Ces événements qui ont bouleversé la carte du tourisme

En dix ans, la physionomie du tourisme français hors de l’Hexagone s’est profondément transformée sous l’impact du printemps arabe, de la crise des migrants ou du terrorisme.tourisme_francais

Il y a dix ans, la Tunisie était « la » destination préférée des Français à l’étranger. La « révolution de jasmin », engagée fin 2010, et les troubles politiques qui ont suivi, puis la vague d’attentats terroristes dont a été victime le pays, l’ont fait dégringoler dans le classement établi par le Seto, le syndicat des tour-opérateurs, sur la base des ventes de voyages à forfait. En 2014, la Tunisie avait déjà reculé à la quatrième place. Après l’attaque du musée du Bardo en 2015, suivie d’un attentat sur une plage à Sousse, elle a chuté à la neuvième place, avant de sortir du Top 10 en 2016. « Le monde a sacrément changé durant cette décennie, qui a entremêlé crise économique, incidents climatiques et événements géopolitiques […], note René-Marc Chikli, le président du Seto. Parmi eux, le printemps arabe est celui qui a le plus marqué la profession du voyage. »

A l’image de la Tunisie, l’Egypte a connu une désaffection croissante. Manifestations sur la place Tahrir, au Caire, à l’hiver 2011, puis démission de l’indéboulonnable président égyptien Hosni Moubarak, départ en 2013 de son successeur, Mohamed Morsi, renversé par un coup d’Etat de l’armée, multiplication des attaques terroristes… L’Egypte, troisième du classement de 2007 à 2010, est sortie dès 2011 de la liste des dix destinations préférées des Français.

Le Maroc, deuxième destination touristique la plus prisée il y a dix ans, a un peu mieux résisté, malgré l’attentat à la bombe à Marrakech en 2011. Il occupe désormais la sixième place.

Autre grande perdante de cette décennie touristique : la Turquie. Après avoir profité, dans un premier temps, du désamour des Français pour les destinations du Maghreb, la Turquie a renvoyé l’image d’un pays instable : des manifestations monstres, au printemps 2013, sévèrement réprimées par la police, à la tentative de coup d’Etat, à l’été 2016, contre le régime du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, suivie d’une purge au sein de l’armée, de la magistrature et des médias. La Turquie est aussi associée au drame de la guerre en Syrie d’où affluent les réfugiés. Le pays, enfin, est frappé de plein fouet par le terrorisme visant en particulier des lieux très touristiques (la Mosquée bleue puis l’aéroport Atatürk à Istanbul cette année).

Un besoin de sécurité

Tandis que la Tunisie, l’Egypte ou la Turquie étaient désertées, les tour-opérateurs ont dû trouver des destinations de substitution. « Avant 2010, 85 % du chiffre d’affaires de Marmara était concentré sur quatre destinations : la Tunisie, le Maroc, la Turquie et l’Egypte, témoigne Pascal de Izaguire, PDG de TUI France. Aujourd’hui, ces pays ne représentent plus que 15 % de l’offre globale, et encore l’Egypte a complètement disparu du catalogue depuis 2013 tandis que la Tunisie n’est plus proposée l’hiver depuis 2015. Désormais, 85 % de l’offre est concentrée sur des destinations européennes : Espagne, Grèce, Italie, Portugal, Croatie. » Des destinations balnéaires… et où la clientèle française se sent en sécurité.

L’Espagne a connu une montée en flèche, et s’impose désormais, selon le Seto, comme le premier pays visité par les Français à l’étranger, les îles Canaries étant les plus prisées.

Faute de possibilités d’hébergements supplémentaires suffisants, l’Italie continentale a moins bénéficié de cet effet report, mais la Sicile et la Sardaigne ont le vent en poupe.

La Grèce continentale, quant à elle, confirme son retour en grâce après avoir pâti de la débâcle financière du pays. Quant aux îles grecques, elles sont la deuxième zone de séjour des Français à l’étranger après les Canaries, et ce malgré la crise des migrants.

La « réduction du portefeuille de destinations pose problème aux tour-opérateurs, note toutefois Pascal de Izaguire. Une destination comme l’Espagne est aujourd’hui saturée. » Le Portugal en profite. Il fait son entrée dans le Top 10, à la huitième place. Mais là encore, les capacités ne sont pas infinies.

Source lesechos

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*