins élu du Crif et Président du Centre Culturel Juif de Marseille. Non pas du communautarisme, mais des associations de la République, des associations de Loi 1901.

Voyant la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme une fois encore gagner du terrain, voyant votre parti à chaque élection se renforcer, il me fallait combattre ces idées  sur le plan politique. Proche des idées sociales démocrates et du courant représenté par Manuel Valls, je devins membre du Parti Socialiste pour apporter ma pierre à l’édifice.

Revenons à votre réécriture de l’histoire. Au-delà de la juste émotion suscitée par des propos que ne renierait pas votre père, il est important de dégager les raisons profondes qui ont pu vous pousser à les formuler au seuil du premier tour des élections présidentielles.

C’est à la période de Pâques que vous êtes exprimée de la sorte. Aussi, suis-je en droit de m’interroger : s’agit-il d’une coïncidence ou d’un choix délibéré ? Auriez-vous lu les mêmes textes, – la Hagada de Pessah-, que la communauté juive dans le monde entier ? Ces textes commémorent la sortie d’Egypte, le passage de l’esclavage à la liberté. On y explique également, à travers la personnalité de Moïse combien il est difficile d’être un leader, même en étant témoin de miracles.

Si c’est le cas, alors tout devient limpide.

Vous nous signifiez par des propos ne pouvant que soulever l’indignation que vous ne désirez absolument pas occuper la magistrature suprême. Terrifiée par les sondages qui vous placent au deuxième tour et étant donné l’indigence de votre programme, vous prenez conscience qu’il vous faudrait plus d’un miracle pour arriver à redresser la France dans la « bonne direction ».

Alors Madame Le Pen, « Je vous ai compris ».

Et soyez certaine, que je mettrai toute mon énergie à diffuser votre message au plus grand nombre et en particulier auprès de ceux qui ne l’auraient pas encore compris !

Hagay Sobol

 

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12 Comments

  1. Lue et relue cette lettre capitale pour l’histoire familiale et nationale.
    Ce qui est perturbant c’est aussi le cynisme de Mélenchon qui rejoint celui de l’autre extrême.
    Grâce à vous Hagay, j’ai personnellement réfléchi sur M.Valls et au vu de l’offre politique médiocre pense qu’il a la stature présidentielle.
    Quand je préparais le concours national de la résistance avec les élèves, nous partions d’un récit personnel et par capillarité remontions les fils d’Ariane du contexte. C’était humain plus qu’historique et devenait histoire de l’humain et de l’humanité. J’étais heureux de voir tous ces jeunes lire des lettres comme la vôtre.
    Bien à vous Hagay.

    • Josaphat,
      Merci pour votre commentaire et pour le travail de mémoire que vous effectuez.
      Témoignons tant qu’il restent des témoins et transmettons car c’est notre mission.
      Amicalement
      Hagay

  2. “Terrifiée par les sondages qui vous placent au deuxième tour et étant donné l’indigence de votre programme, vous prenez conscience qu’il vous faudrait plus d’un miracle pour arriver à redresser la France dans la « bonne direction ». Si je me souviens bien, c’est exactement ce qu’a fait son père en 2002 entre les deux tours, se bornant à commenter à la télévision son album de famille et ne tenant aucun meeting. Alors oui, on peut très bien critiquer le système tout en continuant d’en profiter abondamment. Comme on disait dans la famille de Napoléon, “Pourvou qué ça doure !”

    • Le soutien au FN et aux extrêmes en général, me fait penser au veau d’or. C’est de l’idolâtrie au sens de la fixité qui empêche toute évolution et exclu toute différence.
      Dangers absolus !

    • Oui, si Marine nous envoie à un passé lugubre, Melanchon nous concocte un avenir qui laisse entrevoir une Europe avec un axe france-Turquie. Turquie avec majuscule, car c’est Elle qui mènera la danse, Melanchon avalé après rétablissement de la peine de mort!
      Le fait est, dit en passant, que le P.S. est représenté aujourd’hui par un concurrent à Melanchon, parce qu’ils se battent pour le même territoire, le même pactol!
      L’autre aile du P.S. récupérée par M. Macron, qui n’est pas trop choqué par les dires de son collaborateur islamiste!
      Quand on fait un tri, on enlève l’ivraie. Ensuite reste le bon grain. C’est aussi facile que ça!

      • NO COMMENT,

        Si vous me suivez, vous devez savoir (comme je l’indique dans mon billet), je suis fidèle à Manuel Valls dont je partage les idées et soutien le courage.

        En cette veille du 1er tour, pour qui voter ? Telle est la question.

        Blanc, ou nul c’est soutenir les partis ou mouvements minoritaires mais dont l’électorat est fortement mobilisé (à l’extrême droite comme l’extrême gauche).

        Voter utile c’est éviter que ces extrêmes arrivent au pouvoir, même à voter pour un candidat qui n’auraient pas toutes les qualités que l’on espère, aussi bien à la droite qu’à la gauche ou au centre de l’échiquier politique (extrêmes exclus).

        Le seul conseil est celui de voter pour ceux qui éviteront aux 2 extrêmes de se retrouver au 2cd tour.

        Moi, j’ai choisi.

        Alors comme on dit en hébreu Kadima ou en Français… En Marche ?

    • Certaines personnes dès que l’on critique le FN, pourtant déjà placé au second tour par la majorité des sondages, plutôt que de dénoncer le dangers semblent dénoncer ceux qui sonnent l’alarme.

      Seriez-vous de ceux-ci ?

      Pour ma part, en tant que Social Démocrate, ce sont tous les extrêmes que je dénonce. Les soutiens de Mélanchon considèrent ceux de ma tendance comme des sociaux-taitres… C’est tout dire !

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