Pour Bachar l’assassin, une enquête et puis c’est tout, par Sarah Cattan

Alors que vous êtes tous à vous demander si François Fillon les a rendu, ses costumes, s’il existe, le Cabinet noir de Hollande et surtout, surtout, si Poutou aurait dû mettre chemise et cravate mardi soir, une attaque au gaz toxique avait lieu à Khan Cheikhoun, ville de l’ouest de la Syrie, mardi justement, attestée par des  video et images que tous jugèrent insoutenables.partir rester

Alors vous savez quoi ? Le monde s’indigna. Et notre Président eh bien il monta au créneau, exigeant une réunion du Conseil de sécurité immédiate, nous faisant croire qu’elle existait encore, la France que jadis nous aimâmes.

Vos journaux ? Ils parlèrent même d’ attaque chimique présumée, qui aurait en tout cas, toute présumée qu’elle fût, fait au moins 86 morts et quelque 170 blessés, dont de nombreux enfants saisis de convulsions et peinant à respirer. Des photos nous les ont montrés, ce secouriste tentant d’échapper au raid aérien qui frappa l’hôpital peu de temps après l’attaque chimique.

Le monde donc ? Il s’indigna dans une noble unanimité. Pour désigner les coupables, l’unanimité n’était déjà plus au rendez-vous. Certes, ils furent tous désignés, les différents acteurs de la tragédie, et les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni présentèrent un projet de résolution au Conseil de sécurité, condamnant l’attaque chimique en Syrie et appelant à une enquête complète et rapide, le régime étant soupçonné d’avoir utilisé des obus contenant du gaz chimique. Si vous avez lu la satire cohenienne de l’ONU, vous avez quelques doutes sur l’après. Dans un communiqué, notre Président dénonça les mensonges de Bachar al-Assad et s’en prit aussi à ses soutiens, qui lui offriraient une impunité intolérable. Les alliés du président syrien ? Entendez surtout la Russie. Donald ? Il a durci le ton lui aussi, dénonçant un acte odieux qui aurait frappé des innocents, et taclant au passage l’administration Obama, sa faiblesse et son manque de détermination.partir rester1

Bref. Bachar al-Assad, ils lui demandent des comptes, et exhortent la Russie et l’Iran à mettre au pas leur allié. Mais l’armée de l’assassin dément catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun et nous explique que c’est aux insurgés qu’il faut l’imputer, cette tragédie. Eux, les groupes rebelles syriens, dont l’ex-branche d’Al-Qaïda, ils jurent de venger les victimes et demandent à leurs combattants d’embraser les fronts.

L’OSDH, observatoire syrien des droits de l’Homme basé en Grande-Bretagne, décompte le nombre d’enfants assassinés par suffocation et mentionne les problèmes respiratoires, évanouissements, vomissements, convulsions, ainsi que la  présence de mousse dans la bouche des victimes. Ceux, Casques blancs, secouristes et médecins qui étaient au chevet des mourants, avec de pauvres moyens, les aspergeant d’eau avec des tuyaux d’arrosoir, furent frappés par une bombe qui impacta l’hôpital. Mais l’OSDH, il n’est pas, aujourd’hui, en mesure de dire si les raids étaient le fait d’avions de l’armée syrienne ou de ceux de la Russie, allié du régime.

Pour info, depuis 2011, les armes chimiques furent à maintes reprises utilisées par ce régime qui nia toujours, lui qui avait déclaré en posséder et avait menacé de les utiliser sur la population si l’Occident intervenait. En 2013, près de Damas, une attaque au gaz sarin avait fait au moins 1.429 morts dont 426 enfants et en 2014, les enquêteurs de l’OIAC, organisation pour l’interdiction des armes chimiques, confirmaient que du chlore avait été utilisé en tant qu’arme chimique de manière systématique et répétée et Human Rights Watch affirma que ces attaques contre des villages aux mains des rebelles étaient le fait du régime. En 2015, un rapport confidentiel reçu par l’ONU fit état de ces attaques au chlore dans la province d’Idleb, et en 2016, l’OSDH dénonça 24 suffocations dans une ville rebelle du sud d’Alep.

Nos media ? Ils s’émeuvent. Titrent sur Les enfants d’Assad, republient la photo d’Omrane, blessé lors du bombardement de son immeuble à Alep, et ajoutent  celles d’enfants anonymes, morts les yeux grand ouverts mardi. Le Wall Street Journal, il choisit de publier la photo de l’ambassadrice américaine auprès des Nations-Unies, brandissant devant le Conseil de sécurité des photos de ces mêmes enfants pour appeler l’ONU à agir. Le Daily Telegraph montre un homme tenant deux enfants morts dans ses bras et le Washington Post affiche en Une la photo d’une fillette morte transportée par un homme, tandis qu’un dessin de Monsieur Kak, dans L’Opinion, dresse un parallèle entre le sort d’Aylan, originaire de Kobané, et celui des victimes de l’attaque chimique, nous disant à tous implicitement que pourtant nous savions. Au-dessus du dessin représentant Aylan, Monsieur Kak a écrit : Partir. Au-dessus du deuxième, qui montre le même enfant, mort cette fois dans son lit sous l’effet du gaz, il a écrit : rester. En somme, pour l’enfant syrien, le choix entre mourir ou mourir, un détail de cette guerre qui a fait plus de 400.000 morts en 7 ans. Pour info encore : le gaz sarin serait 500 fois plus toxique que le cyanure.

Alors voilà. Trump durcit le ton et menace de passer à l’action, le régime de Bachar al-Assad ayant plus que franchi la ligne rouge.  L’ONU ? L’ONU a repoussé le vote au Conseil de sécurité, le temps de négocier avec Moscou. Nikki Haley évoque pour la première fois la possibilité d’une action unilatérale. Il est venu, le premier test international majeur pour Donald Trump.  Mais nous on sait qu’en 2013, lors d’attaques chimiques par le régime Assad, il ne s’était rien passé et les Etats-Unis n’avaient rien fait. Restera-t-il encore impuni, le boucher de Damas, comme il le fut après le massacre de la Ghouta en 2013, dont on fut incapable de dire s’il était le fait des rebelles djihadistes ou du régime du sinistre Bachar al-Assad, celui qui dit que c’est la faute à la France, directement responsable des tueries en soutenant dès le premier jour les terroristes, et en favorisant l’expansion du terrorisme, et il juge bienvenue la position de François Fillon sur les terroristes.

Alors ? De grandes déclarations de principe ? Une enquête, et puis c’est tout?

Nous ? Grâce aux contacts de journalistes courageux, grâce à aux messages qu’ils reçurent sur WhatsApp et qu’ils nous montrèrent quasi en direct, nous ne pourrons jamais dire que nous ne savions pas. Celui-là nous dit : Je n’ai plus aucun contact avec mes sources à Alep. Le dernier message WhatsApp que j’ai reçu d’Alep est un hurlement. Littéralement. Un hurlement dans la nuit. L’horreur totale. Hugo Clément, du Quotidien, son contact c’était Ismaël. Qui nous disait les massacres de civils à l’arme blanche à Alep-Est par les troupes de Bachar Al-Assad, et sur les réseaux sociaux, les appels à l’aide, messages en direct de l’Enfer, nous les avons reçus : Je n’ai nulle part où aller, c’est le dernier jour, disait celui-là, alors que Bana Al-Abed, fillette de sept ans, envoya avec l’aide de sa mère ce dernier tweet: My name is Bana, I’m 7 years old. I am talking to the world now live from East #Aleppo. This is my last moment to either live or die. – Bana

Sarah Cattan

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6 Comments

  1. nous avons testé la barbarie des uns et la veulerie des autres, grace a D. LE peuple juif ales moyens de se defendre contre les uns et d’imposer sa voix contre les autres

  2. Dans une semaine, le monde aura oublié ces morts. BDS ne s’en préoccupe pas. Israël est traité d’assassin pour moins que ça.
    La cause palestinienne récolte plus d’aide humanitaire. C’est plus rentable.

  3. Ce peut-être l’aviation de Bachar ou celle de Poutine. Dans le second cas, quelle intervention contre la Russie peut-on envisager? Quoi qu’il en soit, la mort de tous ce innocents rend toujours plus ignobles les mesquineries de bien des gouvernements occidentaux

  4. ne melangez pas l’Europe avec les Etats-Unis. Les USA ont l’avantage de se renouveler, de changer de cap. La France est « mourante ». Elle ne change jamais sauf pour le mal. Donald Trump a eu le courage de bombarder les entrepots, navires, etc, sans dire mot a personne de la Syrie, et il a bien fait. Qui nous dit quela Syrie ne pourrait pas en faire autant sur Israel si elle n’etait pas stoppee ? Mais la France et les Francais, tant qu’ils ont leurs fromages et leurs vacances, et leurs « rigolades », TOUT VA BIEN !

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