Du 29 mars au 9 avril 2017, Noam Morgensztern se glisse dans les mots de l’auteur israélien et tire de ses nouvelles le portait kaléidoscopique d’une société moderne.
Ce spectacle à la première personne plonge sans retenue dans un quotidien à la recherche d’un fonctionnement logique malgré l’absurdité de l’existence. C’est la vie qui se raconte ici. Les textes interprétés sont extraits des recueils Un homme sans tête, Au Pays des mensonges, Crise d’asthme et Pipelines d’Etgar Keret, traduits de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech et publiés chez Actes Sud.
Présentation du spectacle par Noam Morgensztern
En 2000 et 2011, j’ai vécu avec la population et parcouru la géographie d’Israël de long en large. De temps en temps j’y retournais quelques jours, pour voir, ce que je fais encore aujourd’hui. A chaque voyage, je suis surpris de ne pas retrouver la nostalgie qui aurait du s’y déposer. Pas le temps là-bas. La population multi-langues, multicouleurs, multi-religions, multi-guerres, ces multidestinées font que ce pays est constamment brassé et comme chaque fois refondu de questions et d’opinions revendiquées. Une aubaine pour que se déploie la créativité artistique.
Alors, mon choix d’en détacher un jeune auteur israélien, Etgar Keret qui pourra fixer pendant un bref instant l’infernale quête d’identité, de multi-identités qu’il traverse. Qu’on traverse tous, non ? Il y a chez Keret une solution unique pour admettre la nature humaine, sa cruauté, ses magouilles, son angoisse de couple, la famille anxiogène, la folie du service militaire et la pratique de la guerre, une même solution pour maquiller la pudeur des sentiments et mieux révéler sa colère : le pas de côté.
Dans ses nouvelles – comme si l’urgence de vivre n’attendrait pas la forme du roman – la réalité d’une situation glisse immanquablement vers un climat absurde qui engloutit les personnages au point de leur faire accepter l’étrange situation comme normale. Une absurdité faisant partie de « la vie » qui selon eux est peut-être même méritée. De cette façon, Keret sauve son être et son prochain : la possibilité et la place qu’il y a chez l’homme de créer sa propre échappatoire et l’intégrer immédiatement. Chaque nouvelle trouve sa propre logique, en plus des hommes les animaux, la nature, le mobilier y participent. Et alors tout le monde survit.
J’ai donc souhaité travailler à partir de quatre recueils de nouvelles de Keret, et de les penser comme une longue digression sous la forme d’un « stand-up ». Ce procédé en adresse directe au public efface les démarcations entre les textes choisis et pose le doute sur la parole dite : on ne sait jamais si le « standupist » (tel qu’il est nommé en hébreu moderne) raconte ce qu’il avait prévu de raconter, s’il ajoute, rogne, ment ou soudain s’épanche réellement. Ce qui me permet de travailler l’incarnation, de réfléchir à l’aspect vivant et au présent d’une représentation. Cette forme « sans frontière » me semble un risque bien adapté à la littérature décalée, étrange, brutale, cynique et douce, maligne et humaniste de Keret.
Etgar Keret
Écrivain, scénariste, réalisateur et auteur de bandes dessinées, Etgar Keret est l’une des personnalités les plus populaires de sa génération en Israël, où il est né en 1967. Ses textes, traduits dans plus de quarante langues et publiés en France par Actes Sud, ont reçu de nombreux prix. En 2016 le prix Charles Bronfman lui est décerné en reconnaissance de son œuvre empreinte d’une vision humanitaire inspirante. En France, il est fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2010.
Noam Morgensztern
Parallèlement au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, où il suit les classes de Dominique Valadié, Muriel Mayette-Holtz, Andrzej Seweryn, Michel Fau, Daniel Mesguich, Mario Gonzales, Lukas Hemleb et Arpad Schilling, Noam Morgensztern se forme aux métiers du son à l’Institut national de l’audiovisuel et aux principes de la musique classique et du piano à la Jerusalem Academy of Music and Dance.
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