Oui, on méconnaît l’Histoire. Non, le judaïsme n’est pas un cimetière. Sinon, on fait des juifs des victimes par « essence » et l’essentialisation victimaire est dangereuse.

Georges Bensoussan, auteur de nombreux ouvrages sur les mondes juifs en Europe aux XIXe et XXe siècles et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah, était accueilli ce soir-là par François Gugguenheim, président régional du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).
C’est un historien convaincu, argumentant sans relâche, qui a interpellé l’auditoire sur un thème auquel il est très attaché : la question de la place souvent trop importante de la mémoire de la Shoah qui, à l’inverse du but recherché, non seulement se banalise à travers une hypermnésie : profusion de livres, d’émissions, d’articles de référence, de commémorations, de monuments. Mais qui tend aussi avec ce sentiment de « saturation » à discréditer le génocide juif. Celui-ci devient en Occident : « Un événement culturel, ayant en fait sa place comme les autres dans la mémoire collective » qui mélange les évènements.
« Est-ce barrer la route à l’antisémitisme que de cultiver à outrance la compassion ? » se demande l’historien. Et il répond que la société française et l’école, enseignant l’holocauste, n’ont rien endigué. Même la visite d’Auschwitz, où il ne reste presque rien, cette « illusion du voyage nécessaire » ne fait pas barrage.