Plus de 3 heures devant la télé, 2 présentateurs assis confortablement et 5 candidats debout devant des pupitres, plus de 10 millions de téléspectateurs : sacrée soirée !
L’un d’entre eux sera Président de la République française. C’est terrible à dire : il reste moins de deux mois et on n’est sûr de rien. Un sondage ce matin : qui a été le plus convaincant ? Macron arrive en tête. C’est encourageant pour lui dont l’électorat est jugé » friable ». Ce qui veut dire : peut très bien changer d’avis.
Marine Le Pen a exposé les thèmes récurrents du FN : préférence nationale pour les aides sociales, les marchés publics et elle a martelé : » plus aucune immigration, les Français n’en peuvent plus! ». Quand ses adversaires prétendent la contredire, elle pouffe de rire et feint de ne pouvoir se retenir et se tourne vers ceux qui l’assistent. Pas très beau !
Elle déroule un programme économique délirant du type » à gauche toute » avec sortie de l’euro, maintien des 35 heures, retraite à 60 ans et promesses d’augmentation pour tous. Et plus de gendarmes, de soldats, de juges, de places de prison comme s’il suffisait de claquer des doigts pour tout mettre en place et tout financer.
La Présidentielle 2017 : Marine Le Pen obtiendra au premier tour un quart ou un tiers des suffrages. Et c’est très révélateur du désarroi des électeurs. Sarkozy, un quinquennat pas brillant puis Hollande un résultat étincelant : plus d’impôts, plus de déficits et plus de chômeurs. Les attentats, toujours commis par des islamistes, convertis, immigrés ou enfants d’immigrés, français par leur lieu de naissance, incivilités, menaces, trafics, assassinats … et la roue du moulin FN tourne de plus en plus vite.
En face de Marine Le Pen, Mélenchon dans le rôle du vieux tribun tout en finesse et culture : formules ciselées au service d’une vision des années 80, quand on pensait qu’il suffisait de distribuer du pouvoir d’achat pour que la machine reparte et rapporte du bien être pour tous.
À ses côtés Benoît Hamon, l’ancienne gauche qui s’est fait un lifting chez les écologistes : les charges sociales sur les robots, le revenu universel et les joints pour tous. Pour la loi sur la laïcité il souhaite surtout ne pas s’aliéner les électeurs qui voudraient en faire leur cheval de Troie.
François Fillon, petit sourire triste flottant sur ses lèvres, mais parfois ironique, écoute les promesses folles non chiffrées ou simplement évaluées en milliards d’euros de ses concurrents et parfois il en souligne l’absurdité. Il a l’âge et la stature d’un Président, Il a le savoir-faire , l’expérience et il a montré qu’il pouvait résister aux fortes pressions. Il a reconnu avoir commis des erreurs, avoir des défauts, » qui n’en a pas ? » Et il s’est positionné comme le candidat le plus qualifié.
Pourtant, celui qui a convaincu les Français, du moins ceux qui ont suivi le débat, c’est Emmanuel Macron. Une tête de jeune homme, l’œil bleu et les dents du bonheur. Il est d’accord sur de nombreux points avec les discours de ses concurrents et il semble sincère quand il approuve successivement les uns et les autres. Il est au centre, Il n’est pas socialiste, sans doute social- démocrate. Il a beaucoup appris sous la férule de François Hollande : il veut garder la loi sur les 35 heures mais il voudrait qu’une négociation s’engage au sein des entreprises ou dans les branches d’activité. Qu’est ce qu’une loi modifiable par ceux là même auxquels elle s’applique ? Il butine dans les programmes et fait l’équilibriste en politique. Il a tout le charme des gens bien élevés et il émane de lui l’autorité de ceux qui ont tout réussi, les concours, le métier, le pouvoir. Face au molosse du FN, Il fait mieux que se défendre.
Les Français choisiront : Macron, Le Pen, Fillon, ce sera probablement le tiercé du premier tour mais l’ordre d’arrivée peut changer. Il reste des débats qui seront organisés avec tous les 11 candidats et ça promet des sacrées soirées.
André Mamou