Donald Trump : chronique d’un lynchage médiatique, intellectuel et artistique

Cet article est écrit d’abord pour prendre date: avant d’avoir commis le moindre acte présidentiel condamnable, le 45e président des États-Unis d’Amérique aura été condamné à l’avance par ceux qui disent haïr les préjugés.

 Crédits photo : JOSHUA ROBERTS/REUTERS
Crédits photo : JOSHUA ROBERTS/REUTERS

Quels que soient les succès et les échecs à venir, l’honnêteté commande d’acter que la planche du premier américain, traité comme le dernier, aura été savonnée comme jamais celle d’un président élu ne l’avait été, quand bien même aurait-il été minoritaire en voix, ce qui est loin d’être un précédent dans ce mode de scrutin .

Il ne s’agit pas seulement d’un procès d’intention à grand spectacle, mais plus profondément d’une contestation de la légitimité même du président élu.

Et pas seulement aux États-Unis, ainsi, sur la radio de service public française, dès le vendredi matin, l’invitée de la matinale de France inter, Sylvie Laurent, historienne écrivant notamment dans Libération, questionnait à voix haute cette légitimité.

Les médias qui couvrent de fange la fâcheuse sphère et les fake nauséabonds d’Internet n’hésitaient pas à pratiquer la coprophagie médiatique.

Pour expliquer l’absence de tout intellectuel à l’antenne favorable à Donald Trump, Patrick Cohen expliqua ingénument qu’il n’en connaissait pas…

Le ton avait été donné par la même station la semaine précédente, où la préposée à la revue de presse puisait dans un blog semi-confidentiel des éléments invérifiables qui laissaient à penser que le président élu était un fervent adepte de l’ondinisme. «L’humoriste» Sofia Aram ne resta pas évidemment longtemps en reste.

Les mêmes médias qui couvrent de fange la fâcheuse sphère et les fake nauséabonds d’Internet n’hésitaient pas à pratiquer la coprophagie médiatique, comme si, pour contester la légitimité du président impie, les pires moyens devenaient légitimes, dans la grande tradition géométrique et variable de la gauche morale.

Précisons d’abord les termes du débat: on peut, comme l’auteur de ces lignes, ne pas apprécier le style, les propos, la mentalité du président américain, qui se caractérisent, pour l’écrire simplement, par la vulgarité. Pour autant, il n’est pas interdit et il s’imposerait même d’éprouver un sentiment de révolte contre la contestation de nature fascisante du verdict des urnes et la forme de celle-ci, qui a l’apparence d’un début de guerre civile.

Cette guerre civile est déclarée entre le monde virtuel d’Hollywood et le monde réel des ouvriers et des classes moyennes.

Cette guerre civile est déclarée entre le monde virtuel d’Hollywood et le monde réel des ouvriers et des classes moyennes qui ont remis le pouvoir à Donald Trump. Nul n’en connaît encore l’issue. Nul n’est capable de dire qui l’emportera entre les hérauts de la poésie politique et le nouvel héros du réalisme brut.

Mais à l’aube de cette guerre sans merci, l’honnêteté intellectuelle et morale commande d’écrire que ce sont les soi-disant antifascistes qui l’ont déclarée, et avec des méthodes fascisantes qui donnent la nausée.

C’est ainsi que Jennifer Holliday, chanteuse noire de renom, est venue expliquer à la télévision pour quelles raisons, après avoir accepté, elle avait finalement refusé de chanter pour l’investiture du président.

Elle avait pensé qu’il s’agirait d’un moment d’unité mais «n’avait pas réalisé que les gens n’avaient pas accepté le résultat de l’élection».

Le lendemain de l’annonce de son acceptation, Jennifer découvrait des milliers de tweets vengeurs la traitant de «traître à sa race», et de «négresse». «J’ai reçu des menaces de mort, des appels à me suicider, c’était horrible». Holliday a été triste de constater que beaucoup de ces messages venaient de sa communauté noire, notamment de l’organisation radicale Black Lives Matter, celle-là même avec laquelle le président Obama s’était rapproché dans les derniers moments de son mandat.

Dans les universités américaines aussi, la guerre civile est déclarée .

Dans les universités américaines aussi, la guerre civile est déclarée .

À Georgetown, la professeur April Sizemore-Barber a été jusqu’à accorder des bons points académiques aux élèves qui assistaient à une formation anti-Trump destinée «à semer les graines de la libération».

Une autre enseignante a harcelé sa consoeur musulmane, Asra Nomani, qui avait avoué publiquement avoir voté Trump: «Je vous ai proscrit de la race humaine depuis que votre vote a aidé à normaliser les nazis».

Dans cette même veine anti-nazie, digne de la pensée d’un Peillon ou d’un Mélenchon, on manifeste dans les campus contre l’arrivée d’Hitler en Amérique. Dans son excellent article du Figaro daté du 20 janvier, Laure Mandeville décrit ces militants noirs du Parti Communiste révolutionnaire criant: «Ne voyez-vous pas que Trump fera aux musulman ce que Hitler a fait aux juifs!».

Heureusement que la fâcheuse sphère était là, la nuit de l’intronisation, pour montrer les actes de ces curieux antifascistes.

Heureusement que la fâcheuse sphère était là, la nuit de l’intronisation, pour montrer les actes de ces curieux antifascistes que les télévisions ont soigneusement dissimulés. Les drapeaux américains brûlés, les «féministes» voilées, ou encore Richard Spencer, un orateur pro-Trump de «White Lives Matter», sauvagement frappé pendant son interview télévisée par un antifa encagoulé qui s’enfuit impunément dans la nuit.

Mon imagination est impuissante pour décrire les commentaires médiatiques dans l’improbable hypothèse ou des journaux, des artistes, où des manifestants violents avaient contesté dès le premier jour l’élection de Barack Obama. S’ils avaient brandi des affiches le caricaturant en assassin ou en violeur. Pas la peine de faire un dessin.

D’une certaine manière, on retrouve dans l’après élection, une bonne partie des raisons du succès du détesté de la presse convenue.

Trump n’est pas une cause, mais un effet.

Trump n’est pas une cause, mais un effet.

Son excentricité et ses excès répondent aux excès et aux extravagances du prétendu camp du bien . Les excès de la victimisation des minorités raciales et sexuelles. Les excès de l’immigration clandestine. Les excès de la xénophilie. L’imposition des toilettes neutres pour transsexuels. La culpabilisation systématique de la police. La crainte révérencieuse de l’islam radical. Le féminisme limité exclusivement à la détestation du mâle hétérosexuel blanc et qui ferme les yeux sur le sort des femmes d’Orient.

Excédé des excès criminels des faux gentils, une bonne partie du peuple américain aura préféré s’en remettre désormais aux débordements d’un faux méchant.

Et dans ce sentiment de révolte qu’inspire ou que devrait inspirer à tout démocrate, fût-il hostile au mirobolant républicain, le lynchage médiatique et artistique qui lui est réservé, dans ce réflexe d’empathie naturelle envers le lapidé , qui sait si ne se niche pas non plus l’intuition que derrière la contestation furieuse de la légitimité d’un individu, se dissimule la contestation sournoise de la légitimité de l’homme occidental qui ne veut pas mourir.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l’association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.   http://www.lefigaro.fr

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2 Comments

  1. « Pour expliquer l’absence de tout intellectuel à l’antenne favorable à Donald Trump, Patrick Cohen expliqua ingénument qu’il n’en connaissait pas… »

    Et ce n’est pas le dernier (et surprenant…) sondage qui place France Inter en tête des audiences, qui va calmer toutes ces têtes à claques gaucho-mondaines profondément anti-démocratiques.

    La morgue et l’arrogance de ce Patrick Cohen est insupportable. Et bien sûr celui-ci, pour garder sa douillette place de journaliste « star » de gauche, montre patte blanche concernant Israël…

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