Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en France, vient de passer deux jours à Metz pour y rencontrer les autorités politiques et civiles et la communauté juive. Et y commenter sans langue de bois l’actualité.
Où en est Israël dans ses relations avec les autres pays du Moyen-Orient ?
Les principales menaces sont Daech et l’Iran. Ce pays est très engagé dans les essais de missiles balistiques dont la cible est clairement Israël. C’est le seul au monde qui nie l’existence d’Israël. Il soutient des organisations terroristes comme le Hezbollah ou le Hamas. C’est une grande menace aussi pour les pays du Golfe. D’où les rapprochements récents avec certains d’entre eux. L’autre problème majeur concerne ceux qui cherchent à délégitimiser Israël, comme le BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions, un mouvement qui appelle au boycott économique des produits israéliens) en considérant que tout Israël est une colonie.
Pourquoi avoir boycotté la conférence pour la paix avec les Palestiniens, organisée en France en janvier ?
Pour Israël, négocier dans un cadre international est toujours trop problématique. Mahmoud Abbas s’en sert pour faire pression, ce qui renforce nos éléments les plus à droite. Pour arriver à la paix, il faut dialoguer directement, comme Israël l’a fait avec l’Égypte, puis la Jordanie.
L’accession au pouvoir de Donald Trump est présentée comme une bonne nouvelle pour Israël. En ressentez-vous déjà les effets ?
Les États-Unis sont les alliés numéro 1 d’Israël. Les derniers mois de Barack Obama ont été un peu tendus compte tenu des résolutions prises à l’Onu. Donald Trump présente une politique plus favorable au gouvernement israélien. Nous avons pu le constater au travers ses déclarations, ou à l’Onu où les États-Unis ont demandé l’arrêt de l’isolement d’Israël dans les organisations internationales.
Vers quel candidat à la présidentielle française va la préférence d’Israël ?
Tous les candidats sont très concernés par la situation au Moyen-Orient. Nous avons des rapports avec tous, à part l’extrême gauche et l’extrême droite. Concernant cette dernière et les éléments antisémites qui s’y trouvent, on ne peut avoir aucun lien. Macron est venu chez nous en 2015, il s’exprime très clairement contre le boycott d’Israël. Fillon parle aussi toujours de la sécurité d’Israël. Grosso-modo, ils partagent le même point de vue.
Votre gouvernement a appelé les Juifs de France à quitter le pays. Dans quel état d’esprit se trouve aujourd’hui la communauté ?
La proportion des départs a diminué de 40 % par rapport à l’an dernier et est passée de 8 000 à 5 000. Même si toute la population française est frappée, les juifs sont une cible de l’Islam extrême. Suite à ce qu’il s’est passé à Toulouse et à l’hyper casher de Paris, mais aussi face aux multiples manifestations à l’encontre d’Israël, l’inquiétude est là. J’ai vécu cette haine inouïe la semaine dernière à Rennes où des étudiants ont perturbé ma conférence.
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