Tribune Juive

Pourquoi Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon n’ont pas été invités au dîner du Crif

Francis Kalifat, le président du Conseil représentatif des Institutions juives de France (Crif) explique à « La Croix » pourquoi il n’a pas convié les représentants de l’extrême droite et de l’extrême gauche au dîner annuel de cette organisation, qui se tient le mercredi 22 février à Paris.francis-kalifat

Au moins trois candidats déclarés à la présidentielle ont annoncé leur venue : François Fillon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon.

La Croix : Vous n’avez invité ni Marine Le Pen ni Jean-Luc Mélenchon au 32e dîner du Crif. Pourquoi ?

Francis Kalifat : Quasiment pour les mêmes raisons : selon moi, ils véhiculent la haine. Pour les premiers, c’est la haine et le rejet de l’étranger, qui est à l’exact opposé de nos valeurs. Pour les seconds, la haine et la délégitimation de l’État d’Israël, avec un soutien très fort au boycott anti-Israël. En cette année présidentielle, je tiens à lancer un appel pour faire barrage à la fois à l’extrême droite et à l’extrême gauche. J’espère qu’il sera entendu par les Français juifs ainsi que par l’ensemble des électeurs.

Quels sont les enjeux de ce dîner ?

F.K. : Il y a bien sûr un enjeu politique, à l’approche de l’élection présidentielle, mais aussi un enjeu international avec la question du terrorisme et enfin un enjeu lié à l’antisémitisme. Les chiffres des actes antisémites en France ont baissé cette année (294 en 2016 contre 808 en 2015, NDLR), et ce n’est pas une petite baisse ! C’est un motif de satisfaction pour nous, même si ces chiffres ne prennent pas en compte l’antisémitisme qui se diffuse sur Internet ni celui qui avance masqué sous couvert d’antisionisme.

À l’approche de la fin du mandat du président François Hollande, quel bilan tirez-vous de ces cinq années, pour votre communauté ?

F.K. : Je veux souligner une certaine reconnaissance que nous avons vis à vis du président Hollande et de son ancien premier ministre Manuel Valls. Il faut souligner les efforts qui ont été faits pour rassurer les juifs à un moment très difficile pour eux (notamment en 2015 après l’attentat de l’Hyper Casher, NDLR) et aussi les mesures concrètes qui ont été prises : la sécurité renforcée auprès des écoles juives, la mise en place de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme… Cela a pu contribuer à rassurer les Français juifs et à leur redire qu’ils ont toute leur place ici. D’ailleurs les chiffres de l’alya, l’émigration vers Israël, ont baissé en 2016, ce qui me satisfait évidemment.

Propos recueillis par Mélinée Le Priol

Source lacroix

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