Le prodige des télécoms français centralise en Suisse les fonctions vitales de son groupe Altice. Les filiales devront verser quelque 500 millions par an au quartier général pour rémunérer ses services
Ce mouvement coïncide avec un nouveau système de tarification interne qui devrait rapporter 500 millions d’euros par an au siège du groupe.
Avant 2014, Altice n’employait que quatre personnes à Genève. Ils sont près de 40 aujourd’hui, a indiqué le groupe au Temps.
Dans le décor spartiate de leurs bureaux vitrés, à Rive, évoluent toutes les têtes pensantes de l’empire Altice: l’ancien banquier d’affaires Dexter Goei, Américain en baskets qui a développé son modèle de financement agressif; le directeur Michel Combes, ancien patron d’Alcatel où il avait taillé dans les effectifs; ou encore Burkhard Koep, ex-Morgan Stanley chargé des fusions-acquisitions.
Equipe de poche
Les fonctions désormais centralisées à Genève vont des ressources humaines aux achats en passant par la fiscalité, les services juridiques, le développement de l’«expérience client», les relations avec les investisseurs et le secrétariat général.
«L’équipe réunit des spécialistes des technologies, des ingénieurs, des marketeurs, des avocats, des banquiers… Ils se sont installés à Genève avec leurs familles, venant de Londres, New York, Paris, Tel Aviv ou Lisbonne», précise Altice.
Mais l’effectif basé en Suisse reste minuscule pour un groupe passé en quelques années de 6000 à 60 000 employés, répartis pour l’essentiel entre la France, Israël, le Portugal, les Etats-Unis et la République Dominicaine.
Le fonctionnement de son siège genevois est longtemps resté un mystère. Comment cette équipe de poche peut-elle diriger un géant du câble, de la téléphonie et des médias basé sur quatre continents? «Notre état d’esprit est celui de notre fondateur actionnaire, familial, entrepreneurial et innovant. Nous sommes une start-up industrielle», explique un porte-parole d’Altice.
En d’autres termes: le fonctionnement reste centralisé, ce sont l’entrepreneur et sa garde rapprochée qui décident.
Economies et endettement
Le pilotage des filiales de chaque pays se fait par visioconférence. Et les cadres genevois voyagent beaucoup: deux tiers d’entre eux sont à l’étranger au moins deux jours par semaine. L’équipe dirigeante se retrouve à Genève les lundis, mardis et vendredis. Le plus souvent absent est Patrick Drahi lui-même: le milliardaire mène l’essentiel de ses affaires depuis Zermatt, où il possède plusieurs chalets.
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