Yisraël Katz, ministre du Renseignement, des Transports et de l’Energie atomique, nous raconte comment la France et Israël vont coopérer dans le domaine de la lutte antiterroriste ou des transports.
En visite pendant quatre jours en France, Yisraël Katz, ministre du Renseignement, des Transports et de l’Energie atomique avait placé sa venue sous le signe de la lutte contre le terrorisme. Il a rencontré Bruno Le Roux, ministre de l’Intérieur, et des experts du renseignement et de la défense en fin de semaine dernière.
Valeur montante du gouvernement israélien, il occupe la place de numéro 2 au Likoud, (ndlr, le parti de droite au pouvoir) et, en cas d’empêchement du 1er ministre, Benyamin Netanyahou, empêtré dans une affaire de corruption, il pourrait devenir le futur chef de gouvernement. Un dirigeant qui resterait sur une position intransigeante quant à la création d’un Etat palestinien puisqu’il demeure fermement opposé à cette solution.
Son séjour à Paris a aussi permis de réchauffer les relations franco-israéliennes mises à mal après des résolutions de l’Organisation des Nations Unies (ONU), très critiques envers I’Etat hébreu. Dimanche, il a riposté devant l’Unesco, l’agence de l’ONU pour la culture, lors d’un colloque organisé par le KKL, une ONG juive, indiquant que ces résolutions étaient « nulles et non avenues ».
Cette visite scelle-t-elle la réconciliation avec Paris?
C’est la première visite d’un ministre israélien en France après cette décision odieuse des Nations Unies qui nie tout lien entre le peuple Juif et Jérusalem. C’est une décision à laquelle nous ne nous soumettrons jamais. Elle a conduit à un refroidissement et même à un gel des relations avec la France (ndlr, elle avait voté favorablement dans un premier temps). Maintenant ce refroidissement est derrière nous. La France est un pays très important à nos yeux avec qui nous avons des valeurs communes.
Etes-vous vraiment sur la même longueur d’onde ?
ll existe une plus grande compréhension du terrorisme en France que par le passé. Elle est plus en phase avec notre perception. Nous sommes d’accord sur les moyens de l’identifier et de le combattre. J’ai félicité le ministre pour l’action des services de sécurité et de renseignement. Ce sont loin d’être des petits naïfs. Ils sont capables d’identifier l’ennemi et d’agir. Nous allons renforcer notre coopération pour lutter contre des organisations comme Daesh mais aussi contre des individus radicalisés qui prennent des véhicules pour foncer dans la foule. Ces derniers sont beaucoup plus difficiles à combattre. Il existe en France et dans d’autres pays des tensions concernant les libertés individuelles. Il faut trouver un équilibre et donner la possibilité à ces services de pénétrer la sphère privée.
La coopération a-t-elle déjà porté ses fruits ?
Le ministre de l’Intérieur m’a d’ailleurs remercié de l’aide apportée par Israël pour découvrir à temps des projets d’attaques terroristes en France. De même, nous avons fourni plus d’informations aux Etats-Unis que tous les alliés réunis. Beaucoup de pays viennent nous voir pour apprendre de notre expérience. Nous sommes leadeurs en matière de sécurité aérienne. Il y a quinze jours, nous avons accueilli une délégation française des services aéronautiques.
Vous êtes aussi ministre des Transports. Y a-t-il des projets avec la France ?
Nous avons un projet pour développer un véhicule intelligent sans conducteur. Ce sera une révolution équivalente à celle du smartphone. D’autre part, nous sommes en train de reconstruire la voie ferrée (édifiée sous l’empire Ottoman au début du XXe). Un premier tronçon reliera le port de Haïfa (Israël) à la frontière jordanienne. A terme, cela permettrait d’ouvrir un axe commercial vers la Jordanie et les pays du Golfe. Nous allons proposer à la France d’intégrer un partenariat pour développer ce programme entre le port de Haïfa, la Jordanie, la région de la Palestine et le reste du monde arabe. L’interêt est aussi pour les pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël et qui ont besoin d’une façade maritime, ce que nous appelons les pays « ennamis » (ndlr, contraction de ennemis-amis). La France, leadeur dans le domaine ferroviaire, pourrait jouer un rôle. Sinon, ce que les Français n’accepteraient pas de faire rapidement, d’autres pourraient prendre leur place, et en premier lieu, les Chinois.
Une île artificielle pour désenclaver Gaza
Faire surgir une île artificielle au large de Gaza pour désenclaver les 2 millions de Gazaouis asphyxiés par l’embargo israélien. C’est l’idée insensée qui trotte dans la tête de Yisraël Katz. « Cette idée n’est pas si folle que ça, objecte le ministre des Transports. Elle est actuellement en débat au sein de notre gouvernement. Gaza est dans une situation politique inextricable. Il faut améliorer la vie des gens en leur fournissant un débouché économique sur l’extérieur tout en préservant la sécurité d’Israël».
L’îlot de 4 km sur 2 km serait relié à Gaza par un pont de 4 km. Il comporterait un port et un aéroport, des stations de désalinisation, de production d’énergie électrique et de fourniture de gaz. Quid du financement de ce projet estimé de 5 à 10 milliards d’euros ? Pas Israël en tout cas. « Des Etats sont prêts à investir dans ce projet qui pourrait être réalisé en 5 ans », assure Yisraël Katz.
Le port et l’aéroport seraient placés sous administration internationale et palestinienne. Israël conserverait un droit de contrôle sur la sécurité et pourrait mettre un veto sur certaines marchandises. Présenté à l’Autorité palestinienne, celle-ci a qualifié le projet de « douteux ».« Mais ce n’est pas elle qui contrôle la bande de Gaza, rétorque le ministre, mais le Hamas qui veut détruire Israël »
Poster un Commentaire