Une enquête du Centre d’analyse du terrorisme (CAT) basée sur les 139 attentats ou projet d’attentats recensés depuis 2013 en Europe, Amérique et Australie, révèle que l’Hexagone est le pays le plus exposé. On y apprend aussi qu’un djihadiste occidental sur 142 a commis un attentat en Occident.

Trois ans, 38 attentats, 9 tentatives et 92 projets avortés, soit 139 événements terroristes décortiqués par le Centre d’analyse du terrorisme (CAT). Le think thank fondé en 2014 a dévoilé mercredi une étude portant sur le terrorisme djihadiste dans les pays occidentaux entre 2013 et 2016. Voici ce qu’il faut en retenir.
L’Hexagone, cible numéro un.
«La France est le pays le plus visé par le terrorisme islamiste, devant les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Australie et le Royaume-Uni», constate le CAT. Ces quatre dernières années, notre pays a cumulé 10 attentats, 4 tentatives et 28 projets d’attaques, soit 30% de l’ensemble des actes recensés dans les pays occidentaux. Deuxièmes du classement, les Etats-Unis ont connu 8 attentats, 2 tentatives et 18 projets déjoués. Vient ensuite l’Allemagne, épargnée entre 2013 et 2015 mais qui a connu une année 2016 très noire, avec 6 attaques commises, 2 tentatives et 5 projets.
Militaires et forces de l’ordre dans le viseur.
Soldats, policiers ou gendarmes ont représenté, et de loin, la principale cible des djihadistes, concentrant environ 53% des attaques, tentatives ou projets, comme ce fut le cas très récemment en France à deux reprises, au musée du Louvre puis à l’aéroport d’Orly. Les forces de l’ordre devancent la communauté juive (13,2%), puis les institutions ou lieux emblématiques politiques et économiques, telles que ministère, consultat ou quartier de la finance (8,8%).
17,7 % de «revenants».
Sur les 282 individus impliqués dans les 139 attentats, tentatives et projets, 17,7% sont passés par la Syrie, soit 50 personnes, dont 49 Européens. «Sur la période 2013-2016, 3 revenants sur 100 ont participé à des actes terroristes en Occident», précise l’étude du CAT.
Parmi ces «revenants» actifs en matière de terrorisme, les francophones semblent les plus représentés, avec «13,5% chez les Belges et 10,6% chez les Français». «Le degré de dangerosité des revenants est d’autant plus élevé qu’à leur retour, ces djihadistes aguerris n’agissent presque jamais seuls, mais en cellules, et planifient généralement des attaques de masse impliquant à la fois armes de guerre et explosifs», estime le centre d’étude. Les attentats conduits par des revenants en Europe, rappelle le CAT, ont causé la mort de 166 personnes et blessé 617 autres.
Des terroristes «maison», solitaires et jeunes
L’étude souligne qu’une grande majorité (67%) des terroristes impliqués possèdent la nationalité du pays qu’ils visent. Plus généralement, un djihadiste occidental sur 142 a commis des attentats en Occident lors des quatre dernières années.
Les acteurs agissant seuls ont causé 59% des attaques, tentatives ou projets entre 2013 et 2016, contre environ 40% d’actions collectives «parfois directement affilié à une organisation, comme ce fut le cas des assaillants du 13 novembre 2015 à Paris».
Au moins 66% des terroristes ayant commis ou projetés des attentats depuis 2013 sont âgés de moins de 30 ans. Le jeune âge moyen du djihadiste est ainsi confirmé, 13% d’entre eux ayant même moins de 18 ans. Les tranches d’âges les plus représentées sont les 18-24 ans (29%) et les 25-29 ans (24%).
2016, année noire.
Les années 2015 et 2016 ont enregistré en moyenne plus de 3 projets d’attentats par mois (31 attentats au total), contre «seulement» un peu plus d’un projet tous les deux mois en 2013 et 2014. Conséquence : 2016 a été, de loin, l’année la plus meurtrière, avec 182 morts et 846 blessés, contre 154 morts en 2015, 11 en 2014 et aucun en 2013.