Tribune Juive

Sarah Cattan : Abel Chennouf assassiné par Merah, son père attaque l’État

Hier, Albert Chennouf-Meyer, père d’Abel, militaire assassiné par Merah, me promettait que ça allait saigner. Ces parents, après avoir connu le pire, venaient de vivre l’épreuve que pouvaient constituer les commémorations de l’attentat commis par ce misérable il y a 5 ans.

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Depuis qu’un islamiste lui prit son fils, Albert ne fit pas, comme d’autres, le tour des media pour se répandre en lamentations, questionnements et accusations stériles. Lui, entouré de 3 avocats hommes et femmes de cœur, décida d’attaquer l’Etat, qu’il accusait de la mort de son fils : si l’Etat avait fait son boulot et surveillé cet assassin en puissance, aujourd’hui Abel serait en vie et Eden aurait un papa.

Il nous avait dit cet imbroglio judiciaire que sa famille et lui vivaient. Certes, le 12 juillet 2016, le Tribunal Administratif avait rendu son verdict, condamnant l’État pour défaillances dans la surveillance de l’assassin nazislamiste Merah. C’est ainsi, oui, qu’il qualifie le terroriste, Albert, qui se refuse à mettre une majuscule lorsqu’il écrit ce nom.

Il nous avait confié que le Rapporteur public s’était appuyé substantiellement sur le témoignage et les déclarations de Manuel Valls, ministre de l’intérieur puis Premier Ministre jusqu’au 06 décembre 2016, et nous avait dit sa stupéfaction, son écœurement définitif, lorsqu’il apprit que le même Manuel Valls, soudainement, et pour des considérations sans doute politiques, avait reconsidéré sa position et interjeté appel, en août 2016.

Ecoeuré, mais à moitié surpris, avait-il ajouté, tant il savait combien les hommes politiques pouvaient bafouer la parole de l’État. Et de nous rappeler à titre d’exemple comment François Hollande avait violé la signature de la France en livrant les navires Mistral à l’Arabie saoudite en lieu et place de la Russie qui les avait commandés et … payés. De nous rappeler encore le revirement du même Manuel Valls qui refusa de soutenir Hamon alors qu’il s’était engagé publiquement à le faire, et de nous préciser qu’hélas la liste n’était pas exhaustive.

Vous savez quoi ? Voilà que la date d’appel arrive, arrive déjà, et comment ne pas s’étonner de cette rapidité dans le traitement de ce qu’il faut bien appeler L’Affaire Merah dans le procès Merah. Ce père et ses avocats s’interrogent sur cette urgence à vouloir en finir avec ce jugement du 12 juillet 2016. Bien évidemment, ils en viennent à conclure que les raisons sont politiques et seulement politiques. N’allez pas leur dire à ceux-là que la justice est indépendante : ils ne vous croiront pas. Ils ne vous croiront plus : pour eux, cette précipitation est un aveu d’échec de la caste politique, socialiste principalement.

Albert Chennouf-Meyer nous confie qu’en dépit des demandes de report, par écrit et oralement, cette Justice socialiste a poursuivi sa route, piétinant, dit-il, relayé par ses avocats, jusqu’à leurs droits les plus élémentaires : l’avocate d’Albert Chennouf -Meyer a été informée par Avis d’Audience qu’une nouvelle date leur avait été imposée, le 22 mars 2017 à 15h00, au Tribunal Administratif de Marseille. La lettre l’en informant est datée du … 10 mars. ..

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Et vous savez quoi ? Malgré un long entretien téléphonique entre Maître Béatrice Dubreuil et la Présidente du Tribunal Administratif, aucun report n’aura pu être accordée, aucune solution n’aura su être trouvée, et un refus catégorique à accepter un report qui puisse convenir à toutes les parties a été opposé alors que Maître Dubreuil, qui plaide le même jour à Paris, ne pourra être présente. Tous les avocats savent que les reports sont de règle dans ce cas de figure mais ici, non. Comme dit Albert Chennouf-Meyer, c’est  Circulez, il y a rien à voir.

Comme lui, comme ses avocats, vous vous interrogerez forcément sur les raisons de cette urgence soudaine. Pourquoi cette précipitation, demande le père d’Abel ? Pourquoi la Justice ne démontre-t-elle pas autant de détermination à arrêter une date pour le procès Merah ?

Et vous savez ce qu’il conclut, ce père à qui un islamiste a pris son enfant ? Il me dit : J’en suis arrivé à regretter que ce ne soit pas François Fillon l’assassin de mon fils !

La présidente du Tribunal Administratif de Marseille leur a expliqué les raisons, entre autres, de cette envie d’aller vite : ce serait pour des questions juridiques de principe, au regard des saisines consécutives aux attentes des autres juridictions, pour voir comment trancher. Voilà, conclut Monsieur Chennouf-Meyer, ce que cette magistrate nous a donné en guise d’explication.

Trouverez-vous étonnant qu’il nous crie qu’alors que des centaines de plaintes attendent à travers la France, le pouvoir socialiste agit avec pression sur le Tribunal Administratif de Marseille afin qu’il déjuge et désapprouve la décision du verdict du Tribunal Administratif de Nîmes, datant du 12/07/2016.

Il est déterminé, ce père, il est prêt à tout, cet homme, et il nous prévient que si, si il était débouté, eh bien il a d’ores et déjà donné carte blanche à ses avocats, carte blanche et quasi obligation d’aller au Conseil d’État, voire à la Cour de Justice de l’Union Européenne. Et il nous prévient qu’il ne se laissera pas intimider par une caste politique à l’agonie et prête à tout pour exister politiquement.

Et puis, il nous rappelle qu’en 2012, il avait dit que cette affaire Merah était l’affaire Dreyfus de l’État Français, gauche et droite confondues :

Le 12 juillet 1906, a été rétabli dans son honneur Alfred Dreyfus !

Le 12 juillet 2016, 110 ans après, l’État a été condamné pour défaillances dans l’affaire Merah.

Albert Chennouf-Meyer, nous serons là, le 22 mars 2017, à 15 heures.

 

Sarah Cattan

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