Vous y croyez vraiment à ce mystérieux cabinet noir qui, depuis l’Élysée, centraliserait les informations concernant les adversaires politiques ?
Et d’abord pourquoi depuis l’ Élysée ? On peut très bien depuis Bercy ou de l’un de ses services hors siège faire le travail, par exemple avec l’aide des fonctionnaires de Tracfin qui ont accès à tous les comptes en Banque et à tous leurs mouvements.
François Fillon, Premier Ministre puis concurrent de Nicolas Sarkozy se présente comme le Monsieur Propre du parti Les Républicains. Ça mérite bien un petit coup d’œil à ses comptes. Comme tant d’autres députés il a choisi de garder les sommes mises à sa disposition au titre de la réserve parlementaire en désignant son épouse et deux de ses enfants comme assistants . C’est déclaré, ça paye des charges sociales et ça gonfle la masse imposable au titre de l’impôt sur le revenu. C’est légal. Et c’est ce que font beaucoup de parlementaires de tous les bords. Mais on pourrait qualifier cela d’emplois fictifs.
On ne peut pas prouver la réalité de leur travail et il est difficile de prouver le contraire, l’instruction dira ce qu’il y a lieu d’en penser. La mise en examen s’est faite à la vitesse des Tribunaux militaires en temps de guerre. Pourquoi ?
» JETÉ AUX CHIENS «
Ça ne vous choque pas qu’un justiciable soit » jeté aux chiens » comme disait François Mitterrand à propos de Pierre Beregovoy ? La présomption d’innocence ne s’appliquerait pas aux adversaires politiques ?
Et puis on nourrit le dossier, probablement avec des rapports d’écoutes, des filatures, des interviews. On rajoute le soupçon de salaires de complaisance chez un éditeur ami, on évoque les costumes offerts par un ami fortuné, les bénéfices de la société de conseil.
Bruno Le Roux est nommé ministre de l’ Intérieur. On le contraint à la démission trois mois après puisqu’il avait désigné comme assistantes ses filles mineures et occupées par ailleurs. Et son exemple devrait inciter Fillon à faire de même ou alors à montrer aux électeurs comment il aurait dû se conduire. Et si Bruno Le Roux dont on n’ignorait rien n’avait été Ministre que pour jouer ce rôle de chèvre ?

L’Emission politique de France 2 jeudi soir devait permettre à François Fillon de présenter son programme. Ce fût un piège à lui tendu. Le candidat à dû consacrer son temps de parole à défendre son honnêteté et à repousser les assauts visant à l’humilier et à le désarçonner.
D’abord Christine Angot, écrivaine, dans son personnage de virago méprisante et insultante. Elle fut tellement excessive et ridicule que François Fillon s’en trouva ragaillardi. Ensuite les aides soignantes refusant toute augmentation de leur temps de travail même en gagnant davantage, pour garder leur avantage secret : 35 heures de travail en 3 jours puis 4 jours » off » pour se reposer ou travailler par ailleurs. Et Aurélie Filipetti, ancienne Ministre et toujours socialiste rose vif tirant sur le rouge, dévidant son ode aux fonctionnaires et aux politiques qui ont pour résultat 6 millions de chômeurs et 9 millions de pauvres.
CABINET NOIR : LE NI NI
Franςois Fillon se défendit vaillamment, pointant le rôle de François Hollande dans toutes ces attaques, la hargne des autorités judiciaires que la séparation des pouvoirs n’arrête pas alors qu’elles empêchent le déroulement normal d’une consultation électorale. Il parla du cabinet noir à l’ Élysée. Non ,démentit le Président. Le journaliste ,un des auteurs du livre à paraître sur la Place Beauvau déclara qu’il n’avait jamais affirmé que ce cabinet noir existât. En fait Il avait dit que l’on n’avait pas de preuves de son existence… ni qu’il n’y en eût point… France 2 et les journaux hostiles à la Droite estimèrent que le ni ni signifiait simplement que le journaliste avait démenti. C’est simplement inexact. En lisant son texte, on constate qu’il décrit l’action d’un cabinet noir mais selon la manière du Canard enchaîné, il évite d’affirmer se contentant d’allusions et de restrictions qui ne trompent pas le lecteur et permettent à celui qui voudrait s’abriter des les mettre en avant .
Les ralliements se multiplient pour Macron qui va hériter des poids lourds du PS tandis que Hamon additionne les trahisons de ses anciens amis. Fillon continue inlassablement à parcourir le pays pour essayer de recoller aux deux premiers des sondages, Macron et Marine Le Pen. Les 19 à 20 % des électeurs qui lui font confiance et qui ne changeront pas d’ avis sont un socle respectable. Cette élection présidentielle sans Sarkozy, Juppé, Hollande, Valls, sans candidat écologiste, est pleine de bruit et de fureur et on ne connaîtra la fin qu’à la fin.
André Mamou