Santa María la Blanca située à Tolède appartient aujourd’hui à l’Église catholique. Mais la communauté hébraïque souhaite récupérer l’édifice.
Avec un nom pareil, Santa María la Blanca, on peut difficilement faire plus catholique. Et pourtant, cet édifice n’est autre que la grande synagogue que fréquentaient les juifs de Tolède au Moyen Âge. Propriété de l’Église catholique depuis tous ces siècles, elle connaît aujourd’hui un rebondissement : la communauté hébraïque de cette ville de Castille (ancienne capitale des « trois cultures » : catholique, juive et musulmane) en réclame la propriété. L’argument est simple : construite autour de l’an 1300, cette synagogue avait été confisquée par la hiérarchie ecclésiale de l’époque un siècle plus tard, autour de 1411, à la faveur d’un pogrom. En 1492, les juifs d’Espagne, les « Séfarades », seront ensuite expulsés du royaume par les Rois catholiques, ou bien forcés de se convertir à la religion officielle.
Isaac Querub, l’actuel président de la Fédération des communautés juives espagnoles, la FCJE, en a fait officiellement la demande . « Je crois qu’au XXIe siècle, dans un pays comme l’Espagne, une restitution symbolique de ce bien qui fut spolié à la communauté juive serait un beau geste. » Pour l’heure, il n’a reçu aucune réponse. L’archevêque de Tolède, Braulio Rodriguez, qui en a la responsabilité, demeure muré dans un silence de plomb. Il semble que ce soit un sujet sensible au sein du diocèse : en 2012, la synagogue Santa María la Blanca appartenait à la petite paroisse de Santo Tomé. Qui, on ne sait pas bien pourquoi, l’a alors offerte en cadeau au diocèse… « Comme pour mieux la protéger face à une potentielle dispute », disent les médias locaux.
Une question purement symbolique
Cette synagogue n’est pas un édifice quelconque. Restaurée en 1994 par le ministère de la Culture, bellement illuminée grâce au financement du groupe énergétique Iberdrola, ce qui sert de musée (il n’y a pas de célébration catholique) a reçu 405 928 visiteurs en 2016 – ce qui fait d’elle le monument le plus visité de Tolède, derrière la cathédrale et l’église de Santo Tomé. Cela suppose quelque 750 000 euros annuel de revenus pour le diocèse, argent versé pour payer des salaires, entretenir des couvents et aider d’autres églises.
Pour autant, la revendication de la Fédération des communautés juives espagnoles ne cherche pas à récupérer le « magot », voire même une part du gâteau. « Il ne s’agit pas de toucher une partie des recettes, ni d’en tirer un quelconque bénéfice pécuniaire. C’est une question purement symbolique », assure Issac Querub. Une question, aussi, qui a trait à la mise en valeur du legs hébraïque : à la différence des autres églises de la ville, la synagogue Santa María la Blanca n’est pas soignée, ses murs laissent à désirer, et les indications liées à l’activité de musée sont très insuffisantes. Le rêve de la FCJE serait de la mettre en valeur, et de l’inscrire dans un « parcours touristique cohérent » incluant le musée séfardi de Tolède et l’autre synagogue de la ville, celle du Transito. Silence ou restitution ? La balle est dans le camp du diocèse.
Qui a paye la construction ce temple si les juifs de TOLEDE ils doivent ns le restituer