Une correspondance inédite d’Alfred Dreyfus apporte un nouvel éclairage sur la perception qu’a eu le principal intéressé de l’affaire. L’occasion de réécouter deux documentaires, faisant entendre la voix de Dreyfus lui-même, pour mieux comprendre l’engagement politique des intellectuels à l’époque.
C’est une correspondance inédite : une sélection de lettres, parmi les 865 que se sont échangés Alfred Dreyfus et la marquise Arconati Visconti, permet de découvrir la vision politique du lieutenant-colonel Dreyfus après que celui-ci a été gracié. Dans l’ouvrage Lettres à la marquise. Correspondance inédite avec Marie Arconati Visconti (Editions Grasset), dont le journal Le Monde publie plusieurs extraits, on découvre les confidences d’Alfred Dreyfus à son amie à propos de la débâcle du camp dreyfusiste et un homme à la fois républicain et progressiste :
“J’ai lu quelques extraits de l’histoire de l’Inquisition au Moyen Age. Il y a heureusement quelques progrès depuis cette époque, mais que d’efforts encore pour que l’iniquité et l’injustice, je ne dis pas cessent, car tant qu’il y aura des hommes, il y aura lutte entre la conscience et les passions ou les intérêts, mais diminuent. Grattez le vernis de civilisation dont les siècles nous ont couverts, et l’homme primitif reparaît. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe dans les expéditions coloniales. Alfred Dreyfus, en 1902″
Dans un diptyque documentaire alternant témoignages, éclairages historiques, extraits de films, le documentariste Stéphane Bou relate les faits de l’Affaire Dreyfus autant qu’il interroge la mémoire de cette affaire qui plongea la France dans une crise républicaine sans précédent.
Arrêté en 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est accusé de haute trahison et “d’intelligences avec une puissance étrangère”, en l’occurrence l’Allemagne. Alors qu’il ne cesse de clamer son innocence, il est jugé coupable par le Conseil de Guerre en décembre 1894. Condamné à perpétuité, il perd ses insignes militaires le 5 janvier 1905 dans la cour des Invalides avant d’être déporté à l’île du Diable.
Pétition des intellectuels
Son frère, Mathieu Dreyfus, convaincu de son innocence, décide d’engager un écrivain, Bernard Lazare, pour réunir des preuves permettant d’inverser le jugement et faire reconnaître l’erreur judiciaire. Après le procès du commandant Esterhazy, finalement disculpé, Emile Zola décide d’en appeler au sursaut républicain en adressant au président de la République, Félix Faure, une lettre ouverte publiée le 13 janvier 1898 dans L’Aurore, le journal dirigé par Georges Clémenceau. C’est son fameux J’accuse.
Comme l’explique l’historien Michel Winock, en parallèle s’organise une pétition des intellectuels dès décembre 1897 :
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