L’humour du youtubeur va trop loin pour ses sponsors, qui ont pris leur distance avec le jeune homme suivi par 53 millions d’abonnés.
Son goût pour la polémique a fait grimper sa cote de popularité, mais ses propos antisémites sont en train de précipiter sa chute. La star d’Internet Pew Die Pie (prononcer «piou di paï») s’est mis à dos la plateforme qui a fait son succès, Youtube, après avoir publié plusieurs vidéos contenant des blagues antisémites et de l’imagerie néo-nazie. L’entreprise détenue par Google a annulé la seconde saison de sa série diffusée sur Youtube Red, son service premium. Intitulée «Scare PewDiePie», elle faisait partie des premiers programmes originaux produits par la plateforme de vidéo. Google a également retiré PewDiePie de son programme publicitaire «Google Preferred», qui met en relation les vidéos les plus populaires de la plateforme et les annonceurs. Avec 53 millions d’abonnés, PewDiePie est le youtubeur le plus populaire au monde et s’est fait connaître pour ses tests humoristiques de jeux vidéo.
Disney a déjà rompu son contrat
Cette mise au ban est intervenue quelques heures après que Disney a rompu le contrat du youtubeur avec sa société Maker Studio. Dans l’une des vidéos dénoncées par l’entreprise, PewDiePie se filme en train de tester la plateforme Fiverr, où l’on peut se payer tous types de services à partir de cinq dollars. Le youtubeur a demandé à deux Indiens d’écrire des propos antisémites sur une pancarte et en a diffusé la vidéo. L’incident est loin d’être isolé: pas moins de neuf vidéos de PewDiePie contiennent des croix gammées ou des références antisémites, selon le Wall Street Journal. «Bien que Felix ait attiré ses abonnés en étant provocateur et irrévérencieux, il est clairement allé trop loin», a estimé une porte-parole de Maker Studios auprès du site Business Insider.
PewDiePie est pour le moment resté silencieux face à l’abandon de ses sponsors. Il a publié une nouvelle vidéo mardi en fin d’après-midi, sans faire mention de cette polémique. Le youtubeur s’était défendu de tout antisémitisme dans un message publié sur Tumblr dimanche. Il concèdait néanmoins que le contenu de ses vidéos avait pu être perçu comme offensant. «J’essayais de montrer à quel point le monde moderne est fou, en particulier certains services disponibles en ligne», se justifiait le jeune homme de 27 ans. Il assurait également que ses vidéo étaient du divertissement, «en aucun cas un commentaire politique sérieux». Les règles de Youtube bannissent clairement les propos haineux «qui promeuvent ou approuvent la violence contre des individus ou des groupes du fait de leur origine ethnique, leur religion, leur handicap, leur genre, leur âge, leur nationalité, leur statut de vétéran ou leur orientation sexuelle.» En France, la loi condamne l’apologie des crimes de guerre, la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence, y compris sur Internet.
15 millions de dollars de revenus en 2016
PewDiePie s’est déjà opposé à Youtube par le passé. Début décembre, il a menacé de quitter la plateforme en raison de problèmes affectant la visibilité de ses vidéos et le nombre de ses abonnés. Il a également accusé YouTube de mettre davantage en avant des vidéos virales sur sa page d’accueil, au détriment de celles des créateurs. Plusieurs youtubeurs s’étaient alors joints à cette «fronde» contre Youtube, qui a beaucoup investi sur la créativité de ces internautes pour monétiser ses espaces publicitaires.
PewDiePie, ou Felix Kjellberg de son vrai nom, a beaucoup à perdre de cette nouvelle polémique. Grâce à ses partenariats et au modèle publicitaire de Youtube, PewDiePie a amassé plus de 15 millions de dollars en 2016 et a atteint le statut de personnalité publique. Le youtubeur se retrouve sans studio, mais garde encore sa chaîne et ses millions d’abonnés.
La jeunesse, voire la bêtise, ne sont pas une excuse. La prochaine fois il réfléchira avant de faire n’importe quoi.