La ministre britannique de l’Intérieur a critiqué ce dimanche le chiffrement des conversations sur WhatsApp, suite à l’attaque de Londres. Le terroriste Khalid Masood aurait utilisé l’application de messagerie instantanée quelques minutes avant de passer à l’action.
WhatsApp est dans le viseur du gouvernement britannique. Selon la presse britannique, l’application de messagerie instantanée aurait été utilisée par le terroriste Khalid Masood quelques minutes avant de mener son attaque à la voiture, qui a fait quatre morts dans le centre de Londres la semaine dernière. La ministre de l’Interieur, Amber Rudd, a critiqué ce dimanche les services cryptés de communication comme WhatsApp. Ils permettent selon eux de faciliter la communication entre terroristes
Permettre aux autorités de casser le chiffrement
Le chiffrement « est totalement inacceptable », a assuré sur le plateau de la BCC Amber Rudd. Ajoutant :
« Nous devons nous assurer que des sociétés comme WhatsApp, et il y en a plein d’autres comme ça, ne puissent pas offrir un lieu secret où les terroristes peuvent communiquer les uns avec les autres. »
WhatsApp’s ‘end to end’ encryption is « absolutely unacceptable…there should be no place for terrorists to hide » says @AmberRudd_MP#marrpic.twitter.com/aVtDP6FRvD
— The Andrew Marr Show (@MarrShow) 26 mars 2017
Le chiffrement de bout en bout permet de sécuriser les conversations privées, ne les rendant visibles en théorie que par l’expéditeur et le destinataire du message. WhatsApp, propriété de Facebook, a déployé cette mesure de protection en avril 2016 pour son milliard d’utilisateurs dans le monde.
Amber Rudd dit vouloir garantir aux services de renseignement britannique la « possibilité d’intervenir dans des situations comme le chiffrement de WhatsApp ». David Cameron, alors Premier ministre, avait déjà formulé cette proposition après l’attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015. Il voulait légiférer pour offrir la possibilité aux services secrets de casser le chiffrement afin d’avoir accès aux communications de terroristes présumés. Une loi qui nécessiterait de trouver un équilibre délicat entre le droit à la vie privée et l’instruction, mais qui n’a pas vu le jour.
Vers davantage de « responsabilité sociale » pour la tech ?
La proposition de la ministre de l’Intérieur a d’ailleurs été critiquée pour « jouer le jeu » des terroristes en « mettant en oeuvre des lois draconiennes qui limitent nos libertés civiles », a estimé auprès du Guardian Brian Paddick, porte-parole des libéraux-démocrates à la Chambre des lords et ancien sous-commissaire adjoint de la police de Londres. L’organisation Open Rights Groups, qui milite pour le droit à la vie privée sur Internet, s’est dit favorable à une coopération entre les entreprises de la tech et les autorités dans le cadre d’enquêtes.
« Cependant, obliger les entreprises à créer des « backdoors » (ndlr : « portes dérobées ») dans des services cryptés rendrait des millions de personnes ordinaires moins sécurisés en ligne », a déclaré l’organisation dans un communiqué.
Selon le Telegraph, Amber Rudd espère parvenir à accord volontaire avec les entreprises du secteur. Elle a cependant laissé entendre qu’elle était prête à légiférer si nécessaire. Une réunion doit être organisée cette semaine avec Twitter, Facebook et Google pour discuter de la prolifération de propos extrémistes sur Internet. La ministre de l’Intérieur avance que les géants d’Internet ne sont plus seulement des plateformes, mais doivent se reconnaître comme des « sociétés éditrices ». Dans une interview au Sunday Times, le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a soutenu : « [Les entreprises] doivent arrêter de faire de l’argent avec des contenus violents », appelant la tech à montrer davantage de « responsabilité sociale ».
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