Convoqué le 15 mars par les juges pour être mis en examen, François Fillon refuse de céder à la pression judiciaire et maintient sa candidature.
A ELECTION exceptionnelle, journée exceptionnelle, faite de suspense, de folles conjectures et de commentaires imprudents tant qu’ils n’étaient pas suffisamment informés. Auparavant, M. Fillon avait conversé au téléphone avec Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Il a prononcé un discours de sept minutes mais dont chaque seconde valait son pesant d’or. Il s’est lancé en effet dans une attaque extrêmement violente contre ses juges : « C’est l’élection présidentielle qu’on assassine », a-t-il déclaré, affirmant que toute l’instruction a été menée à charge contre lui et que la justice veut dévoyer le suffrage universel et le fonctionnement des institutions.
Le respect des institutions.
La vigueur de son attaque, le maintien (contre toute attente) de sa candidature, le recours à la victimisation, tout, dans ses propos, concourait à renforcer son image d’homme capable de tenir tête à l’adversité. Mais son courage politique n’est pas utile à sa campagne. Pour commencer, il a ajourné sa visite au Salon de l’Agriculture, ce qui est du plus mauvais effet après le séjour triomphal de dix heures de Marine Le Pen hier au même Salon. Cependant, il ne faut pas, au nom du respect de la procédure judiciaire, censée être impartiale, ignorer les arguments présentés par M. Fillon. On peut exprimer de l’étonnement devant le timing des décisions prises par le parquet national financier, puis par les trois juges chargés de poursuivre leur investigation. Les observateurs spécialisés dans la justice ont en général une attitude contradictoire : ils insistent sur la séparation des pouvoirs, puis ils expliquent que la vitesse de la procédure s’explique par le climat électoral. L’opinion française serait fondée à savoir aussitôt que possible ce qu’elle doit penser de M. Fillon. Mais, dans ce cas, cela ne signifie-t-il pas que l’on souhaite condamner M. Fillon avant qu’il ne soit élu ? Toutefois, en se pliant aux exigences de la procédure, le candidat LR montre qu’il se soumet à la justice, exprimant de la sorte son respect des institutions.
Une curée politique.
Sans sombrer dans la théorie du complot, on a remarqué la totale absence du pouvoir politique, et plus singulièrement du ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, qui refuse d’intervenir dans cette affaire, justement au nom de l’indépendance des juges, et du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui n’a pas pipé mot quand des policiers ont fouillé le bureau du député de Paris qu’est M. Fillon, alors que le Parlement bénéficie de l’immunité. A la violence de l’enquête judiciaire s’ajoute celle des commentaires exprimés à gauche qui, chaque fois que l’ancien Premier ministre fait une déclaration, l’accablent d’insultes, participant, par leur absence de modération, à la curée contre lui.
Le problème politique, en tout cas, reste entier. La droite a le droit d’avoir un candidat. M. Fillon, par rapport à hier, fait face aux mêmes difficultés, et il ne semble pas en mesure d’élargir son noyau de fidèles à une majorité absolue. On n’aura jamais la preuve que la gauche et le pouvoir actuel aient encouragé l’action de la justice, qui, pour eux, représente une aubaine miraculeuse. Aussi bien la gauche prend-elle le risque de favoriser Marine Le Pen qui, face à une droite en perte de vitesse, dispose d’une chance supplémentaire de l’emporter au second tour. Voilà pourquoi il eût été plus sain, pour le pays, que le candidat de la droite ne fût pas soumis à des aléas judiciaires dont il est, certes, le seul responsable mais qui, comme il le dit, n’est pas vraiment traité comme un justiciable quelconque.
Richard Liscia
Voilà on y est! A l’archétype des analyses entendues dans les salons qui réunissent les gens de condition…
C’est en fait rajouter du brouillard bien-pensant à la brume qui envahit cette campagne depuis la mise en place des primaires.
F.Fillon enjambe la morale, la justice, le niveau décent des revenus et des salaires,même son programme, et donne quitus aux délinquants, aux extrêmes purificateurs et aux adeptes de l’islam politique qui prétendent mêler ligne de conduite et califat « ex-républicain ».
La soft idéologie a ses confins face au désert des Tatares, alors Richard Liscia devrait pouvoir ou devoir se taire prochainement.