Tribune Juive

La campagne présidentielle vue de… la synagogue de Créteil

« C’est la première fois que je suis comme ça ». Dans trois semaines, cette mère de famille juive ira voter. Mais pour qui ? Elle est bien incapable de le dire. Et s’en excuse presque.
Synagogue de Créteil
Synagogue de Créteil

Comme elle, en ce vendredi, à quelques heures de Shabbat, d’autres parents poussent la lourde porte qui protège la synagogue de Créteil et son école aux 180 élèves. Les garçons, kippa sur la tête, et les fillettes aux jupes longues, se précipitent pour retrouver leurs parents et préparer le jour chômé. Certains alors n’ont « pas le temps » de parler présidentielle.

D’autres, c’est par désintérêt ou déception, c’est selon. « Ce ne sont que des escrocs et des charlots, tonne Patrick, 49 ans. Je m’intéresse au débat. Si tenté qu’il y ait un vrai débat. Mais je n’irai pas voter. » Tout comme ce jeune de 25 ans, qui a grandi dans une cité et ne comprend pas cet antisémitisme qui le frappe à chaque fois qu’il sort d’une fête, la kippa sur la tête. « Ce n’est pas la France qu’ont connue nos parents. Il n’y a plus d’éducation, plus de valeurs. On a flingué le pays ».

La communauté juive de Créteil, l’une des plus importantes de France, a été ébranlée ces dernières années par de violentes agressions antisémites. De douloureux souvenirs encore présents dans les mémoires. « Il y a plein d’événements en France et personne n’en parle », regrette Samantha, 33 ans.

Un vote Marine Le Pen peut-il séduire ? « Non ce n’est pas possible, mais, si c’est ça, on est foutu », se désespère cette Cristolienne. « On attend une présence, un encadrement, du soutien et de la justice », considère cette autre maman de 28 ans. Pour elle, ce sera Macron. « Son discours est cohérent. Il me semble solide. J’ai envie de lui donner sa chance. » Mais au fil des conversations, apparaît en filigrane, le regret de la présidentielle d’il y a cinq ans. « Au moins, on ne se posait pas la question, poursuit Samantha. C’était plus facile. Là, on est dans le brouillard. Et avec les affaires, Fillon ce n’est plus possible. »

Les plus anciens, eux, croient encore aux chances de l’ancien Premier ministre. Qu’importent la mise en examen et les affaires : « tout le monde fait des erreurs ». « Vu les divisions à gauche, c’est encore possible, prédit cet administrateur de la synagogue. C’est quand même le plus apte. Il a l’expérience et un programme économique pour relancer la France. C’est ce qui compte. » Et pas Macron ? « Je l’aime bien comme gars, poursuit l’homme de 63 ans. Mais c’est son entourage. J’ai peur qu’il lui dicte sa politique. »

Source leparisien

Quitter la version mobile