«Regardez ce qui s’est passé la nuit dernière en Suède!», avait lancé sans aucune justification, mi-février, le président américain, aujourd’hui présenté comme un prophète par ses supporters après l’attaque qui a fait quatre morts.
Mi-février, Donald Trump avait fait polémique en inventant une fausse attaque terroriste en Suède, lors d’un meeting en Floride: «Regardez ce qui s’est passé en Allemagne. Regardez ce qui s’est passé la nuit dernière en Suède. La Suède, qui aurait pu le croire? La Suède?» Le président des États-Unis s’était ensuite justifié en affirmant qu’il se référait à un reportage de Fox News sur la criminalité dans ce pays qui a massivement accueilli des réfugiés ces dernières années. Il avait été abondamment moqué et critiqué, l’ancien Premier ministre suédois Carl Bildt lâchant sur Twitter: «Qu’est-ce qu’il a fumé?» Un épisode qui est désormais rappelé par les soutiens de Trump après l’attaque terroriste au camion-bélier qui a frappé Stockholm, vendredi 7 avril, faisant, selon le dernier bilan disponible samedi midi, quatre morts.
C’est par exemple le cas du site conservateur The Daily Caller, qui s’attaque nommément aux animateurs de télévision John Oliver et Seth Meyers, qui avaient tourné Trump en dérision:
«Devinez quoi, les mecs. Vendredi, un camion a foncé dans une foule à Stockholm, Suède, faisant plusieurs morts et encore plus de blessés. […] Continuez à rire, tous. Le terrorisme est hilarant.»
De la même façon, le tabloïd britannique Daily Mail s’interroge: «Trump avait-il raison à propos de la Suède depuis le début?»
Outre-Manche, un autre quotidien, The Independent, raconte comment, après l’attentat, les supporters de Donald Trump se sont très vite répandus sur les réseaux sociaux pour rappeler que le président des États-Unis avait «averti» le monde du danger planant sur la Suède, déclenchant en retour des accusations d’exploitation opportuniste de la part des opposants du 45e président des États-Unis.
De manière plus «théorisée», Russell Paul La Valle, un chroniqueur du site politique The Hill, estime lui qu’«il semble que Trump avait mis le doigt sur un truc –il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de Suède. Et cette moisissure s’appelle le multiculturalisme», avant de conclure: «Le multiculturalisme à la suédoise est-il en train d’arriver aux États-Unis? […] Certains diront qu’après huit années de collectivisation du gouvernement par Barack Obama, de polarisation des questions raciales, de mobilisation d’une nouvelle base électorale d’immigrés et d’installation d’une culture étouffante du politiquement correct, il est déjà là.»
De même qu’une montre cassée donne parfois l’heure, il arrive à Trump d’effleurer des vrais problèmes quand il dit des choses fausses ou hâtives. Pour une présentation plus équilibrée des faits concernant la Suède, on se reportera donc à l’analyse d’un autre quotidien britannique, The Telegraph, qui pointe une hausse des homicides et des viols dénoncés ces dernières années, ainsi que des difficultés de la police à faire respecter l’ordre dans certains quartiers, mais note également qu’«un des plus grands problèmes n’est pas une criminalité en hausse mais la perception de cette criminalité», des études ayant montré que «la majorité des suspects de crimes sont nés en Suède de parents suédois mais que les personnes d’origines étrangères sont 2,5 fois plus fréquemment soupçonnées de crimes». Un tableau bien plus nuancé de la situation suédoise, qui n’a pas grand-chose à voir avec celle des États-Unis.
Poster un Commentaire