Dans Le Monde, Jean-Luc Mélenchon pose la question qui fâche le PS: entre lui et Macron, « à quoi bon un candidat PS? » dont la présence, à en croire les sondages, plombe les deux candidatures en pointe à gauche. Un débat qui ne fait que commencer.
« Il faut plumer la volaille socialiste » disaient les communistes des années 20. A 90 jours du premier tour de l’élection présidentielle, voici Mélenchon qui reprend le vieux couplet. Ecoutez le vent de la défaite qui vient… Plus les jours passent et plus le débat s’installe dans la sphère publique, donc dans les consciences. A quoi bon une candidature du Parti socialiste à l’élection présidentielle? Dans quel intérêt? Dans quel but?
Donc, dans un entretien publié par le Monde, Jean-Luc Mélenchon, notre Thorez de l’époque, l’homme de la France insoumise et des sketchs à la Bedos sur internet (c’est toujours ça que Montebourg n’aura pas) pointe avec appétence les difficultés de la volaille socialiste qu’il s’apprête à plumer, en parfaite complicité, pour le coup, avec Emmanuel Macron. « Jusqu’à présent, l’ultime justification du candidat socialiste, c’était d’être en tête dans les sondages. Il se présentait alors comme le ‘vote utile’. Actuellement, le PS est en troisième position derrière M. Macron et moi-même. Dans ces conditions, sans projet et sans avantage électoral, à quoi bon un candidat du PS? En réalité, le vrai choix des électeurs du PS, c’est de trancher entre l’orientation gouvernementale amplifiée, telle que la porte M. Macron, et la tradition de l’humanisme émancipateur de la famille culturelle, que j’incarne ».
Convenons-en au passage, dans l’expression d’une farouche volonté d’en finir avec le PS, le propos n’est pas si malveillant que cela envers Emmanuel Macron. » L’orientation gouvernementale amplifiée », cela doit signifier, d’un point de vue de stricte observance mélenchoniste, que l’ancien ministre de l’Economie continuera de privilégier le réformisme avant la révolution, la réalité avant le rêve, la compétence avant la grandiloquence. Comme si le candidat Mélenchon, pour s’assurer que le Parti socialiste honni se dirige droit vers l’abîme, invitait ceux de ses électeurs parmi les plus réformistes, les plus tempérés, les plus tièdes, à voter Emmanuel Macron sans attendre. Le côté cocasse de l’affaire étant qu’il finisse par être entendu.
Qui peut prétendre au leadership traditionnel?
Allons plus loin. Mélenchon pointe l’incroyable renversement politique qui est, peut-être, en train de s’opérer sans que la machine médiatique, qui s’efforce de raconter aujourd’hui le roman de la Primaire de la Belle alliance populaire, n’en rende compte dans sa vérité. La légitimité des candidatures est en train de changer de camp. Le candidat futur du Parti socialiste, celui qui sortira vainqueur au soir du 29 janvier, ne sera peut-être pas en position de prétendre au leadership traditionnel de la gauche, parce qu’il est socialiste, candidat du Parti socialiste, désigné par les socialistes.
Le temps de l’hégémonie du PS sorti d’Epinay (1971) est très probablement en train de s’achever. Mélenchon est comme tout le monde. Il le sent. Il le sait. Il le voit que cela parce qu’il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Il ne lui reste plus qu’à le proclamer, de façon à en imprégner la sphère publique. Le Parti socialiste est mort, il ne reste plus qu’à l’enterrer. Le Parti socialiste est délégitimé. Une preuve? L’un des trois débats de la Primaire, celui prévu sur Itélé et BFMTV-RMC, le 15 janvier, aura lieu un dimanche à 18 heures. Même pas en prime time. Alors que tous les débats de la Primaire de la Droite et du centre ont eu droit au Prime time. Et les socialistes ont accepté cette petite humiliation. Incapables qu’ils sont aujourd’hui d’imposer un rapport de force au système.
Dans ce contexte, les efforts des responsables socialistes destinés à entretenir l’idée que la Primaire de la BAP marquera l’attachement du peuple de gauche au candidat du PS, renouvellement de légitimité à l’appui porté par la participation de millions d’électeurs, ces efforts relèvent de la vanité. L’électorat n’en est plus là, qui a tiré les leçons du quinquennat, vu Manuel Valls à l’œuvre, contemplé la façon dont François Hollande s’est empêché tout en étant empêché, constaté l’inconséquence des Frondeurs, les errements des écologistes et fini par tirer les leçons des incohérences affichées durant tout ce temps par des socialistes qui, au fond, n’ont plus grand-chose à faire ensemble, si ce n’est préserver un cartel électoral assurant aux uns et aux autres places et privilèges.
Les accents de la défaite de 2002
Il faut reconnaître au Premier secrétaire du PS en coma dépassé, Jean-Christophe Cambadélis, une certaine forme d’opiniâtreté à tenter de défendre sa légitimité à porter seul, à travers son candidat futur, les espoirs présidentiels de la gauche. Ce jeudi, sur Europe 1, le premier des socialistes a encore visé Macron, la bulle médiatique qui devait se dégonfler en quelques jours, il y a quatre mois de cela, alignant des éléments de langage sans paraître comprendre qu’en vérité, ils peuvent lui être renvoyés à la figure, tels d’impitoyables boomerang.
Cambadélis dit: » Lui qui caracole à 15% et bat l’ensemble des candidats socialistes à cette étape, pourquoi n’est-il pas venu à la primaire? Il en a peur? Il a peur du vote des citoyens? C’est ça que je lui reproche ». Non justement, Macron n’en a pas peur puisque comme Mélenchon, il va directement se présenter au premier tour.
Cambadélis dit encore: « Ça fait un an qu’il est en campagne, six mois qu’il est déclaré et il ne fait que 15%, pas 25″… Certes mais aucun candidat du PS ne fait 15% aujourd’hui. Pourquoi Macron devrait-il se retirer lui, aujourd’hui, alors que pas un socialiste ne fait mieux, même pas Manuel Valls? Et que Mélenchon lui-même est également devant le candidat socialiste.
Cambadélis dit enfin: « Il s’est dérobé à un débat démocratique », encore une fois non, puisque Macron débat devant les Français, comme Mélenchon.
Les socialistes renouent (déjà) avec les accents de la défaite Jospin 2002. Ce n’est pas nous qui avons un mauvais candidat, choisi entre des mauvais candidats, ce sont les autres qui nous font perdre. Macron est le nouveau Chevènement, Mélenchon le nouveau Mamère. Sauf qu’il apparaît que les électeurs de gauche et de progrès sont entrés, au terme du quinquennat Hollande, en un temps où le PS paraît avoir fait son temps à leurs yeux. D’où l’incroyable renversement de présomption de légitimité électorale, que Mélenchon pointe avec justesse, car ce débat va devenir crucial dans les semaines qui viennent: ce n’est plus le PS qui est handicapé par des candidatures parasites à l’élection présidentielle, c’est le PS qui est en passe de présenter une candidature parasite pour le camp du progrès, entre celles de Mélenchon et Macron.
Le PS joue sa survie
L’ontologie de la Ve République est impitoyable. Un parti qui se prétend de gouvernement qui n’est pas capable de proposer des présidentiables crédibles est nécessairement menacé de mort. Or, confrontés que nous sommes à la Présidentielle qui approche à grand pas, chaque jour qui défile montre un PS sans candidat capable, non seulement de l’emporter, mais en outre doté des qualités politiques permettant au moins de préserver l’essentiel, soit une présence au second tour de l’élection. Ni Montebourg, ni Peillon, ni Hamon, ni même Valls n’apparaissent comme susceptibles de barrer la route à Marine Le Pen, ce qui n’est pourtant pas, a priori, le plus difficile. Quant à battre François Fillon, c’est mission impossible, malgré les faiblesses évidentes de ce candidat, conçu pour affronter un François Hollande… qui n’est plus là…
Le PS en est là. A jouer sa survie alors qu’il est dans l’incapacité de produire de futurs présidents de la République. A se voir accusé d’organiser une Primaire finalement inutile et dangereuse.
Le débat que lance aujourd’hui Mélenchon sera le grand débat des semaines à venir, jusqu’à la fin du mois de mars, quand viendra le temps de déposer les candidatures auprès du Conseil constitutionnel. Si le candidat désigné au soir du 29 janvier demeure le troisième du classement au début du printemps, fut-il Manuel Valls, le débat portera nécessairement sur l’opportunité de maintenir une candidature devenue parasite. Comme le disait François Hollande, lors de la présentation de ses derniers vœux aux Français, s’adressant alors surtout à ceux de la gauche : « C’est vous qui aurez le dernier mot ». Dont acte. Pour le moment (et nous disons bien, pour le moment) le dernier mot adressé au PS en mal de candidat, c’est plutôt « stop » que « encore ».
Bruno Roger-Petit
Deux jacobins étatistes, l’un énarque (peu importe qu’il soit de gauche ou de droite) et l’autre communiste. Ça c’est du neuf, du nouveau ! L’avenir de la France est en marche…
Le communisme une « tradition de l’humanisme émancipateur »… ça c’est de la novlangue camarade !
Mélanchonnade,
Jean-Luc vieux compagnon,
du trotskysme le fanion,
tu fus à la JS le fanion,
dans une ville comme Besançon.
Ton parcours fut compromission,
quand socialiste, tu devins par raison,
et entras jeune au sénat par quelque élection,
et pris le goût de la commission.
Ton parcours finit en rémission
quand tu acceptas le poste à l’éducation.
Hostile à l’Europe, tu renies ta confession,
car au parlement ,tu es dans ta démission.
Ce n’est pas ton « ami » de circonstance Huchon,
qui inventa ton surnom de « méchant con »,
mais nous à la fac de Besançon,
qui devinions en toi un égo « sur-dimension ».