« C’est qui ? » Sur les réseaux sociaux, on s’était tous interrogés, le 11 février 2016, quand à la faveur du remaniement ministériel, Audrey Azoulay fut nommée Ministre de la Culture et de la Communication en lieu et place de Fleur Pellerin. Celle qui incarnait la jeune garde dont s’était entouré François Hollande fut alors décrite comme une femme de conviction qui savait défendre ses dossiers et ses anciens collaborateurs mirent en avant ses qualités de manager et de négociatrice. Rappelez-vous, sous le couvert de l’anonymat, l’un d’eux n’hésita pas à la qualifier de Talleyrand en jupons.
Nous, ce qu’on en sut, c’est qu’après Fleur Pellerin, elle se montra digne de la fonction. A aucun moment nous n’eûmes à rougir d’elle. La fille d’André Azoulay, conseiller du roi du Maroc, tenait fort bien son Ministère.
Mais que se passe-t-il donc dans la tête de notre Président ? Audrey Azoulay est-elle si exceptionnelle : ne voilà-t-il pas que l’Elysée pousse la jeune femme et propose sa candidature à la direction de l’Unesco, de l’Unesco oui oui. 2334 oui oui. Une Juive à la direction de l’Unesco, promue par le Président français, reconnaissez que rien ne nous y prépara. Et alors que sur sa page Facebook, Haïm Korsia apporte son soutien indéfectible à la Ministre, ben les pays arabes, ils sont en colère. Forcément ! Ils ne sont pas habitués.
Tout le monde d’ailleurs tombe des nues. Plus élégamment, citons Le Figaro qui nous confie que cette candidature de dernière minute suscitait les plus grandes réserves de nombreux diplomates. Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites… Certains parlèrent même de révélation, mais l’Unesco confirma aujourd’hui l’info. Cette candidature de dernière minute aurait été imposée par l’Elysée, nous dit-on, mais la lettre de candidature d’Audrey Azoulay signée par Jean-Marc Ayrault fait taire les rumeurs de division entre l’Élysée et le Quai d’Orsay sur ce sujet. Beaucoup de mises en garde, nous dit-on, auraient été faites contre une candidature qui ne manquerait pas de soulever des passions à l’Unesco. 2334.
NEUF CANDIDATS DONT QUATRE ISSUS DU MONDE ARABE
Pour info, il s’agit de succéder à la Bulgare Irina Bokova dont le mandat expire cette année et neuf candidats seraient en lice. Neuf candidats. Dont quatre issus du monde arabe, un Qatarien, un Égyptien, un irakien et une Libanaise, car les pays arabes, ce poste, eh ben ils le convoitent, ils l’exigent presque, d’où la tempête annoncée : ils vont interpréter cette candidature comme une invraisemblable provocation, vu les affrontements qui se jouent sur cette scène, concernant l’obsédante question de Jérusalem.
Notre Président ferait-il montre d’un brin d’audace, ou alors tenterait-il de se racheter, ou encore la France et bientôt le monde se rendraient-ils enfin compte du sort inique réservé à Israël, ou encore se disent-ils tous, de plus en plus, que d’Israël, demain tous en auront besoin.
Il est des signes éloquents. Ne voilà-t-il pas que notre Président, il les a rejetées, les demandes de reconnaissance de la Palestine adressées par des députés et des diplomates français. Ne voilà-t-il pas encore qu’Antonio Guterres, lui, le Secrétaire général de l’ONU, vient de se désolidariser d’un rapport d’une agence de l’ONU qui accuse Israël d’imposer un régime d’apartheid au peuple palestinien.
Ils sont neuf. Les neuf candidats seront auditionnés les 26 et 27 avril avant un vote à bulletins secrets au Conseil exécutif de l’Unesco prévu en octobre prochain. Le président du Conseil transmettra le nom du candidat proposé à la Conférence générale lors de sa 39e session en novembre 2017. La Conférence générale examinera cette proposition et élira, au scrutin secret, la personne proposée par le Conseil exécutif, précise l’Unesco.
Bonne chance, Audrey Azoulay !
Sarah Cattan
