L’exposition se tiendra du 3 juillet au 30 septembre 2017, au sein du Lieu de Mémoire, au Chambon-sur-Lignon.
Cette exposition est réalisée par le Lieu de Mémoire au Chambon-sur-Lignon. Ouvert en juin 2013, ce lieu unique en Europe est dédié aux différentes formes de résistance, civile, spirituelle et armée. Le parcours historique retrace l’engagement des habitants qui a permis de sauver de nombreux réfugiés juifs entre 1940 et 1945. Il est complété par une salle mémorielle avec de nombreux témoignages. En 1990, ce sauvetage de grande ampleur a valu aux habitants du Plateau d’être reconnus à titre collectif comme «Justes parmi les nations» par l’institut Yad Vashem à Jérusalem.
Un village de Justes, une région de Justes
Comment oublier la pré-inauguration de ce lieu, juste avant l’ouverture officielle? A cette occasion, les enfants du collège avaient présenté dans le temple une pièce de théâtre reprenant l’histoire de la ville pendant la seconde guerre. La toute première scène représentait parfaitement la situation : une enfant apeurée que des bras noirs tentent d’attraper dans un vacarme terrible. Puis arrive un cortège de personnages vêtus de blanc, qui l’entourent et l’emmènent loin de ses prédateurs. C’est l’image de ce qui s’est passé au dans le Plateau pendant la Shoah.
Alors que tant de citoyens ont préféré ignorer la barbarie nazie envers les juifs, ce village l’a rejetée, en bloc, soudé derrière ses deux pasteurs, André Trocmé et Édouard Theis. Le lendemain même de la signature de l’armistice, André Trocmé prononce devant le village rassemblé au temple un sermon qui appelle la population à ne pas céder à la sauvagerie et à sauver son âme en y résistant : “Ainsi, parce que nous n’avons pas bien usé de la liberté qui nous était donnée, ne renonçons pas à la liberté, sous prétexte d’humilité, pour devenir des esclaves, et plier lâchement devant les idéologies nouvelles. Ne nous faisons pas d’illusions: la doctrine totalitaire de la violence a acquis ces derniers jours un formidable prestige aux yeux du monde, parce qu’elle a, du point de vue humain, merveilleusement réussi…… S’humilier, ce n’est pas plier devant une telle doctrine. Nous sommes convaincus que la puissance de cette doctrine est comparable à l’autorité de la Bête, qui est décrite dans le chapitre 18 de l’Apocalypse. Cette doctrine n’est rien d’autre que l’antichristianisme. C’est pour nous une question de conscience que de l’affirmer, aujourd’hui comme hier.” (intégralité du texte sur ICI)
En écho à ce sermon, le 10 août 1942, des enfants déclarent à un ministre de Vichy en visite dans leur village : “Nous ne faisons pas de différence entre juif et non juif. C’est contraire à l’enseignement évangélique. Si nos camarades, dont la seule faute est d’être nés dans une autre religion, recevaient l’ordre de se laisser déporter ou même recenser, ils désobéiraient aux ordres reçus et nous nous efforcerions de les cacher de notre mieux”.
Des enfants qui suivant l’exemple de leurs aînés ont, par cette simple réplique à un représentant de l’autorité qui collaborait, montré ce que signifiait la conscience d’être des êtres humains libres.
Une histoire commune tissée au fil des siècles
Juifs et protestants : deux minorités françaises, l’une présente de très longue date, l’autre depuis le XVIème siècle. L’exposition montre les relations qu’elles ont entretenues alors qu’un peu partout en Europe on s’apprête à commémorer le 500ème anniversaire de la Réforme.
Depuis lors, et jusqu’à nos jours, les destins des juifs et des protestants ont été marqués par des moments de rencontres, que ce soit avec les textes ou avec les hommes : l’épanouissement d’une culture biblique chez les huguenots, les persécutions qu’ils ont subies sous Louis XIV – un moment nommé « le Désert » en référence à l’histoire de l’ancien Israël –, la double émancipation des uns et des autres sous la Révolution française, les chantiers partagés sous l’État républicain et notamment pendant l’affaire Dreyfus puis le vote de la loi de séparation des Églises et de l’État, le rôle des protestants dans le sauvetage des juifs sous Vichy, les échanges d’après-guerre dans le cadre des amitiés judéo-chrétiennes, afin d’en terminer avec l’antique antijudaïsme. Ce sont cinq siècles d’une histoire très particulière que l’exposition offre de parcourir.
Les évènements culturels liés à l’exposition
Concerts
- Figures musicales de la Réforme, de Luther à nos jours par Hervé Désarbre, organiste du ministère de la Défense, titulaire de l’orgue de la chapelle du Val-de-Grâce à Paris. Dimanche 9 juillet, 20h30. Temple du Chambon.
- Luther et la musique, par l’ensemble la Chapelle Rhénane dirigée par Benoit Haller en partenariat avec le Festival de la Chaise-Dieu. Samedi 12 août, 20h30. Temple du Chambon.
- La passion selon saint Marc. Une passion après Auschwitz. Création de Michaël Levinas dans le cadre du 51e Festival de la Chaise-Dieu en partenariat avec Le Chambon-sur-Lignon. Samedi 19 août, 14h30. Abbatiale Saint-Robert de la Chaise-Dieu.
Conférences
- L’image d’Israël dans les sermons clandestins du Désert par Céline Borello, professeur d’histoire contemporaine à l’université du Mans. Jeudi 6 juillet, 18h30. Maison des Bretchs.
- Les promesses inachevées de la Réforme par Olivier Abel, professeur de philosophie et d’éthique à la Faculté de théologie protestante, Montpellier, en partenariat avec l’Eglise protestante unie du Chambon-sur-Lignon. Samedi 22 juillet, 18h30. Temple du Chambon.
- “L’histoire juive” dans l’histoire de France : le musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris par Paul Salmona, directeur du MAHJ. Jeudi 27 juillet, 18h30. Maison des Bretchs.
- Juifs et protestants en France, les affinités électives XVIe-XXIe siècle par Patrick Cabanel, directeur d’études à l’EPHE, Paris. Jeudi 10 août, 18h30. Maison des Bretchs.
Cette exposition bénéficie du soutien du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de Paris, de la Société d’histoire du Protestantisme Français et du Musée du Protestantisme de Ferrières.
Conseillers scientifiques : Patrick Cabanel, professeur d’histoire contemporaine à l’École Pratiques des Hautes Études, Paris et Paul Salmona, directeur du musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, Paris.
Coordination : Aziza Gril-Mariotte, responsable de la programmation culturelle et scientifique du Lieu de Mémoire.
Contact : Lieu de Mémoire – 23, route du Mazet 43400 Chambon/Lignon – Tel : 04 71 56 56 65
www.memoireduchambon.com
accueil@memoireduchambon.com
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